Charybde et Scylla

, par PIGUET Sébastien

Parcours pairform@nce - enrichir le cours de lettres avec le TNI

Présentation

séquence 4 : « Un héros antique : Ulysse dans L’Odyssée d’Homère »

Cette séance est réalisée en classe de 6ème.

  • La séquence a pour but d’étudier une œuvre fondatrice à travers la manière dont son héros, Ulysse, est construit. Le héros grec est un héros particulier, qui fait preuve de grandes vertus mais qui est également soumis à certaines faiblesses. Il est donc moins manichéen que de nombreux héros modernes. Ainsi, l’étude de L’Odyssée aura pour but de mieux faire comprendre aux élèves la particularité des héros de l’Antiquité.
  • Il sera demandé, à la fin de cette séquence, de créer collectivement, avec l’aide du professeur, une carte heuristique sur les différentes caractéristiques du héros antique, des épreuves rencontrées, et de reproduire ces codes dans une rédaction.

Séance 7 : « Charybde et Scylla »

 Durée : 2 heures environ.

 Texte : L’Odyssée d’Homère. Edition Ecole des Loisirs. Pages 88 à 94. Ne seront étudiés en classe que des extraits ciblés de ces pages, qui mêlent le récit des Sirènes et celui de Charybde et Scylla. (Voir Annexe, texte support.)

 Objectifs de la séance :

  • Objectif n°1 : Poursuivre l’analyse du héros antique, en abordant la notion de « fatalité ».
  • Objectif n°2 : Etudier la description des monstres faite par Homère, ainsi que les iconographies qui s’en sont inspirées : la description étant à la fois monstrueuse et vague, les iconographies sont nombreuses et diverses, ce qui fait l’intérêt de cette étude.

La séance pas-à-pas

Travail préparatoire

Pour les élèves

 Il a été demandé aux élèves, avant de commencer cette séance, d’avoir trouvé une image de Charybde et / ou Scylla, et d’avoir lu l’épisode correspondant dans le livre. Ce travail devra être envoyé sur l’ENT ou sur le blog de la classe.

 Le travail des élèves a mis en évidence la prédominance des illustrations sur Scylla, par rapport à celles sur Charybde, ce qui est cohérent avec le texte.

 Pour le professeur, le site mediterranees.net offre un grand nombre d’images intéressantes, suivies de références précises (date, auteur).

Pour le professeur

 Importer les textes sur le TNI

  • On affichera sur le TNI une page comportant les extraits de texte choisis. Il suffit de cliquer sur l’icône « page blanche » pour créer une nouvelle page TNI, puis sur l’icône insertion de texte.
  • Le texte doit être présenté en paysage pour laisser une place « blanche » à côté, afin d’y insérer une image par la suite. Il faut veiller à un travail de mise en page précis du texte, afin que l’insertion des images choisies s’effectue facilement et avec rapidité.
  • Conseil : un format PDF avec le logiciel PDF-XChange-Viewer permet un travail propre de soulignement et d’annotation. Au format PDF, le texte ne bouge pas et ne risque pas d’être modifié par erreur.

 Préparer le diaporama

  • C’est la partie de préparation qui demande le plus de temps. Le diaporama peut être éventuellement enrichi si le choix des élèves est incomplet.
  • Plusieurs options peuvent être retenues :
    • Soit enregistrer les images envoyées par les élèves dans un même dossier et utiliser la fonction diaporama de Windows pour les projeter à l’écran. Ensuite, au fur et à mesure des choix des élèves on peut, sur une autre page copier les images sélectionnées en utilisant l’icône « insérer une image ».
    • Soit préparer sur une page du TNI sur laquelle on aura juxtaposé les différentes images proposées, si les images ne sont pas très nombreuses ; cela permet à la classe d’avoir toutes les images sous les yeux et de pouvoir les comparer directement. On peut alors sélectionner les images choisies par la classe et les enregistrer sur une nouvelle page.

Travail en classe

Charybde et Scylla dans le texte

 Il est demandé aux élèves d’effectuer un relevé, au TNI, à l’aide du stylet, des expressions qui évoquent la monstruosité de Scylla d’abord, de Charybde ensuite. L’élève peut choisir sa couleur, l’épaisseur de son stylet. On peut souligner ou surligner.

 Eléments de réponse pour Scylla :

Il y a deux hautes roches contre lesquelles retentit le flot d’Amphitrite aux yeux sombres. L’une de sa pointe, touche le ciel ; un nuage sombre l’entoure en permanence, même en été ou en automne ; aucun mortel ne pourrait y monter, eût-il vingt bras et vingt pieds, car c’est une roche glissante et qu’on dirait polie. A mi-hauteur, il y a une caverne noire dont l’entrée est tournée vers l’Erèbe. C’est de cette caverne, Ulysse qu’il faut approcher ton navire creux. Scylla, l’effroyable hurleuse aux cris de petits chiens, y habite. C’est un monstre terrible, et sa vue ne réjouit personne, pas même un dieu. Ses pieds – elle en a douze – sont tous difformes ; chacun de ses six long cous porte une tête horrible dont la gueule pleine de noire mort est plantée d’une triple rangée de dents serrées et nombreuses. Enfoncée à mi-corps dans la caverne creuse, elle tend ses têtes hors de l’antre terrible. […]

  • Impression de peur : « effroyable », « horrible », « terrible ».
  • Scylla est décrite comme un monstre hideux et difforme.
  • Elle semble avoir six têtes de chiens aux crocs acérés. Pour la représentation avec des têtes de chien par exemple, cela ne repose que sur « l’effroyable hurleuse aux cris de petits chiens ».
  • Son corps pourrait être celui d’une femme, d’un dragon ou d’une pieuvre. On insistera sur le fait que l’imagination du lecteur est très sollicitée. De fait, les représentations des élèves sont très variées.

