Séance 12. La chevalerie dans le Conte du Graal

, par PLAISANT-SOLER Estelle, Lycée Saint-Exupéry, Mantes-la-Jolie

Objectifs

 Reprendre et approfondir les acquis des séances précédentes en opérant une synthèse problématisée sur la question de la chevalerie et des deux chevaliers du Conte du Graal :

  • La question de la chevalerie comme institution
  • La question de l’aventure dans le Conte, notamment la question du rôle narratif des femmes et des interventions de la merveille

 Ces analyses permettent alors d’ouvrir à la question de la mise en cause de la chevalerie dans Le Conte : mise en cause par la violence, la dégradation des valeurs et la notion de faute ou de culpabilité.

 Cette séance joue ainsi le rôle d’une conclusion du deuxième temps de la séquence, à savoir l’analyse du trajet des deux héros de l’œuvre.

 L’approfondissement de cette question par les TICE permet d’autre part d’ouvrir sur le dernier temps de la séquence : à savoir l’analyse du motif du Graal dans l’œuvre.

Supports

LE CONTE DU GRAAL
L’ensemble du Conte du Graal.

LECTURES EN CORRESPONDANCE
Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la Charrette, vers 1302 à 1316, p. 537 à 538 : Les coutumes du royaume de Logres, c’est-à-dire du monde arthurien.

Questions

1) Cherchez dans un dictionnaire étymologique les différentes acceptions que le mot « chevalerie » connaît à l’époque de Chrétien de Troyes. A quels éléments du récit chacune de ces acceptions peut-elle renvoyer ?

2) Dans quelle mesure la chevalerie dans le texte de Chrétien peut-elle apparaître comme un miroir de la société féodale ?

3) Dans quelle mesure la conception de la chevalerie que propose le Conte du Graal joue-t-elle un rôle narratif, est-elle liée aux péripéties qui adviennent aux personnages ?

4) La chevalerie est-elle vue positivement ou négativement par les différents personnages du Conte ?

5) Comment peut-on comprendre l’échec de Perceval et celui de Gauvain, sans cesse détourné de son but premier ? Quelle image de la chevalerie cette structure narrative révèle-t-elle ?

Suggestion d’analyse

S’interroger sur le chevalier, c’est bien sûr s’interroger sur le personnage du chevalier (son statut, ses fonctions à l’intérieur du récit, etc.), mais la chevalerie au Moyen Age n’existe pas que dans la littérature. Il faut donc aussi étudier les rapports entre la représentation de la chevalerie dans l’œuvre et les réalités sociales contemporaines auxquelles elle est attachée. S’interroger sur la chevalerie dans Le Conte du Graal, ce n’est donc pas seulement s’interroger sur les deux figures de chevalier que sont Perceval et Gauvain, mais aussi aux rapports que l’œuvre entretient avec la réalité de l’époque. Et ce n’est pas non plus s’arrêter à cette interprétation historique, mais aussi s’interroger sur la place et le sens de l’aventure chevaleresque dans le récit. Sans s’y attarder, il est possible de revenir à la chevalerie en tant qu’institution pour mesurer les acquis des élèves, puis approfondir la question par une problématisation de l’aventure, telle qu’elle est mise en place dans la « partie Perceval » et dans la « partie Gauvain ».

Le jalon posé à la fin de la séance 4, à savoir que dans le Conte du Graal, ce n’est pas le code, mais le sens de la violence qui change peut être approfondi ici. L’originalité du Conte par rapport aux romans antérieurs de Chrétien réside précisément dans une moindre valorisation de la chevalerie. Celle-ci est tout d’abord synonyme d’une violence, certes nécessaire à l’intrigue, mais qui marque une dégradation des valeurs chevaleresques, notamment vis-à-vis des femmes. Elle est surtout dans le Conte liée à l’existence d’une faute, tant pour Perceval que pour Gauvain. Faute bien problématique pourtant, qui tend à montrer que chevalerie et culpabilité deviennent indissociables, ouvrant une voie dans laquelle s’engouffreront les auteurs des romans en prose : il s’agit désormais moins d’une quête d’aventure que d’une quête du savoir, quête mythique, vouée à l’inachèvement et à la continuation. Ainsi, le questionnement de la chevalerie que Chrétien introduit dans sa dernière œuvre est un véritable modèle littéraire, promis à un grand épanouissement médiéval.

Approfondissement des acquis à partir des TICE ; le texte médiéval, miroir de la société du Moyen Age

 Le texte médiéval, miroir de la société du Moyen-Age

Suggestions de lectures critiques

Emmanuèle Baumgartner, Chrétien de Troyes, le Conte du Graal, chap. « La violence et la pitié », PUF, coll. Etudes littéraires, 1999.
Paule Le Rider, Le chevalier dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes , chap. XII : « La Lance qui saigne » et chap. XIV : « Perceval et Gauvain : la chevalerie dans le Conte du Graal », Sedes, 1978.

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