Atelier 1 - De l’œuvre aux poèmes
Atelier animé par Céline Calmet. Rapporteur Ingrid Mary
Le premier atelier a retenu comme questionnement : comment favoriser la rencontre personnelle d’une œuvre poétique singulière ?
Mes forêts semblent l’œuvre la plus accessible du programme : longueur, lexique, thèmes abordés. De fait, la simplicité et la brièveté sont des choix poétiques. Mais, constituent-ils un levier ou bien un leurre ? Comment appréhender et faire appréhender l’œuvre en tant qu’unité, et dans sa singularité ?
Si l’absence de ressources et de traditions universitaires, qui permettraient de percer les énigmes du texte et d’être assurés de son interprétation, peut de prime abord déstabilise, la lecture et l’étude de Mes forêts constituent de ce fait une occasion unique d’autoriser les élèves, et de s’autoriser soi-même, à entrer dans une œuvre et à l’interpréter dans une rapport personnel et authentique à l’œuvre.
L’atelier s’est organisé autour de trois temps forts :
- A- Écrire pour lire - Comment lancer la lecture de l’œuvre intégrale ?
ACTIVITÉ : à partir de la table des matières, des titres de « L’écorce incertaine » et des épigraphes, quelles activités d’écriture pourriez-vous proposer aux élèves pour approcher l’œuvre et les poèmes, et envisager la lecture de Mes forêts comme un cheminement ? - B- Lire pour écrire - Le parcours comme entrée dans l’œuvre : « la poésie, la nature, l’intime ».
ACTIVITÉ : parmi ces citations issues des cinq poèmes « Mes forêts », lesquelles choisiriez-vous comme support d’un sujet de dissertation et pourquoi ?
Propositions des stagiaires et discussions : les citations extraites sont à envisager comme des paradigmes possibles de l’œuvre entière. - C- « Environner » la lecture de l’œuvre pour se l’approprier
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Atelier 2 - De la lecture des poèmes à l’interprétation de l’œuvre
Atelier animé par Laurent Bernal. Rapporteur Christel Pommier-Morand
Le second atelier s’est proposé de faire réfléchir à la notion d’interprétation et à la manière d’amener les élèves à l’interprétation de l’œuvre poétique Mes forêts, à la lumière du parcours associé, « La poésie, la nature, l’intime ».
L’atelier s’est organisé autour de quatre temps forts :
- 1er temps - Interpréter : approche d’une notion et d’un geste de lecteur
Lecture de « Avant l’aube », Le bruissement du temps, Mes forêts, p. 99-102 - 2e temps - Comment accompagner l’entrée dans la lecture de l’œuvre ?
Réflexion sur les termes du parcours : « La poésie, la nature, l’intime ». Travail sur « Mes forêts sont... » p. 7 - 3e temps - Comment faire jouer les effets de composition dans l’interprétation de l’œuvre ?
Création d’activité. Lecture d’une série de poèmes. - 4e temps - Mobiliser l’environnement visuel et sonore des poèmes pour les interpréter.
Partage de pratiques.
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Retour sur la journée
Le retour sur la journée, organisé en plénière, s’est articulé autour de trois questions clefs. Nous reprenons ici, sous la forme d’une synthèse, les propos formulés, à l’issue de la journée, par les enseignants qui ont participé au stage .
Pourquoi proposer l’œuvre aux élèves ?
- Mes Forêts sont l’occasion de travailler sur l’œuvre d’une poétesse vivante, participant de surcroît de la francophonie. Cela met les élèves et les professeurs face à un texte, non pas figé dans un temps qui n’est plus, mais vivant, ancré dans le monde d’aujourd’hui.
- Le livre poétique présente par certains côtés des aspects très modernes. Mais il entretient des liens étroits avec la tradition poétique, notamment le lyrisme romantique (Desbordes-Valmore, Lamartine, etc.).
