La genèse du projet :
Aujourd’hui, on estime que 10 à 15% des élèves seraient victimes de harcèlement à l’école. Nous avons rapidement constaté que notre collège n’était pas épargné. Alors que les campagnes se multiplient depuis ces dernières années, nous constatons une recrudescence des cas dans les établissements scolaires. Comment impliquer davantage nos élèves dans cette problématique ?
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information. Il a été mené en cours de français avec la participation de la conseillère principale d’éducation.
L’objectif était à la fois de réfléchir à la construction d’une campagne de prévention et à sa portée. Nos élèves devaient prendre la responsabilité du message et se l’approprier.
Déroulé du projet :
Ce travail a occupé six heures du cours de français.
Le niveau 4ème nous a semblé rapidement correspondre à notre objectif. Nous avons choisi une classe hétérogène avec des profils très variés : certains élèves ont tendance à être plutôt moqueurs, alors que d’autres sont plus isolés dans le groupe classe.
- Construire leur définition du harcèlement : Ce projet a été mis en place après une séquence sur la représentation des sentiments au théâtre. Nous avons donc réinvesti un exercice de théâtre-image travaillé précédemment : en groupes, les élèves devaient proposer leur définition du harcèlement puis se répartir les rôles, adopter la démarche de leur personnage et se figer pour mettre en scène leur représentation. Ils ont ensuite été photographiés.
Très rapidement, ils ont évoqué la violence, et ont déterminé deux profils : la victime et le harceleur. Il nous semblait important de pousser ces réflexions en projetant leurs images afin de leur permettre d’identifier d’autres acteurs - les adultes et les témoins - et d’évoquer les solutions à apporter dans ces situations. Les idées des élèves ont été regroupées sous la forme d’une carte mentale.
- Prendre en compte le destinataire : Lors d’une seconde séance, nous leur avons présenté l’objectif du projet. Quel était selon eux le meilleur moyen de sensibiliser leurs camarades ? Une affiche ? Un texte ? Le choix s’est rapidement porté sur la vidéo. Nous avons alors analysé différents procédés utilisés pour persuader les destinataires d’un message d’information en s’appuyant sur différents extraits. Ils ont eux-mêmes proposé des idées et compris l’articulation entre l’émotion et l’information.
- Réaliser les séquences du film : Le plan du film a été imaginé avec l’ensemble de la classe. Les élèves se sont ensuite réparti naturellement le travail en 6 groupes :
- Une introduction présentant une situation de harcèlement dans le collège
- Un rappel à la loi nécessitant un travail de recherche et une réflexion sur la fiabilité des sites internet ainsi qu’une recherche d’image et donc un rappel sur les droits d’auteur.
- Un travail de vocabulaire avec la construction d’un nuage de mots.
- La création d’un slogan ainsi qu’une recherche de vocabulaire
- La rédaction de témoignages : une victime et un harceleur
- La recherche de témoignages existants.
Chaque groupe, muni d’une tablette, filmait et réalisait sa séquence.
Une fois le montage terminé, le film a été de nouveau soumis à une relecture.
- Communiquer auprès des camarades : Ce travail effectué, les élèves ont accepté d’intervenir auprès des autres classes du collège. Nous avons préparé l’intervention orale.
Dans un premier temps, nous avons réfléchi au discours qui accompagnerait le film. Les élèves ont alors centré leur intervention sur ce qu’ils avaient appris lors de ce projet et sur leur émotion à la lecture des témoignages. Après la projection du film, ils avaient préparé des questions afin d’interroger leurs camarades sur leurs ressentis et leur expérience autour du harcèlement.
Nous avons aussi travaillé la voix et la posture afin de captiver l’auditoire.
Compétences
La réalisation de ce travail a permis de travailler différentes compétences du socle :
- Domaine 1 : comprendre, s’exprimer en utilisant la langue française à l’oral et à l’écrit : l’étude des procédés argumentatifs s’intégrait dans l’analyse de différents extraits vidéos et la rédaction de la campagne. Les élèves ont ainsi exploité les ressources de la langue pour convaincre et persuader. Ils ont aussi mené une recherche de vocabulaire et développé les champs lexicaux des sentiments.
- Prendre la parole devant un auditoire : la préparation des présentations de leur film devant les autres élèves a permis de s’interroger sur les ressources de la parole et sur les techniques utilisées pour capter l’attention de son auditoire.
- Utiliser les outils numériques pour communiquer : le choix de l’outil numérique a été une évidence pour les élèves. Nous avons pu échanger sur l’apport et les dangers du numérique et étudier le montage vidéo pour donner du sens. Comment organiser notre film ? Par quelle séquence devons-nous commencer et pourquoi ?
- Domaine 3 : La formation de la personne et du citoyen : le thème du harcèlement soulève à la fois des questions morales et juridiques. Des discussions ont été provoquées par la lecture des témoignages : les élèves se sont interrogés sur les motivations du harceleur.
Quelles suites donner à ce travail ?
Les élèves de la classe ont été émus par la violence des témoignages et si certains se sont montrés moqueurs au début du projet, ils ont rapidement pris au sérieux ce travail et sont très fiers de leur production.
On peut cependant se demander comment impliquer davantage les autres classes de l’établissement : ils restent encore en position d’auditeurs passifs. On peut imaginer donner une suite à ce travail, en proposant différentes réalisations en lien avec le harcèlement ou en organisant un concours d’éloquence.
Ressources
- Le site Non au harcèlement : http://www.nonauharcelement.educati...
- Eduscol « Comment lutter contre le harcèlement à l’école ? »