Avoir la responsabilité d’une classe à examens conduit le professeur de français à interroger ses pratiques tout au long de l’année, à observer finement ses élèves, pour trouver le juste équilibre entre le nécessaire entraînement à des formats normés et la variété des exercices qui peuvent y préparer, sans lasser et sans figer. Pour fixer son cap, le professeur doit penser en termes de construction des compétences nécessaires à la réussite des examens, plutôt qu’en termes de nombre de contenus de savoir à connaître ou de méthodologies dont il faudrait respecter toutes les étapes et surtout acquérir la savante mécanique.
Quel sens donner aux examens ?
Les examens témoignent à la fois d’un bilan d’une période d’apprentissage (le DNB comme le baccalauréat prennent d’ailleurs en compte les notes aux épreuves finales, mais aussi celles du contrôle continu) et d’une maîtrise suffisante des savoirs et savoir-faire nécessaires pour réussir dans le niveau d’enseignement supérieur.
Quatre examens principaux balisent le parcours de l’élève dans la discipline des lettres : le diplôme national du brevet en classe de troisième, les épreuves anticipées de français en classe de première, les épreuves finales que constituent les épreuves communes de contrôle continu (initialement dénommées E3C) et le Grand Oral pour les enseignements de spécialité HLP (Humanités, littérature et philosophie) et/ou LCA (Langues et cultures de l’Antiquité) en classe de première ou de terminale. On notera que les compétences langagières travaillées en particulier en cours de français, écrites et, plus récemment, orales (oral du DNB, oral des EAF, Grand Oral), sont évaluées tout au long du cursus de l’élève, et dans la plupart des disciplines.
Il s’agit d’une modalité particulière d’évaluation des acquis des élèves : sommative, finale, chiffrée et certificative. On comprend donc qu’elle concentre fortement les préoccupations de tous, car les résultats des examens sont au cœur de la construction du parcours d’orientation de l’élève, et constituent des indicateurs de réussite (de l’enseignement, du système éducatif). Conscient de ces enjeux, le professeur doit prendre en compte l’anxiété bien naturelle des élèves et des familles ; il s’agit de l’anticiper (notamment au moment des réunions de rentrée) en explicitant comment le travail se construit sur le temps long de l’année, pour mieux arrimer leurs inquiétudes aux situations d’apprentissage quotidiennes.
Orienter les pratiques
Ainsi, il est normal que les examens orientent les pratiques de classe, mais ils ne sauraient les définir à eux seuls, en particulier leur format. C’est en pensant une construction et une consolidation progressives des compétences attendues, identifiées et explicitées avec les élèves, à travers des exercices variés, que le professeur ajuste son enseignement aux besoins de la classe pour mener chacun à la maîtrise des exercices des examens. En cela, il paraît essentiel que leur méthodologie ne soit pas enseignée à part, mais soit consubstantielle aux situations de travail proposées aux élèves. En cela également, toutes les évaluations qui rythment l’année scolaire (au fil de l’eau, diagnostique, formative, formatrice et sommative), permettent de faire un état des lieux régulier, de clarifier sans cesse l’horizon visé. Il s’agit donc de penser les va-et-vient entre des temps d’exercice des compétences des examens (longs et courts, sur des supports variés, progressifs), et des temps d’entraînement aux formats des épreuves finales à proprement parler.
L’essentiel demeure que l’élève prenne confiance en ses aptitudes et qu’il les déploie véritablement le jour de l’examen : s’il n’envisage le format d’une épreuve de lettres ou d’humanités, que comme un cadre forclos, mécanique et extérieur, il n’investira nullement l’exercice scolaire de son intelligence et de sa sensibilité, de sa créativité et de son esprit critique. Ces qualités lorsqu’elles sont mises en œuvre dans la cadre même de l’examen, sont pourtant le gage d’une véritable appropriation de ses codes et de ses normes, qui ne sont pas des contraintes asséchantes mais révélatrices de la singularité et de la richesse de l’élève. Il est donc capital, en tant que professeur, d’accueillir et de reconnaître ces dernières en classe et à l’examen.
Les compétences attendues
Quel que soit l’examen, il est possible d’identifier les compétences attendues dans les cinq grands champs de l’enseignement du français, et de repérer des paliers de maîtrise selon ses élèves.
Au collège comme au lycée, ces compétences sont identiques, mais s’exercent dans des situations de plus en plus exigeantes :
₋ Lire et comprendre un texte littéraire (plus ou moins difficile, « résistant »)
₋ Rédiger un écrit cohérent et organisé (écrits de synthèse, écrits de création)
₋ Parler en continu, et en interaction, en puisant dans les savoirs pour développer un point de vue personnel
₋ Porter un regard réflexif sur la langue française, nourri par des compétences linguistiques
₋ Construire et mobiliser la culture littéraire et artistique pour s’enrichir, mieux comprendre, mieux écrire, mieux parler.
C’est bien l’exercice des grandes compétences langagières (Lire, écrire, parler) en classe, et hors la classe, qui permettent l’étude de la langue et la construction d’une culture littéraire et artistique - au fil de l’eau comme dans des moments ciblés.
Pour le collège, les repères de progression et les attendus de fin d’année sont une aide précieuse pour penser des situations de travail permettant la progressivité des apprentissages :
https://eduscol.education.fr/cid152614/attendus-fin-annee-reperes-annuels-progression-la.html.
Examens : compétences évaluées et travail de préparation
DNB
Format de l’épreuve, compétences évaluées et situations de travail pour préparer l’examen.
EAF
EAF, évaluation de l’écrit :
– attendus de la prestation écrite (Éléments issus de la note de service n° 2019-042 du 18-4-2019)
– capacités ou qualités manifestées
– observables (Retenus au niveau académique)
Grand Oral
Qualités évaluées
Qualité orale de l’épreuve / Qualité de la prise de parole en continu / Qualité des connaissances / Qualité de l’interaction / Qualité et construction de l’argumentation