- L’étude d’une telle œuvre constitue comme un terrain expérimental, certes pour les élèves, mais également pour le professeur, qui est obligé de se présenter comme lecteur qui découvre une œuvre, plus que pour toute autre œuvre patrimoniale. Elle présente le grand avantage de participer d’une littérature accessible à tous. Sans appareil critique à disposition, parce que l’œuvre est trop récente, l’appropriation se fait principalement par la lecture.
- L’œuvre, qui revendique une forme de simplicité, s’inscrit dans une tradition humaniste. Elle propose aux lecteurs une réflexion sur la place de l’humain dans le monde contemporain, qu’il est important de partager avec les adolescents que sont les élèves. Elle peut s’entendre comme une invitation à habiter poétiquement le monde. Dans Mes forêts, la poésie se fait détour pour mieux aller vers soi ET vers les autres.
- Parce que l’autrice est vivante et qu’elle partage avec ses lecteurs l’expérience du même monde, s’opère comme un rapprochement entre l’écrivaine et la personne. Plus que pour toute autre œuvre, le texte poétique trouve ainsi un écho en soi et propose donc aux élèves et aux professeurs une expérience unique.
Quels aspects de la conférence ont retenu votre attention ?
- Le tour qu’a pris la conférence sous la forme d’un dialogue avec Bruno Doucey a permis des échanges féconds. Cela a été l’occasion de donner à voir le travail qui se fait entre l’auteur et son éditeur, de rendre compte de la matérialité du livre.
- La conférence a donné à entendre une certaine conception de la poésie qui a trouvé un écho chez un grand nombre de professeurs participant à la journée.
- Le merci d’Hélène Dorion, plusieurs fois réitéré, a été entendu et apprécié. L’idée d’une ferveur partagée entre l’autrice et des professeurs « passeurs » a su trouver son auditoire.
- La rencontre avec l’autrice semble avoir rendu possible un rapport différent à l’œuvre en ouvrant d’autres chemins.
Quelles exploitations pédagogiques la journée vous permet-elle d’envisager ?
- La singularité du livre pousse à s’inspirer des travaux que l’on mène habituellement pour les lectures cursives : prendre en compte l’appropriation des élèves, faire dialoguer les arts (Ex. carnet de lecture).
– La pratique des marginalia : les blancs, les espaces aménagés sont autant d’invitation à formuler des annotations en marge du texte poétique. Proposer ensuite aux élèves d’échanger les exemplaires est une manière d’initier le dialogue et de conduire à des débats interprétatifs qui pourraient être féconds. On peut imaginer donner forme à ce travail en mettant en place une émission radio ou télévisée qui se ferait lieu du débat littéraire.
– On peut également penser à explorer l’atmosphère sonore et visuelle de la forêt : promenade en forêt, enregistrements sonores, association d’un poème ou de quelques vers avec des sons, des images,...
– Certains textes sont à l’image du livre lui-même, tels « avant l’aube » : macrostructure et microstructure se rejoignant, résonnances de structure multiples et à plusieurs niveaux. On peut alors envisager d’opérer comme des « zooms » sur un poème et d’élargir à l’œuvre pour exploiter les effets de résonnance.
– L’occasion est donnée de travailler également la lecture à voix haute. Lire de la poésie, c’est ralentir, prendre du temps, se donner du temps. apprendre à ralentir. La lecture de la poésie est à rebours de l’air du temps ; cela implique une posture quasi subversive. Lire de la poésie, c’est lire « poétiquement ».
On peut imaginer faire réaliser un carnet de lecture sonore - en s’emparant par exemple de l’application « cahiers multimédia » dans l’ENT - pour lire et s’entendre lire.
- L’interdisciplinarité paraît ici particulièrement féconde.
– En prenant appui sur la diversité des créations réalisées ou insufflées par Hélène Dorion (courts métrages, liste de pièces musicales, vidéos associant lecture de poèmes, images et musique, etc.), nous sommes invités à appréhender le poème au-delà de l’écrit.
– Hélène Dorion, elle-même, revendique ses filiations, ses références. Nous sommes de ce fait autorisés à donner à lire une multitude de textes, à mettre en réseau ces textes entre eux comme autant de galaxies, à constituer autour de Mes forêts une communauté littéraire.