« Our only goal will be the western shore » Immigrant song, Led Zeppelin.
Notre seul but est la côte ouest.
Le parti pris de ce travail a été de faire cheminer les élèves entre histoire, littérature, arts et journalisme, afin de leur proposer un panorama des différentes possibilités pour évoquer et mettre en scène le réel.
tableau synthétique de l’EPI, base de travail et de communication au sein de l’équipe pédagogique concernée par ce projet
L’objectif du cours de lettres a été de créer les conditions propices à la mise en oeuvre d’une progression en termes de compétences, telles qu’elles sont définies dans les programmes :
– EMI : connaissance critique de l’environnement informationnel
et documentaire du XXIe siècle, maitrise progressive de sa démarche d’information et de documentation ;
– dire : participer de façon constructive à des échanges oraux, s’exprimer de façon maitrisée en s’adressant à un auditoire ;
– lire : lire des images, des documents composites (y compris numériques) et des textes non littéraires, lire des oeuvres littéraires, fréquenter des oeuvres d’art ;
– écrire : utiliser l’écrit pour penser et pour apprendre.
– acquérir des éléments de culture littéraire et artistique : établir des liens entre des productions littéraires et artistiques issues de cultures et d’époques diverses.
Au regard des compétences travaillées et du parcours artistique proposé, le choix de la production finale s’est imposé : une émission de web tv permettait, en effet, de réinvestir le travail et les acquis des élèves dans toutes les disciplines.
Lettres et anglais
En lettres, les élèves ont lu des extraits d’autobiographies de Franck Mac Court notamment C’est comment l’Amérique ? ainsi que les Récits d’Ellis Island de Perec et d’autres textes autobiographiques, afin de dresser un panorama des enjeux et des contraintes de l’écriture de soi : le pacte de lecture, les modalités de la narration à la première personne, le jeu des temps qui permet au narrateur adulte de commenter ses souvenirs, le degré d’authenticité et la valeur de témoignage...
En groupe, ils ont analysé différents sujets de brevet de français afin de percevoir les attentes de cette épreuve, puis sélectionner un passage d’une oeuvre autobiographique, ainsi qu’une image, pour fabriquer un sujet de brevet, le taper sur la tablette (questions et rédaction au choix) et rédiger une proposition de correction.
Ces travaux, soumis à plusieurs corrections (par le professeur et par les élèves des autres groupes), ont révélé aux élèves les attentes et exigences du correcteur, ont précisé le sens de certaines consignes (que signifie : s’appuyer sur le texte, justifier ?), ont montré la pertinence des questions (on ne formule pas une question si celle-ci ne sert pas la construction du sens du texte), ont mis en valeur la spécificité de chaque extrait.
Fiers d’avoir conçu un sujet à la place du professeur, les élèves ont gagné en assurance face à l’épreuve et sont ainsi mieux préparés à l’examen.
En parallèle, la lecture cursive du roman autobiographique Un Secret de P. Grimbert, a été menée conjointement avec l’analyse de quelques extraits de son adaptation filmique, notamment la scène finale, dans laquelle le narrateur autobiographe explicite précisément ce qui l’a poussé à écrire. Ceci a fixé les bases d’une réflexion sur les caractéristiques de la narration textuelle par rapport à la narration cinématographique (plan, angles, bande son, voix off...). Au-delà de l’intérêt qu’il y a à confronter ces oeuvres, ce travail a permis d’atteindre un double objectif : préparer à l’épreuve écrite du DNB, pour la question de mise en lien du texte avec l’image, et sensibiliser les élèves aux choix à opérer pour réaliser leur émission de webtv.
En anglais, les élèves ont aussi changé de rôle et pris la place d’un immigré irlandais : en effet, après avoir étudié les causes de l’immigration irlandaise et analysé des extraits de vraies autobiographies d’immigrés irlandais comme le jeune Mickael O’Connor, les élèves doivent d’une part raconter, sous la forme d’un journal intime, leur vie quotidienne en Irlande depuis le début de la famine, le trajet effectué entre son village et Belfast/ Dublin ou Liverpool, d’autre part exprimer leur étonnement avec des onomatopées pour raconter leurs conditions de traversée jusqu’aux Etats-Unis et plus particulièrement leur arrivée à Ellis Island. Les élèves devaient également utiliser un support existant au XIXe siècle et travailler l’aspect artistique de la réalisation pour créer un effet d’authenticité. Ces journaux ont été exposés avec une légende créée par les élèves :
« My name is Brian Wilson and I’m a poor cowboy from the west. One day, While I was plowing my land, I found, deep down, a chest and in this chest, dozens of diaries , here they are….. ». Ces travaux ont été, par la suite, réexploités dans la production finale.


