Le Dictionnaire de l’Académie (éditions Champion électronique, 1999)

, par BERTAGNA Chantal

Travail d’orthographe et de compréhension sur la Préface du Dictionnaire

Histoires de mots, histoire de dictionnaire. Travail sur le Dictionnaire de l’Académie française.


PREFACE.

Après que l’Académie Françoise eut esté establie par les Lettres Patentes du feu Roy, le Cardinal de Richelieu qui par les mesmes Lettres avoit esté nommé Protecteur & Chef de cette Compagnie, luy proposa de travailler premierement à un Dictionnaire de la Langue Françoise, & ensuite à une Grammaire, à une Rhetorique & à une Poëtique.

Elle a satisfait à la premiere de ces obligations par la composition du Dictionnaire qu’elle donne presentement au Public, en attendant qu’elle s’acquitte des autres.
L’utilité des Dictionnaires est universellement reconnuë. Tous ceux qui ont estudié les Langues Grecque & Latine, qui sont les sources de la nostre, n’ignorent pas le secours qu’on tire de ces sortes d’Ouvrages pour l’intelligence des Autheurs qui ont escrit en ces Langues, & pour se mettre soy-mesme en estat de les parler & de les escrire. C’est ce qui a engagé plusieurs sçavans hommes des derniers siécles à se faire une occupation serieuse de ranger sous un ordre methodique tous les mots & toutes les plus belles façons de parler de ces Langues, pour le soulagement de ceux qui s’y appliquent avec soin.

Le Dictionnaire de l’Academie ne sera pas moins utile, tant à l’esgard des Estrangers qui aiment nostre Langue, qu’à l’esgard des François mesmes qui sont quelquefois en peine de la veritable signification des mots, ou qui n’en connoissent pas le bel usage, & qui seront bien aises d’y trouver des esclaircissemens à leurs doutes. On peut dire aussi, que ce Dictionnaire a cet avantage sur tous les Dictionnaires de ces deux Langues celebres de l’Antiquité, que ceux que nous avons, n’ont point esté composez dans les bons siecles ; Mais par des Modernes, ou par des Autheurs qui ont veritablement vescu durant qu’on parloit encore les Langues Grecque & Latine, mais non pas dans leur ancienne pureté. Nous n’avons point de Dictionnaires du siecle de Ciceron ni du siecle de Demosthene, & si nous en avions, il n’y a pas de doute qu’on en feroit beaucoup plus d’estat que des autres, parce qu’ils seroient considerez comme autant d’Originaux, & ceux qui auroient composé ces Dictionnaires, n’auroient point eu besoin de citer les Passages des autres Autheurs en preuve de leurs explications, puisque leur tesmoignage seul auroit fait authorité. Le Dictionnaire de l’Académie est de ce genre. Il a esté commencé & achevé dans le siecle le plus florissant de la Langue Françoise ; Et c’est pour cela qu’il ne cite point, parce que plusieurs de nos plus celebres Orateurs & de nos plus grands Poëtes y ont travaillé, & qu’on a creu s’en devoir tenir à leurs sentimens.


Vous avez lu attentivement la préface du Dictionnaire de l’Académie Française. Vous allez maintenant répondre aux questions suivantes :

La langue

 En quoi l’usage des majuscules et des minuscules diffère-t-il du nôtre ?
 Rétablissez les accents qui manquent (à faire sur la feuille)
 La disparition du « s » : relevez et corrigez les mots qui ont perdu leur « s » ; quelles modifications constatez-vous ?
 Les radicaux :
-* « establie », « estrangers » : rapprochez ces mots de mots anglais.
-* « escrit » : donnez d’autres mots de cette famille : quelles formes du radical repérez-vous ?
 Les formes verbales : relevez les formes verbales dont la graphie a changé ; corrigez-les en orthographe moderne : quels types de modifications repérez-vous ?
 Relevez les 5 noms dont l’orthographe n’a pas encore été corrigée dans les questions précédentes. Corrigez-les : quelle remarque faites-vous ?

La compréhension du texte

 Qui a créé l’Académie française ? en quel siècle situez-vous cette création ?
 Deuxième paragraphe : quelle utilité du dictionnaire est évoquée ici ?
 Troisième paragraphe : A qui est destiné ce Dictionnaire ? A quoi va-t-il servir ? Quelle différence y a-t-il avec les dictionnaires de grec et du latin ? Quelle conséquence cela a-t-il sur le contenu du dictionnaire ?

Réflexion et exercices sur l’évolution de la langue

Démarche et objectifs

La démarche proposée ici est à mettre en rapport avec celle évoquée pour les utilisations du Petit Robert électronique en classe de Seconde. Elle part du constat que les difficultés de lecture et le désintérêt qui peut s’ensuivre est pour une part due à une méconnaissance du lexique des siècles passés : les mots liés à une réalité culturelle disparue (comme « équipage ») ou dont le sens a beaucoup évolué, comme « train », créent un écran qui freine considérablement la compréhension sans parfois même que les élèves en aient conscience.

