Articulation avec les programmes
Programme de lettres : 1ère L
– Objet d’étude : les réécritures, du XVIIe siècle jusqu’à nos jours.
– Objet d’étude : vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme.
Programme de latin
– Soit : 2nde
- 3.3 Figures héroïques et mythologiques
a. Des histoires légendaires : Enée, Romulus, Horatius Coclès...
– Soit : Tles
- La représentation des enfers dans l’Enéïde de Virgile peut être au cœur d’une réflexion croisant interrogations politiques et interrogations philosophiques.
Programme d’histoire des arts
Groupement de textes
Texte latin source
– Virgile Enéïde, VI : le récit de la descente aux Enfers.
En version bilingue. Lecture suivie en français pour les 1ères.
Textes de la Renaissance
Dante Les Enfers
Textes modernes
Sous forme de groupement de textes
– Texte 1 - Primo Levi Si c’est un homme p. 119-121 Pocket 1990
Primo Levi est en route avec Jean, dit le Pikolo, pour la corvée de la soupe. Sur le chemin reviennent à son esprit les vers de Dante.
A savoir comment et pourquoi cela m’est venu à l’esprit : mais nous n’avons pas le temps de choisir, cette heure n’est déjà plus une heure. Si Jean est intelligent, il comprendra. Il comprendra : aujourd’hui, j’en suis sûr.
…Qui est Dante ? Qu’est-ce que la Divine Comédie ? Quelle étrange sensation de nouveauté on éprouve à tenter d’expliquer brièvement ce qu’est la Divine Comédie, la structure de l’enfer, le contrappasso [1]. Virgile représente la Raison, Béatrice la Théologie. Jean est tout ouïe, et je commence lentement, avec application :
Lo maggior corno della fiamma antica
Comincio crollarsi mormorando,
Pur come quella cui vento affatica.
Indi, la cima in qua e in la menando
Come fosse la lingua che parlasse
Mise fuori la voce, e disse : Quando…
[2]
Là je m’arrête et essaie de traduire. Un désastre : pauvre Dante et pauvre français ! Tout de même l’expérience ne s’annonce pas trop mal : Jean admire la bizarre similitude de la langue et me suggère le terme approprié pour rendre « antica ».
Et après « Quando » ? Rien. Un trou de mémoire. « Prima che si Enea la nominasse. » [3] Nouveau blanc. Un autre fragment inutilisable me revient à l’esprit : « ..la pieta Del cecchio padre, ne’l debito amore Che doveva Penelope far lieta… » [4], mais est-ce que c’est bien ça ? « …Ma misi me per l’alto mare aperto. [5] » Ce vers-là, si, j’en suis sûr, je me fais fort d’expliquer à Pikolo, de lui faire voir pourquoi « misi me » n’est pas « je me mis » : c’est beaucoup plus fort, plus audacieux que cela, c’est rompre un lien, se jeter délibérément sur un obstacle à franchir ; nous la connaissons bien cette impulsion. « L’alto mare aperto » : Pikolo a voyagé en mer, il sait ce que cela veut dire … c’est quand l’horizon se referme sur lui-même, dégagé, rectiligne, uni, et qu’il n’y a plus dès lors que l’odeur de la mer : douces choses férocement lointaines.
– Texte 2 - Laurent Gaudé La Porte des Enfers Actes Sud 2008 p.175
Matteo a perdu son fils à cause d’une balle perdue. Parce que sa femme ne veut plus le revoir s’il ne le lui ramène pas, Matteo prend le chemin des Enfers, guidé par le curé Mazerotti pour accomplir sa mission.
Petit à petit, les goules [6] furent moins nombreuses et leurs cris moins puissants. Elles lâchaient prise comme si Matteo et Mazerotti, à force de poursuivre leur marche avec obstination, avaient fini par sortir de leur territoire.
Ils ne s’arrêtèrent pas tout de suite pour souffler, certains que, s’ils le faisaient, ils ne trouveraient jamais la force de repartir. Ils marchèrent encore d’un pas traînant de blessés. Ils réussirent enfin à sortir de la forêt, exsangues, et tombèrent à terre à la fois soulagés et terrifiés. Devant eux, à quelques mètres, se dressait une porte aux dimensions titanesques. Elle était haute de plus de dix mètres, noire et lourde comme les siècles. Sur les deux battants en bronze avaient été sculptés des centaines de visages défigurés par la souffrance et l’épouvante. Les sculptures ressemblaient aux ombres qui les avaient harcelés. C’était comme si le bronze les avaient faites prisonnières, bouches édentées, riant, bavant, criant de rage et de douleur. Visages borgnes et mâchoires tordues. Crânes cornus et langues de serpent. Toute ces têtes, les unes sur les autres, empilées dans un horrible capharnaüm de dents et d’écailles, jaugeaient le visiteur et lui intimaient l’ordre de ne plus faire un pas. C’était la porte que l’on n’ouvre pas, celle du monde d’En-Bas où ne vont que les mots. Matteo et Mazerotti étaient arrivés au seuil des deux mondes et leurs corps d’hommes épuisés leur parurent dérisoires face à la monstrueuse éternité du bronze.
– Texte 3 - Szabo L’Instant
L’équivalent d’une œuvre intégrale
Objectif : faire uné étude comparée
Textes complémentaires possibles
http://expositions.bnf.fr/homere/pedago/antho/00.htm
Proposé par Agathe Entanaclaz, Les Métamorphoses d’Ulysse, réécritures de l’Odyssée, collection « Étonnants Classiques », GF Flammarion, 2003.
Gérard Genette, Palimpsestes
Homère, Odyssée, Chant XI
Théophile Gautier, La Comédie de la mort
Émile Zola, Germinal