Pour une lecture ludique :trouver le message caché dans le texte.

, par Gaëlle Chauvineau

travail proposé par Jean-Luc Despax

1) Le projet On étudie la « tirade du tabac », dans la scène d’ouverture du Dom Juan de Molière pour déboucher sur le triangle de la Mimésis théâtrale, caché dans le texte, ainsi que sur la défense du Tartuffe. Ce qui permet de revisiter la notion de lecture analytique et de rendre le jeune lecteur plus attentif à la découverte de l’œuvre intégrale. C’est le procédé de la lecture insistante, reprise au philosophe Jean Bollack et en l’occurrence à Paul Audi.

 présentation de la séquence

Niveau : Classe de 4°.

 enjeux de la séquence en termes de lecture

Prendre le texte pour lui-même. Dans ses difficultés et ses cryptages. Dégager la part ludique d’un extrait.

 Pourquoi ai-je choisi ce texte ? :
1. dans le but d’apprendre aux élèves à insister dans l’acte de lecture.
2. dans le but de montrer que la lecture est un travail d’enquête qui n’élimine pas la notion de jeu.
3. dans le but de revisiter les manières d’échapper à la censure.

2) Les activités/ la séquence

 présentation des séances, des objectifs et des activités

en pièce jointe, tableau détaillé de la séquence

3) Démarches

mot-clé : commentaire

On met en avant la dimension de farce, y compris par des jeux scéniques. Un valet qui emploie un ton doctoral. On développe la notion de paradoxe : ici, célébrer quelque chose qui est attaqué. On peut s’amuser à réaliser un sketch avec les élèves, où ils défendront par exemple le fait de jouer à outrance sur sa console. Chemin faisant, c’est aussi une initiation au travail d’argumentation.
Ou bien au contraire, dans un deuxième temps, on prend au sérieux ce qui est dit.
On attire l’attention des élèves sur le fait que ces 4 phrases constituent une étrange scène d’exposition. Une entrée en matière qui n’en est pas une.
Une pièce sous la pièce : la dimension du palimpseste : Le travail consiste à faire apparaître sous les yeux des élèves des mots disséminés dans le texte mais qui n’en contiennent pas moins ici le sens caché. Que l’on avait sous les yeux sans le distinguer.
Mettre en avant la notion de catharsis, qui pourra être complété ultérieurement par une séance de définitions théâtrales assorties d’exercices d’écriture :

Aristote / Tabac / purge

Relier les signes pour leur faire dégager un sens.
Triangle de la Mimésis théâtrale. Le mot « tabac » cache le mot « théâtre ». Il s’agit de défendre l’existence du théâtre menacé. Le théâtre assimilé à un poison alors que c’est un remède. Le théâtre pharmakon. Et l’éloge du théâtre sert la volonté de réhabiliter la pièce du Tartuffe qui a été interdite. On établira le contexte historique. On mènera notamment une réflexion sur la puissance de l’église, sur la cabale.

On pourra en complément faire une lecture analytique de la scène 2 de l’acte V, sur l’hypocrisie.

Exercice d’écriture :

Principe : un texte littéraire de bonne tenue masque en vérité un autre texte, plus subversif. Cela d’autant plus à l’élève d’entrer, en écriture, dans les procédés de lecture insistante.

Sujet :

Vous dites à votre professeur que les dictées ne servent à rien. Il vous punit. Dans un texte d’imagination faisant intervenir le Petit poucet, vous réintroduisez clandestinement votre opinion sur les dictées.

Solutions proposées par les élèves de la classe de 4°8 du collège Jean-Philippe Rameau de Versailles :

1) On compte un certain nombre de mots entre les mots dont la première lettre va composer la phrase. Le nombre constitué par les chiffres du code peut-être segmenté et réparti dans les interventions des personnages.

2) On écrit un texte sur un mode ironique ou antiphrastique. Ex. Les enfants des bûcherons sont riches et mangent bien. Quand Poucet fera l’éloge de la dictée, il faudra comprendre le contraire.

3) On écrit un texte où derrière l’expression « Petit Poucet » se cache le GN « la dictée ».

4) Le Poucet se plaint de son sort dans un texte de 14 lignes tout à fait cohérentes. En lisant une ligne sur deux, le message se révèle (Je le mets en italique). C’est le texte de Sophie :

Ô ciel cruel, dicte
Moi ce que je dois faire de si sadique
Et horrible que tu m’infliges
Cette forêt est si vaste
Suis-je obligé de tracer mille
Chemins différents et de nombreuses
Fautes qui me feront perdre beaucoup de mon assurance
Et peut-être même ma vie
Si chère et difficile à garder
Pour pouvoir jouer, chanter, manger
Car à cause de ta bêtise
Celle de me laisser seule avec mes frères et sœurs
Ma vie ne sera plus jamais la même

5) On raconte l’histoire du Poucet de manière classique en laissant des fautes d’orthographe dont les lettres « manquantes » vont composer la phrase une fois . Si le professeur entoure les fautes, elles se moquent de lui. Voici le texte de Manon :

Es parant entraînèrent les enfants dans l’enbroit le plus obscur de la forêt, puis ils s’enfuyrent. Le Petit Pousset pensait pouvoir retrouver son chemin, mais les mietes avaient disparu ; les oiseaux avaient tout manger. Lé enfant se miret en route, ét plus il marchaint, plus ils se perdaient. Le Petit Poucet grimpa à la cime d’un arbre et vit une lueur. En suivant cette lumière, les enfants arivèrent deant une maison. C’étaient celle de l’Ogre de ces boits. Une dame a la chevelure brune vient ouvrir et leur répondit après leur demande :
« Entrer ! Vous vous cacherez, car yci, c’est la maison d’un Ogre ! »
A paine rentrés que l’on frappa à la porte de la maisonette.

Quand on entoure les fautes, cela donne : L/E/S D/I/C/T/É/ES N/E S/E/R/V/E/N/T À R/I/E/N

6) La phrase est hachée en syllabes qui sont réparties sur les derniers mots de chaque phrase.

Voici le texte de Clémence :

Coincés chez l’Ogre, le Petit Poucet et ses six frères commençaient à s’affoler. L’Ogre arpentait sa maison en répétant « ça sent la chair fraîche » pendant que sa femme prévenait les enfants en faisant semblant d’avoir des tics. Les sept frères tremblaient de peur et se serraient les uns contre les autres lorsque l’Ogre les découvrit en souriant de toutes ses dents gâtées. Aussitôt l’Ogresse convainquit son mari, en prétextant qu’ils n’en seraient que meilleurs le lendemain avec une bonne sauce aux herbes fines.
Le lendemain, les sept frères s’enfuirent dans la forêt alentour sans être repérés, pas même par un cerf. Mais soudain, ils virent se rapprocher l’Ogre chauve. Les frères se mirent à courir et se cachèrent derrière un rocher ; l’Ogre, dont l’énergie était pompée par les Bottes de sept lieues, sur le rocher se reposa. Dès qu’il se fut endormi, le Petit Poucet lui enleva ses bottes, rusa pour que l’Ogresse lui donne toutes les richesses de son mari et en moins de deux heures, l’Ogre n’était plus rien.

7) Un acrostiche délivre la clé attendue.

8) La technique du S + 7.

Consulter ou imprimer la séquence :

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