Journée Colette - 17 avril 2023 - Ateliers Sido et Les Vrilles de la vigne de Colette - La célébration du monde

, par BERNOLLE Marie-Anne, Chargée de mission pour l’Inspection de Lettres

Dans le cadre du renouvellement des œuvres au programme de 1ère pour les EAF, est concerné à la rentrée 2022 l’objet d’étude « Le roman et le récit du Moyen Age au XXIe siècle ». L’inspection de Lettres de l’académie de Versailles organise, comme tous les ans, une série de trois conférences consacrées aux œuvres entrantes.
 Journée Balzac 21 novembre 2022 : La Peau de chagrin et Mémoires de deux jeunes mariées de Balzac
Compte-rendu de la journée
 Journée Manon Lescaut 23 janvier 2023 : Manon Lescaut de l’Abbé Prévost
La conférence de M. Erik Leborgne « L’idéologie romanesque selon Prévost »
Les ateliers
 Journée Colette 17 avril 2023 : Sido suivi de Les vrilles de la vigne
La conférence à deux voix : Martine Charreyre et Corentin Zurlo-Truche

Colette Les Vrilles de la Vigne et Sido
Parcours associé : « La célébration du monde »

Deux ateliers ont suivi la conférence du matin, proposée à deux voix par Martine Charreyre, vice-présidente de la Société des amis de Colette, et Corentin Zurlo-Truche, docteur ès lettres, auteur d’une thèse sur Colette : « Sido et Les Vrilles de la vigne de Colette : de la naissance du texte à l’avènement du monde ».

Atelier 1 - La célébration du monde

Comment l’envisager comme un principe d’unité des deux œuvres ? Quelles démarches pour la faire saisir ?

Formatrice - Leïla Platz / Rapporteur - Céline Calmet

Ce premier atelier tend à se confronter à la difficulté qu’il y a à faire percevoir aux élèves la continuité entre les deux œuvres et la manière dont elles se nourrissent l’une l’autre.

Temps 1 - Un ensemble qui pose question

L’unité entre les deux œuvres et au sein des deux œuvres : un ensemble qui pose question.

L’atelier débute par un temps d’échange autour de ces questions :

  • Comment la vision du monde se complète-t-elle et se répond-elle dans les deux œuvres ?
  • Quels types de célébration proposent ces œuvres et quels moments de la vie de Colette sont célébrés ?

Deux façons d’aborder l’œuvre avec les élèves sont proposées :

  • La première consiste à suivre l’ordre des éditions et des programmes, Sido et ensuite Les Vrilles de la Vigne, ce qui permet à la fois d’aller du plus simple au plus complexe et de respecter l’ordre chronologique des événements ;
  • La seconde propose de suivre l’ordre dans lequel elles ont été écrites, Les Vrilles de la Vigne, puis Sido, afin d’observer l’évolution du style de Colette et le fait que la perception de l’enfance n’est pas la même en 1908 et en 1930.

On s’interroge ensuite sur la manière dont on peut travailler sur les titres des œuvres avec les élèves afin de dégager des unités de sens et saisir là l’occasion de faire les rappels nécessaires.
Consulter la fiche reprenant l’ensemble des titres

Temps 2 - Célébrer le monde, le dire pour en percevoir l’universalité

Quelles compétences cette activité permet-elle de développer ? Comment fait-elle travailler la célébration du monde ?

L’écriture de Colette fusionne les différents règnes dans une forme d’épiphanie, qui obéit à un double mouvement : les différents règnes sont personnifiés, alors que les humains sont comparés à des animaux ou même des végétaux. Il paraît indispensable d’aider les élèves à entrer dans l’univers poétique de Colette, à se laisser porter par les images et en pénétrer le pouvoir suggestif, à mieux appréhender la célébration du langage qui se fait jour sous la plume de Colette, à mieux goûter le plaisir du mot et le plaisir de l’image insolite.

On peut proposer aux élèves l’expérience d’une activité sur le lexique pour appréhender le style de Colette et la manière dont son écriture célèbre les différents règnes (animal, végétal, minéral, humain).