Lettres et espagnol
En lettres, les élèves ont travaillé sur plusieurs extraits d’ Eldorado de Laurent Gaudé.
Ces séances de travail sont complémentaires par rapport à celles menées en espagnol : d’abord, elles traitent toutes deux de l’immigration clandestine de nos jours ; de plus, si le professeur de lettres travaille sur des extraits romanesques, le professeur d’espagnol utilise essentiellement des images : carte pour situer le trajet des migrants, carte mentale pour synthétiser la trace écrite, photos pour construire du sens, interpréter, problématiser, caricatures pour décrire, analyser et utiliser l’argumentation.
Séquence détaillée en espagnol (M. Becat-Mateu)
Lettres et théâtre
Le spectacle Vaki Kosovar a été écrit et mis en scène par un comédien d’origine kosovare. La visée de cette création était de proposer un mélange entre contes traditionnels et récit autobiographique du parcours de ce migrant. A l’issue de la représentation, les élèves ont échangé avec le comédien pour le questionner sur ses choix dans la sélection des textes et sur son parti pris de mise en scène. Ce moment a permis de faire émerger une nouvelle problématique en lien avec la production finale : comment circuler entre autobiographie et immigration et comment les mettre en scène dans une émission de WebTV ?
Lettres et cinéma
Dans le cadre de « Collège au cinéma », les deux classes de 3e ont pu assister à la séance de Joue-la comme Beckham de Gurinder Chadha (2002). Ce film a pu aisément faire le lien entre autobiographie et immigration : la réalisatrice, Gurinder Chadha, née de parents indiens, a grandi à Southall, quartier indo-pakistanais de Londres, proche d’Heathrow et s’est inspirée de sa propre vie pour réaliser le film. Cette oeuvre a enrichi le parcours culturel des élèves, leur a également permis de développer leurs savoir-faire cinématographiques en vue de la webtv.
Les élèves ont de plus participé à l’intervention de Bamchade Pourvali (intervenant de « Collège au cinéma »). A la demande du professeur, celui-ci a présenté le film à partir de la thématique de l’immigration, ce qui a permis un débat dense et riche avec lui. Les élèves ont pu alors percevoir avec leur propres mots qu’au-delà des insultes (« paki » pour musulman ou « goret » qui signifie « blanc »), le sport, lieu d’intégration et de mixité, est la « deuxième religion » en Angleterre.
« L’immigration n’est pas ici traitée selon son prisme sociologique, géographique et historique, mais selon un principe inhérent à la nature humaine d’exclusion/intégration qui affecte tous les personnages : Joe, irlandais, en conflit avec un père plus exigeant qu’aimant ; Jules pas assez féminine aux yeux de sa mère ; Tony, homosexuel qui laisse croire qu’il est amoureux de Jess ; Pinky, pas assez bien socialement pour la famille de Teets, son futur mari sikh, etc. En somme, un réseau social qui pose la question du vivre ensemble dans cet univers londonien où se mêlent et s’affrontent les influences culturelles, religieuses et sociales à la fois. Qui détient la réponse ? Peut-être le père de Jess qui, malgré son amertume d’avoir dû abandonner la pratique du cricket à cause de ses origines, représente un exemple d’intégration sans avoir renoncé à son identité sikhe. La victoire de Jess est un peu la sienne. »
CPD, Coordination action culturelle 1er et 2nd degrés.
Dans la peau d’un immigré irlandais : le voyage en Irlande
Les deux classes de 3e ont participé à un voyage d’une semaine en Irlande du nord dans des familles d’accueil irlandaises, afin de développer des capacités et savoir-faire langagiers, de rendre authentique l’apprentissage de la langue anglaise et de l’inscrire dans la réalité.
Ils ont effectué la traversée en ferry, visité Dublin, découvert la Chaussée des géants et ses mythes, écouté des récits de l’émigration irlandaise à travers le musée vivant : Ulster American Park.



Les élèves ont ensuite visité avec un guide Belfast et écrit des messages de paix sur un Peace Wall.

Les élèves ont aussi fait la découverte du musée interactif « The Titanic Experience » qui montre notamment les conditions du voyage de l’émigration en 3e classe.

Enfin, ils ont assisté à la visite-spectacle d’un coffin boat (littéralement bateau-cercueil), embarcation qui transportait les immigrés irlandais.



C’est notamment grâce à ce voyage que les élèves ont pu réaliser la production finale. Ce sont leurs photos et films qui ont servi de supports à nos reporters en herbe lors de la création de l’émission de webtv.
Un journal web TV en trois langues : du voyageur au reporter
Le choix de la web TV s’est rapidement imposé à l’équipe : cette modalité permettait non seulement de mobiliser les compétences d’oral dans les trois langues, mais elle offrait également la possibilité de réinvestir toutes les connaissances et de réutiliser les documents collectés et/ou abordés.
A partir des documents étudiés en cours et des ressources photographiées ou filmées pendant le voyage, les élèves ont travaillé par groupes pour réaliser un journal en trois langues (français, anglais, espagnol).
A l’aide d’un padlet (mur collaboratif en ligne qui permet la collecte et le partage de documents), par groupe, les élèves ont réuni photos, vidéos, cartes, traces écrites, images pour fond vert et le professeur a pu suivre et valider en direct l’évolution de ce travail initié en cours et fini à la maison.
des exemples de padlet
Deux heures de cours ont été banalisées pour permettre aux élèves de se filmer au collège et de créer une émission de webtv. Voici quelques extraits sur le thème du Titanic :
– proposition de grille d’évaluation pour l’épreuve orale du DNB, réalisée par les professeurs du collège
– descriptif de l’EPI à l’intention des élèves et de leur famille
– ensemble des documents créés lors des EPI (tableau de synthèse, descriptif, grille d’évaluation...), déposés sur l’application « Folios », disponible sur l’ENT du collège, afin de permettre aux élèves et aux enseignants et parents) d’en disposer.