 Eléments de réponse pour Charybde :

L’autre écueil que tu verras à côté, Ulysse, est moins élevé. Au sommet pousse un grand figuier sauvage couvert de feuilles, et là-dessous, la divine Charybde engloutit l’eau noire. Elle la revomit et l’engloutit horriblement trois fois par jour. Si tu passais au moment où elle l’engloutit, Celui qui ébranle la terre, lui-même, ne pourrait te sauver. Passe donc le long de Scylla ; il vaut mieux perdre six de tes hommes que de les perdre tous. […]

Quand elle revomit, elle bouillonne et mugit, l’écume jaillit jusqu’en haut des écueils. Quand elle l’engloutit de nouveau, on la voit bouleversée tout au fond, la roche rugit et le sable bleu du fond apparaît.

  • Elle ressemble à un tourbillon. Elle « engloutit » et « revomit » tout ce qui passe à sa portée. Elle semble seulement être une gueule qui détruit tout.
  • Elle est monstrueuse : répétition de « engloutit », « revomit » « horriblement ».

 Les deux descriptions, finalement, restent très implicites sur les détails des corps, mais développent l’aspect de la « gueule », béante. On en conclut donc que l’horreur, dans la description, doit surtout s’axer sur un détail, et non sur l’ensemble du personnage.

Du texte à l’iconographie

 On passera ensuite, en diaporama, les images choisies par les élèves.

  • Ceux-ci sont invités à sélectionner, à l’aide du professeur, les deux ou trois représentations les plus proches de Scylla. L’une d’entre elles doit figurer sur un vase grec, afin de travailler, en HDA, l’art grec.
  • Le même travail est effectué au sujet de Charybde ; cela devrait être plus court, puisque les illustrations sont moins nombreuses. Les élèves remarquent que cela s’explique sans doute par le fait que le texte est nettement plus vague et moins détaillé que pour Scylla.

 Les images sont disposées à côté du texte, dans l’espace laissé « blanc » à cet effet, afin de les confronter aux extraits, en validant ou en invalidant les choix faits par l’auteur de l’iconographie.

  • Le TNI permet de larges possibilités dans ce type de travail : en coupant, en agrandissant, en annotant ...
Eléments complémentaires à l’étude

 Les illustrateurs s’inspirent souvent des dangers de la mer en s’appuyant sur le sens premier du texte : Scylla est un écueil, Charybde une marée ...

 Interrogation sur la représentation de la monstruosité dans l’image : à quoi la monstruosité d’une illustration est-elle due ?

 La place d’Ulysse dans l’extrait : même quand Ulysse apparaît, il reste en retrait ; parfois, on ne voit même que son bateau. A partir de cela, l’étude peut se poursuivre sur la question de la dimension du héros dans ces textes.

Le rôle du héros dans l’extrait

 L’étude du texte se termine par une interrogation sur le rôle d’Ulysse.

 On peut mettre en évidence le fait que le récit apparaisse deux fois dans L’Odyssée : la première fois, raconté par Circé, la seconde, vécu par Ulysse, presque à l’identique.

 On voit que le héros n’a aucun choix, si ce n’est celui d’affronter le moins terrible des maux. Il doit faire preuve de fermeté et ne pas reculer face à cette épreuve pour le bien de la majorité d’où son absence et son retrait dans les iconographies.

 Véritable héros grec, Ulysse ne peut en aucun cas changer son destin et doit subir de dures épreuves. C’est la manière dont il les affronte et les supporte qui fait de lui un héros.

 On pourra finir la séance sur l’analyse de l’expression française : « tomber de Charybde en Scylla » (aller d’un danger à l’autre), sur sa signification par rapport au récit mythologique.

De l’utilité du TNI dans cette séance

Mieux rentrer dans le texte pour mieux le comprendre

 Le fait d’inviter les élèves à se lever et à venir au tableau souligner, sélectionner, déplacer, rend concrète à leurs yeux l’idée de rentrer dans le texte. Puisqu’ils manipulent, le texte devient à leurs yeux un matériau, ce matériau littéraire dont on veut justement leur faire prendre conscience.

 On peut progresser par étapes :

  • souligner d’abord tout ce qui caractérise le monstre avec le stylet, en rouge par exemple ;
  • adopter un code couleur et modifier la couleur de surlignement pour faire apparaître des réseaux de sens. Par exemple, changer le soulignement des adjectifs « effroyable », « horrible », « terrible » en vert et laisser en rouge l’expression « l’effroyable hurleuse aux cris de petits chiens ».
  • ajouter des annotations en sollicitant auprès des élèves des commentaires : insérer une zone de texte et noter le commentaire.

Une plus grande interactivité au sein du cours

 L’usage du TNI facilite ici le lien entre le texte et l’image en permettant la juxtaposition de l’un et de l’autre.

 Les élèves s’impliquent davantage, chacun voulant défendre son choix, fièrement, quand son image est retenue.

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