CORPUS 1 - Activité lexique
l’arrête-bœuf
les bâtons-de-Saint-Jacques
le lychénée
les angoras
une digitale
le coqueret-alkékenge
la Religieuse
le chevalier Piedrouge
les bignoniers pourpres
un juko-biloba
la havanaise
la bondrée planante
les bolducs roses
la criste-marine
les serins verts
une chrysalide de paon de nuit
Activité de lexique
Choisissez trois mots parmi cette liste de mots tirés de Sido et des Vrilles de la Vigne :
 Que suggèrent-ils pour vous ?
 À quel règne vous semblent-ils appartenir (règne végétal, animal, minéral) ?
Vous pouvez vous appuyer sur les sons, les connotations...
Écrivez une ou deux phrases en fonction du sens que vous leur donnez.

Les réactions des élèves montrent la difficulté qu’ils ont, dans un premier temps, à se laisser porter par leur imagination ; en est la preuve leur volonté de trouver tout de suite le sens du mot. Dans un second temps, leur capacité à se laisser porter par le pouvoir suggestif du langage se développe et ils réussissent à jouer avec les mots.

L’activité peut se prêter à différentes exploitations :

  • un travail sur la langue à partir de l’éclosion et de la notion grammaticale d’expansion du nom
  • le jeu du dictionnaire, qui consiste à inventer des définitions.

Le texte proposé en écho permet un retour sur l’activité initiale puisqu’il met en scène la Colette de 8 ans, quand elle invente le sens du mot « presbytère ».

Temps 3 - Célébrer le monde de l’enfance

Quelles démarches pour faire percevoir la manière dont Colette célèbre le monde de l’enfance ? Comment travailler sur les mécanismes du souvenir par l’appropriation ?

Ce troisième temps propose de réfléchir aux activités d’appropriation possibles pour appréhender la manière dont Colette célèbre le monde de l’enfance.

CORPUS 2 - Mécanismes du souvenir

Le corpus sur l’enfance a été le point de départ d’une réflexion sur les mécanismes du souvenir et la manière dont l’écriture de Colette, par la place accordée aux sensations, célèbre le monde de l’enfance.

À partir de ce même corpus, sont proposées différentes activités d’appropriation qui doivent permettre de mieux saisir les spécificités de l’écriture de Colette. Elles ont pour vocation, à la fois de proposer des apports complémentaires pour la dissertation, à la fois de fournir matière pour la présentation de l’œuvre à l’entretien :

  • procéder à la théâtralisation d’un des extraits proposés ;
  • faire le récit d’un souvenir en le reliant à une sensation ;
  • retranscrire un souvenir raconté par une personne âgée ;
  • mettre en voix des textes ;
  • écrire un texte à la manière de Colette évoquant un souvenir d’enfance ;
  • écrire un texte hommage à un proche.

L’activité se clôt sur la proposition d’une production finale : faire créer un texte interactif qui célébrera le monde de l’enfance.
Le projet doit permettre à l’élève, ce faisant, de percevoir les différentes dimensions de l’écriture de Colette.

PRÉSENTATION DU PROJET

Objectif
Vous créerez une image originale à partir d’un texte de Colette qui vous aura particulièrement plu. Votre image interactive proposera une célébration sensorielle du monde à la manière de Colette.

Consignes
Pour créer un texte interactif sur un extrait de Sido ou Les Vrilles de la Vigne
 Choisir un extrait de Sido ou des Vrilles de la Vigne
 Associer à cet extrait une image
 Associer à cet extrait une musique
 Rédiger, à la manière de Colette, un souvenir d’enfance ou une description sensorielle
 Lire le texte de Colette et l’intégrer à votre image interactive

EXEMPLE DE PRODUCTION



Atelier 2 - Comprendre l’univers de référence

Comment rendre familier l’univers de référence des deux œuvres ? Quels éclairages proposer aux élèves ?

Formatrice - Christel Pommier-Morand / Rapporteur - Laurent Bernal

Pour introduire

Qu’est-ce qu’un univers de référence ? Quel est l’intérêt de l’univers de référence dans les œuvres de Colette au programme ?

