En lien avec le programme de Première en français
Roman
« Droit et fiction : la représentation du mariage dans La Princesse de Clèves »
Christian Biet
« Droit et fiction », une telle mise en relation peut surprendre. Quoi de plus étranger en apparence à l’univers de la littérature romanesque que les arcanes juridiques, les débats de doctrine, les arguties de la jurisprudence, les règles procédurières ? S’agissant de La Princesse de Clèves, l’entreprise paraît même franchement paradoxale. Pas une phrase ne traite explicitement, dans une œuvre où le mariage est omniprésent, du droit matrimonial. Pourtant, très clairement, Mme de Lafayette a enserré le récit particulier d’un mariage dans la maille serrée de multiples évocations ou narrations qui donnent à voir, au-delà d’une histoire singulière, le mariage dans sa diversité, sa généralité, et son historicité, bref le mariage comme une institution.
Théâtre
« Le destin dans Phèdre ou l’enchaînement des causes »
Christian Biet
Le destin d’un personnage de la tragédie racinienne est d’abord de parler, en alexandrins et durant cinq actes, pour enfin se taire. Pas de gesticuler, de se battre sur scène avec de fausses épées, de lutter contre un monstre de bois et de cordes venu des cintres ou de répandre un sang contrefait. La voix, le visage et quelques postures des comédiens sont là pour souligner que la tragédie est d’abord un poème par lequel tout doit passer.
« Catharsis : de la tragédie grecque au cinéma d’horreur »
Georges Forestier
Mal placée, trop elliptique, manquant de cohérence avec le contexte, la référence à une énigmatique catharsis n’en semble pas moins mettre en jeu une notion indispensable à tous ceux qui se penchent sur le fonctionnement et les effets de la tragédie – et plus largement des spectacles terrifiants que le cinéma et les séries télévisuelles ont progressivement développés depuis le XXe siècle. Elle paraît avoir du sens et être inscrite dans une appréhension cohérente du phénomène théâtral – du phénomène du spectacle en général. Reste à savoir quel sens et comment décrire le système dans lequel elle s’inscrit.
Littérature d’idées
« La justice dans les Fables. La Fontaine et le droit des gens. »
Christian Biet
La société que La Fontaine peint est celle d’un état de nature puis d’un état social déraisonnables où le droit ne peut véritablement s’édicter, c’est un état de l’Humanité et un État politique régis par les rapports violents qui trouvent systématiquement leur résolution dans la violence même, mais c’est aussi un rêve : celui d’une société dans laquelle la violence brutale et naturelle serait soumise à l’apparition d’une autre valeur naturelle, la raison.
Pour le développement de la culture humaniste
Au croisement des programmes de littérature, de langues anciennes, d’histoire et de philosophie
Dans le dossier « L’homme et l’animal »
« Comme un chien » - Coetzee et Kafka
Catherine Coquio
La relation de Coetzee à Kafka fait comprendre jusqu’où la relation au « classique » peut devenir politique. Or le lieu où se confondent, chez Coetzee, le poétique et le politique, ce lieu où les hommes et les animaux disent par leur vie de créatures quelque chose du pouvoir, se montre lui-même pris dans l’héritage kafkaïen. Je tiens que ce lieu est le temps messianique. La question du « classique » renvoie ici au traitement littéraire du temps messianique, dont dépend intimement la thématique de l’animalité humaine.
Dans le dossier « Humain / Inhumain »
« L’émergence d’une littérature de non-écrivains »
Catherine Coquio
Je veux ici réfléchir un moment sur un phénomène singulier dans l’histoire : le passage à l’acte d’écrire effectué par des témoins, jusque-là non écrivains, de catastrophes historiques. J’entends par catastrophe un événement de type non guerrier - comme celui évoqué ici par Carine Trévisan - mais totalitaire ou génocidaire, résultant d’une violence politique à la fois totale et insensée, visant la destruction de toute vie individuelle ou l’extermination définitive d’une collectivité. La radicalité génocidaire et sa visée raciale, en particulier, placent les témoins dans une situation singulière : les membres de la collectivité visée ont la certitude d’être tous destinés à mourir - ou de survivre par miracle - et de mourir pour rien. S’ils survivent, c’est alors pour écrire.
La question du monde à aimer
Un article sur la pensée d’Hannah Arendt où se pose la question du monde à aimer
« Amor mundi / Croire au monde »
Catherine Coquio
Parlant d’Hannah Arendt, Catherine Coquio écrit : « Amor Mundi était une réponse que sa propre vie lui avait inspirée. Elle avait conçu ce projet d’écrire sur la politique en un moment de l’histoire qui était pour elle un tournant lié au bonheur : elle se sentait à présent capable « d’aimer vraiment ce monde ».
En latin
Un dossier pour traduire et commenter
- le Satyricon de Pétrone , « le banquet chez Trimalcion »
- Les Métamorphoses d’Ovide I, « La colère de Jupiter »
En grec
Les mots-concepts
- Thymos et athymia dans l’œuvre de Xénophon
Michel Casevitz - Les mots du doute
Michel Casevitz