L’objectif poursuivi en ayant recours à un dictionnaire ancien est de faire percevoir, dès la présentation de l’article d’ailleurs, que les usages de la langue ont évolué et de faire étudier ces changements.

L’attention ici se portera sur plusieurs évolutions à différents niveaux :
 Le sens
 L’orthographe lexicale (« faible »), grammaticale (« nous a menez »)
 Les accents, notamment le circonflexe
 La ponctuation
 L’usage des minuscules et majuscules.

Première étape : recherche d’un mot

Dans un premier temps, les élèves cherchent l’article « train ». Par la liste des mots où ce terme est employé, ils constatent l’importance dans son usage au XVIIème siècle :

La présentation touffue de l’article est comparée à celle des dictionnaires actuels :

Voici par comparaison l’article du Petit Robert Electronique :

Exercices à partir de l’article du Dictionnaire de l’Académie

Ensuite l’article est sélectionné, copié puis collé dans un traitement de texte. C’est avec cet outil que plusieurs exercices sont proposés :

 1- A l’aide du vérificateur orthographique, transformer ce texte en lui appliquant une orthographe moderne. Ainsi, on fera travailler les points énumérés ci-dessus en particulier : la valeur étymologique de l’accent circonflexe, qu’il soit corrigé ou non par la machine (c’est le cas « mesme » et « couste »), le changement de graphie de « luy » en « lui » ou « feray » en « ferai » - occasion de revoir la conjugaison moderne de ce verbe -, le problème des doubles consonnes (« charonnage/charronnnage »), l’explication d’un mot par son étymologie (« tousjours »). On fait travailler ainsi l’orthographe de façon différente et réfléchie.

 2- On crée un tableau (Tableau, Insérer un tableau) de deux lignes pour trier les sens de « train » en différenciant les sens actuels et les sens anciens : c’est à l’élève de réfléchir sans aide d’autres dictionnaires pour qu’il y ait réflexion personnelle.

 3- On reprend chaque définition pour corriger les fautes qui subsistent (majuscules/minuscules et ponctuation). Pour le sens actuel on modernise la définition en enlevant les expressions désuètes, en modifiant certaines expressions et en ajoutant d’autres ; les modifications sont signalées par des italiques.

 4- On ajoute une ligne au tableau (Tableau, Insérer des lignes) pour y mettre une définition personnelle du nouveau sens de « train » (chemin de fer, train électrique).
Le résultat pourrait être le suivant :


TRAIN. s.m.

I) Sens encore actuels

Train, se dit aussi d’un grand amas de bois lié ensemble qui flotte sur l’eau.. Train de bois flotté. On voit descendre le long de la rivière de grands trains de bois.
Train, se dit fig. du courant des affaires. L’affaire va bon train.

Il signifie aussi, manière de vie. Cet homme mène un train de vie réglé. Il a un train de vie élevé.
On dit :« Être en train, mettre en train », pour dire, « Être en action, en mouvement, mettre en action, en mouvement » : Quand il est en train, rien ne lui coûte. On a de la peine à le mettre en train. dès qu’il est dans une compagnie, il met tout le monde en train.

On appelle« Train d’artillerie » tout l’attirail nécessaire pour servir l’artillerie

II) Sens anciens

Allure. Il se dit principalement des chevaux, & autres bêtes de voiture. Le train de ce cheval est doux, est incommode. Ce cheval va grand train. Il se fait tard, allons bon train, grand train. Ce cocher nous a menés beau train. On dit, qu’un cheval n’a point de train, pour dire, qu’il n’a point d’allure réglée.

Train, se dit aussi de la partie de devant ou de derrière des chevaux, mulets, bœufs & autres bêtes de service. Ce cheval a le train de devant faible. Il est estropié du train de derrière.

Train, se dit aussi d’un carrosse ou d’un chariot, & sign. Tout le charronnage qui porte le corps du carrosse ou du chariot. Il a fait faire un train neuf à son carrosse. Il use deux trains par an. C’est un vieux train.

Il se dit aussi de la trace d’un carrosse, d’un chariot &c. Nous avons reconnu au train de votre carrosse, le chemin que vous aviez pris.

Train, se dit aussi, d’une suite de valets, de chevaux, de mulets, & particulièrement des gens de livrée. Grand train. Train leste, magnifique, superbe. Il marche à grand train, il a vingt valets de livrée dans son train.

Augmenter son train. Reformer, retrancher, diminuer son train. Son train est habillé tout de neuf.

Train, se dit aussi des gens de mauvaise vie. Il a du train, de mauvais train logé chez lui. Je ferai bien sauter ce train là. Il est bas.

III- Sens nouveau

Conclusion

Par ces manipulations sur un mot, on approfondit la notion de champ sémantique, on touche à divers problèmes orthographiques, à l’histoire des mots. On peut ainsi faire comprendre que la langue est un code, que celui-ci est évolutif mais aussi que, comme tout code, il doit être respecté pour que la communication soit possible.

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