L’atelier s’ouvre par un temps d’échange, à l’oral, visant à définir la notion d’ « univers de référence » et à caractériser celui de Sido et des Vrilles de la vigne. Ces deux œuvres contiennent en effet des références multiples qui caractérisent, d’une part, l’univers propre de l’autrice, et d’autre part, les réalités de l’époque dans laquelle ces œuvres prennent leur ancrage.

Parmi les composantes de l’univers de référence des deux œuvres au programme, peuvent être retenus :

  • la famille de Colette et les éléments biographiques ou « biographèmes »,
  • les lieux,
  • la nature, l’animal et le végétal,
  • les codes sociaux des Années folles et le monde du spectacle,
  • Les parlures des personnages.

Colette est « collectionneuse de mots »  : son écriture suscite une attention particulière à l’égard des réalités auxquelles elle renvoie, mais aussi à l’égard des termes qui désignent ces réalités, appelant ainsi une lecture sensible.

On voit comment l’accès à l’univers de référence des œuvres au programme constitue à la fois un obstacle et un levier pour la lecture.

Temps 1- Quel(s) « univers de référence » dans Sido et Les Vrilles de la vigne ?

De quelles connaissances, de quelles représentations mentales, les élèves auront-ils besoin pour comprendre les extraits suivants et ainsi entrer dans la lecture des deux œuvres ? Quelles activités prévoir pour les développer ?

Quatre extraits de Sido et des Vrilles de la vigne sont distribués. La consigne est d’en choisir un et d’évaluer les besoins des élèves pour lire ces textes en autonomie.

Télécharger le corpus au format pdf

Des besoins différents émergent selon les extraits.

  • Les images de Paris, la dimension exotique de la momie, du musée ; les magasins ; les étoffes.
  • Imaginer l’absence de porosité entre Paris et la Province : l’absence d’accès aux ressources de Paris.
  • Les références aux colonies : denrées exotiques, etc. (prolongement possible plutôt qu’obstacle ?)
  • Le lexique de la botanique, le jardin.
  • Le religieux, l’expression de l’athéisme.
  • La famille de Colette.
  • Les liens avec la vie de Colette et de « lui ».
  • La pantomime, la comédie, « les dames qui vivent de leur charme » : l’appartement du Palais-Royal dans un ancien immeuble de prostituées (Colette a abattu des cloisons pour faire entrer de la lumière à cause de la petite dimension des fenêtres).
  • Le vocabulaire du music-hall (« revue », …).
  • La vie de Bohême : le déclassement social de Colette.
  • Les indices spatiaux : la baignoire, l’avant-scène, …

Cette activité exploratoire fait apparaître la diversité des éléments de contextualisation qu’appellent les œuvres de Colette, mais aussi la spécificité des univers de référence dans chacun des extraits choisis. La constitution d’un univers de référence pour servir de soutien à une lecture autonome des œuvres peut ainsi accompagner des chemins de lecture divers à travers l’œuvre.

Dès lors, quelles ressources, quelle documentation interroger pour aider les élèves à construire l’univers de référence ? Comment les aider à créer des inférences ? Comment faire pour que les références créées soient de nouveau mobilisées ? Quand le construire ?

Un temps de discussion fait ressortir les points suivants :

  • La lecture littéraire pourra s’accompagner de lectures documentaires et de la consultation d’une iconographie, notamment des livres de botanique.
  • Les inférences seront facilitées en partant de ce que les élèves connaissent déjà.
  • Permettre aux élèves de construire leurs représentations au gré de recherches documentaires facilitera la mémorisation des ressources mobilisées.
  • La lecture de l’œuvre n’est pas nécessairement préalable à la constitution de l’univers de référence : celui-ci peut être construit au gré d’un parcours de lecture. La lecture de l’œuvre peut du reste ne pas être linéaire. L’entrée dans l’œuvre peut au contraire se faire « par le milieu », puis, à l’envi, suivant des parcours thématiques.

Temps 2 - Pour rendre l’univers de référence de Colette familier

Exemple d’une activité menée en classe pour proposer aux élèves un éclairage

Comment ouvrir une voie d’accès à l’univers de référence de Sido et des Vrilles de la vigne ? Comment conduire les élèves à former des images de cet univers ?

PRÉSENTATION DU PROJET
Contexte : l’activité a été conduite avec une classe de 1ère technologique (STI2D).
Modalités : en demi-groupe, au CDI.
Objectif : réaliser un document collectif, sorte de portfolio, associant textes et photographies.
Ce document est construit avec les élèves en amont de la lecture des deux œuvres. Il est ensuite déposé sur un pad du lycée et accessible aux classes qui étudient les deux œuvres de Colette.
Étape 1 - Activité sur la biographie de Colette

Une première étape consiste à faire relever dans la biographie de Colette les éléments essentiels à la compréhension des deux œuvres.
On pourra notamment utiliser la biographie de Colette proposée sur le site de la Société des amis de Colette.

PRÉSENTATION DE L’ACTIVITÉ

Objectif
Relever dans la biographie les biographèmes essentiels à la compréhension des deux œuvres.

Consigne
Faites une recherche sur la biographie de Colette en répondant aux questions suivantes :

  1. Quelle place la famille de Colette occupe-t-elle dans sa vie ?
  2. En quoi Colette est-elle une femme libre ?
  3. Qu’est-ce qui, dans l’œuvre de Colette, montre que Saint-Sauveur-en-Puisaye est son territoire ?
  4. La place de Paris dans la vie de Colette ?
  5. Quelle est la place des animaux dans la vie de Colette ? Donnez des exemples.
Étape 2 - Activité sur documents, photos et textes

Une deuxième étape consiste à faire légender par les élèves des documents iconographiques et des extraits des œuvres au programme. Chaque demi-groupe prend en charge un type de support.

TRAVAIL À PARTIR DES PHOTOGRAPHIES
Un ensemble de photographies est proposé, représentant Colette, les membres de sa famille et les lieux emblématiques de Sido ou des Vrilles de la vigne.
L’ensemble des photographies provient du dossier iconographique mis à disposition des professeurs par la Société des Amis de Colette sur le site de l’association. Les images sont téléchargeables en résolution HD.

PRÉSENTATION DE L’ACTIVITÉ
Objectif
S’approprier les données biographiques de Colette pour construire son univers de référence.
Consigne
Rédiger une notice pour chaque photographie ou ensemble de photographies, en s’appuyant sur les données biographiques constituées pendant l’étape 1.
Modalités
Les élèves sont répartis en 5 groupes, chacun travaillant sur une des thématiques suivantes :
  1. La famille de Colette
  2. Le monde du spectacle
  3. La vie urbaine, la ville de Paris
  4. Saint-Sauveur-en-Puisaye
  5. Colette et les animaux

TRAVAIL À PARTIR DES TEXTES
Les élèves du second groupe se voient proposer deux extraits, l’un de Sido (p.39) et l’autre des Vrilles de la vigne (p.215).

Temps 2 - CORPUS de textes
PRÉSENTATION DE L’ACTIVITÉ

Objectif
Appareiller les textes

Consigne
Pour l’extrait que vous avez en charge :
 rédiger un chapeau qui contextualise le passage,
 proposer des notes de bas de page permettant d’éclairer le sens du texte.

Temps 3 - Approcher l’univers de référence : propositions de corpus

PRÉSENTATION DE l’ATELIER
Les participants à l’atelier se voient proposer des supports auxquels est associée une modalité d’approche spécifique de l’univers de référence.
Le travail préparatoire se fait en petits groupes.

Consignes
1- Vous formulerez une proposition d’activité à partir de l’approche de l’univers de référence associée à votre corpus.
2- Puis vous interrogerez l’efficacité de cette approche :
> en En formulant l’éclairage qu’elle permet,
> en repérant les zones d’ombre qu’elle laisse.
3- Le groupe se choisit un rapporteur pour le temps de restitution et de synthèse

1- Approche par des biographèmes

SUPPORT
« Le miroir »

ACTIVITÉS

  • En amont : un travail aura été conduit sur les références à Willy.
  • Activité 1 : demander de surligner dans les textes :
    a) Ce qui fait explicitement référence à Colette.
    b) Les références brouillées.
  • Activité 2 : demander de mettre en voix différents passages biographiques.
    La mise en voix permettra d’interroger les instances énonciatives : pourquoi cette mise en scène des différentes instances dans l’écriture ?
    La mise en voix fera ressortir les passages confus, les références brouillées (majoritaires). Les références à Claudine font partie de ces références.

Limites de l’approche par la biographie :

  • Mettre en voix éloigne temporairement de l’analyse de l’écriture, mais reconduit vers le texte lui-même.
  • Le biographique permet de travailler le concret, le matériel, cependant cette approche met à distance l’allégorique, le symbolique.
  • L’approche biographique met de côté la question du genre littéraire et la difficulté de sa définition : l’écriture de Colette perdrait à être définie comme une autobiographie. Une réflexion peut cependant être engagée, dans un second temps, sur le genre de l’autofiction (avant l’heure).
2- Approche par un herbier

SUPPORT

ACTIVITÉS
Trois ébauches d’activités ont été conçues.

  • Activité 1 : Imaginer, dessiner les fleurs évoquées dans des extraits courts très sélectionnés. Les noms de fleurs sont des mots délibérément opaques : au lieu d’aller vers la référence, le travail portera sur l’évocation et mettra en évidence la dimension poétique et musicale de l’écriture.
  • Activités 2 : Élaborer une taxinomie à partir d’une répartition du texte par groupes. Les noms de plantes seront intégrés à une image sur 1 Padlet pour que l’ensemble de la classe ait accès, après la réalisation de l’activité, à l’ensemble de l’herbier.
  • Activités 3 : Rédiger la célébration d’une plante : choisir sa plante préférée et écrire sa célébration à la manière de Colette.

Limites de l’approche par un herbier :

  • Il est parfois difficile d’anticiper sur ce que les élèves savent et ignorent. Exemple du mot « rossignol », inconnu dans certaines classes.
  • À trop référencer, on oublie que certains textes n’appellent pas nécessairement une référence. L’activité sur la poésie des noms a pour but de pallier cette difficulté.
  • Le titre du parcours, « La célébration du monde » : l’herbier limite le monde à la nature végétale.
  • Activité chronophage = nécessité de limiter le temps qui lui est imparti.

Cette approche complète la proposition faite par la formatrice au temps 2. Elle fait ressortir la symbolique de la fleur [1] . Liens possibles avec les arts plastiques.

3- Approche par des extraits de Sido et des Vrilles de la vigne

SUPPORT
Corpus : Sido, « Le Capitaine », « Music-Hall », « Belles-de-jour »

ACTIVITÉS
Propositions d’activités sur le thème de l’animal :

  • Choisir une photo de Colette qui paraît la plus représentative d’un extrait choisi dans l’œuvre.
  • Légender la photo en utilisant des mots saisis dans l’extrait.
  • Une explication linéaire de l’extrait sur le merle aura été menée en classe. Elle donne lieu, en prolongement, à un écrit d’appropriation :
    Chaque élève choisit un animal de son quotidien, le défait de son utilité propre et le célèbre pour ce qu’il est (cf. l’épouvantail dépossédé de son utilité).
  • Relever différents animaux dans des œuvres lues en lecture cursive ; consulter un bestiaire ; choisir un animal chez Colette et décrire la façon dont il apparaît.
4- Approche par un corpus d’extraits d’autres œuvres

SUPPORT
Corpus : C. Huzinger, J.-M. Le Clézio, Fabre, Monet

ACTIVITÉ

  • Commencer par une approche du tableau de Monet :
    Faire observer le tableau : voir ce qui ressort de cette représentation du monde et situer l’esthétique de Colette dans le sillage de l’impressionnisme.
  • Faire comparer le tableau avec un extrait d’une des deux œuvres de Colette. Il en ressortira que la célébration du monde porte à la fois sur les couleurs et les sons.
  • Questionnement : pourquoi écrire des textes si on peut les peindre ?
    Cette question engage un travail sur la matière du langage : les allitérations et les assonances ; l’effusion lyrique et la déstructuration de la phrase ; les textures, les odeurs, les formes que le texte sollicite et que le tableau ne convoque pas.
  • Faire rechercher des extraits, dans les deux œuvres de Colette, qui fassent écho aux textes du corpus. Cette recherche interrogera le regard à vue d’enfant sur la chenille ou l’araignée. [2]. Cette recherche d’extrait pourra puiser dans des souvenirs de lecture, entraînant une circulation dans l’œuvre à travers sa mémorisation.
  • Faire chercher des images ou des ressources externes (ex : l’araignée de Louise Bourgeois).
  • Au titre de conclusion ou de prolongement, le texte de Le Clézio prête à discussion ; discuter ses propos sur Colette avec les élèves est une manière de préparer à la dissertation.

POUR CONCLURE
L’univers référentiel des œuvres de Colette au programme est déconcertant par sa diversité. Mais plutôt qu’un obstacle, cette diversité ouvre des voies d’entrées multiples dans l’œuvre.
S’intéresser aux réalités évoquées dans les œuvres ouvre leur sens sur un monde probablement méconnu par les élèves, dont l’exploration conduit à développer des compétences de lecture diverses en vue d’une approche autonome de l’œuvre.
L’entrée dans le texte gagnera ainsi à mobiliser des ressources documentaires et iconographiques qui permettront de situer, d’imager et en définitive d’imaginer l’univers de référence des œuvres. Les activités proposées, à la découverte de cet univers de référence, invitent les élèves à opérer une sélection, à mettre en relation des extraits des deux œuvres, à mettre en relation le texte de Colette avec d’autres textes et d’autres auteurs, pour mieux circuler dans les œuvres, et à travailler sur la représentation iconographique du monde pour mieux interroger le langage et sa puissance de suggestion sous la plume de Colette.

Retour sur la journée

Pourquoi proposer ces œuvres aux élèves ?

  • Fuir les écueils de la paraphrase, du résumé. On ne peut pas tricher avec cette œuvre : les élèves sont obligés de s’attacher à l’écriture.
  • Entrer dans la saveur de la langue. Se frotter à une écriture singulière.
  • S’éveiller à la beauté du monde. On ne regarde plus les choses, le monde, le vivant de la même manière. Une littérature qui dit la beauté du monde, même à travers la douleur.
  • Cas où l’œuvre et la vie sont nécessairement liées. Rencontrer Colette, c’est rencontrer une femme libre. Les liens avec la biographie sont indispensables.
  • Faire de l’histoire littéraire sans s’enfermer dans le carcan des mouvements : La Belle Époque est un angle mort de la formation des élèves.
  • Lectures échos possibles : La Plus que vive de C. Bobin ; Lambeaux de Charles Juliet, L’opoponax de Monique Wittig.

Quels aspects de la conférence ont-ils retenu votre attention ?

  • La richesse de l’exemplier, notamment les commentaires de Colette sur sa propre production, pour inspirer la réflexion critique sur l’œuvre.
  • La richesse du rapport à la nature : la célébration du monde accorde une place à la mort, à la sauvagerie.
  • La variété et la précision des points d’entrée possibles.

Quelles exploitations pédagogiques la journée vous permet-elle d’envisager ?

  • L’intérêt d’une visite de la Maison de Colette à Saint-Sauveur-en Puisaye (en compagnie d’un écrivain qui anime un atelier d’écriture – cf. CNL)
  • Les idées d’activités émises lors des ateliers :
     herbier (numérique cf. Gallica),
     pouvoir d’évocation du nom des fleurs pour les imaginer sans les connaître,
     faire écrire à la manière de Colette une description célébrant une plante, un jardin, etc.
     travail sur le lexique (mots rares, terminologie botanique, etc) présenté hors contexte pour éveiller le goût du mot et sensibiliser à la saveur du style
     écrits d’appropriation comme clé pour entrer dans l’œuvre (récits d’enfance, anecdotes)
     association d’images avec des passages du textes, en y intégrant un univers sonore

Voir en ligne : Ressources pour faire lire Colette

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