Le vocabulaire social au XVIIème siècle à partir du Petit Robert

, par BERTAGNA Chantal, WALLON Chantal, Collège Les Vallées, La Garenne - Colombes

Introduction

Ces définitions ont été recherchées pour éclairer et approfondir la lecture d’un groupement de textes dans une séquence consacrée en 4e à la société telle qu’elle est représentée dans la littérature du XVIIème siècle : il s’agit de lettres de Madame de Sévigné, de passages de George Dandin et du Bourgeois Gentilhomme, d’extraits des Caractères de La Bruyère. Ces mots ont été retenus en raison des problèmes de compréhension linguistique ou culturelle qu’ils ont posés, ou encore de la curiosité qu’ils ont suscitée chez les élèves.

La nécessité de bien se représenter la société d’Ancien Régime est renforcée dans cette classe du fait d’un projet interdisciplinaire Histoire/ Lettres qui intégrera ensuite une séquence sur les formes de la satire sociale au XVIIème (d’autres extraits de La Bruyère, La Fontaine) puis au XVIIIème (Voltaire, L’Ingénu) pour se matérialiser finalement dans un travail en salle informatique avec le logiciel « J’ai vécu au XVIIIème » sous la houlette du professeur d’Histoire puis du professeur de Français

I-LES DOMESTIQUES

1) gens

4° Vieilli Les personnes qui font partie d’un ensemble déterminé (troupe, parti). - Domestiques, serviteurs. Un grand seigneur et ses gens.

2) laquais : n. m.

• v. 1450 ; var. alacays, halagues XVe ;

1° Anciennt Valet portant la livrée.

2° Fig. et vieilli Personne servile. v. larbin. Une âme de laquais, basse. « J’ai l’habit d’un laquais et vous en avez l’âme » (Hugo).
« J’aime mieux être fossoyeur que laquais » (Sartre).

3) livrée : n. f.

• v. 1290 « vêtements livrés, fournis par un grand seigneur à sa suite » ; de livrer

1° Anciennt Vêtements aux couleurs des armes d’un roi, d’un seigneur, que portaient les hommes de leur suite.

2° (fin XVe) Habits d’un modèle particulier, que portaient les domestiques masculins d’une même maison et de nos jours, uniforme analogue (dans certains hôtels). Livrée de valet, de cocher. Portier en livrée. - Vx Porter, revêtir la livrée : être, devenir domestique.

à Par ext. Vx La domesticité. « La livrée sort du peuple » (Balzac).

4) équipage : n.m.

Vx « Provision de tout ce qui est nécessaire pour voyager ou s’entretenir honorablement, soit de valets, chevaux, carrosses, habits, armes, etc. » (Furetière). v.train. L’équipage marquait le luxe et la condition.

à (1652) Anciennt Ensemble des voitures, chevaux... et du personnel qui en a charge. « j’ai les plus beaux chevaux, les plus charmants équipages de Paris » (Balzac).

5) train : n.m.

Vx Ensemble de domestiques, chevaux, voitures qui accompagnent une personne. v. équipage, suite. - Train de maison : domestiques qui servent dans une maison. Par ext. Domesticité, commodités, dépenses d’une maison. « il prit un train de maison, voiture, table ouverte et le petit hôtel de la Chaussée d’Antin » (Michelet). Loc. Mener GRAND TRAIN : vivre dans un luxe ostentatoire (cf. Vivre sur un grand pied*).

Voir le travail mené sur le mot « Train » à partir du Dictionnaire de l’Académie : Accéder à l’article

II- LA NOBLESSE

1) rang :

Place que qqn occupe dans la société, et qui lui est conférée par la naissance (Þ caste), l’emploi, l’argent, la célébrité, etc. v. classe, condition, position. Le rang social. « Tel brille au second rang qui s’éclipse au premier » (Voltaire). Les distinctions de rang.
Élever à un rang plus haut. Þ promouvoir. - Féod. Vassaux de même rang. v 1. pair.

(Se dit surtout des rangs les plus élevés) Fonction, titre qui confère un haut rang. v dignité, fonction, place, titre. « Sans qu’elle eût d’autres droits au rang d’impératrice » (Racine). Déchoir de son rang. Garder, tenir son rang. « Un homme bien né, qui tient son rang » (Stendhal). Traiter qqn avec les honneurs dus à son rang. - Absolt Rang élevé. « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier » (Beaumarchais).

Loc. (des personnes ou des choses) Être du même rang, de même valeur. Mettre au même rang, sur le même rang (cf. Sur le même plan).
 Hors rang : en dehors du classement.

2) honnête (XIIe)

Qui se conforme aux bienséances, ou à certaines normes raisonnables.

(Personnes) Vx HONNÊTE HOMME (au XVIIe s., notion essentielle de la morale mondaine) : homme du monde, agréable et distingué par les manières comme par l’esprit, les connaissances.

3) monde

La vie en société, considérée surtout dans ses aspects de luxe et de divertissement ; l’ensemble de ceux qui vivent cette vie (Þ mondain, mondanité). « J’ai de grands projets de dissipation : je compte aller beaucoup dans le monde » (Stendhal). Être répandu dans le monde, dans les salons*. Le beau, le grand monde. - Homme, femme du monde, de la haute société, qui a des manières raffinées. Gens du monde.

4) salon

Lieu de réunion, dans une maison, où l’on reçoit régulièrement ; la société (mondains, artistes, personnalités diverses) qui s’y réunit. Les salons littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles. Les snobs « habitués à coter un salon d’après les gens que la maîtresse de maison exclut plutôt que d’après ceux qu’elle reçoit » (Proust) Une conversation de salon, mondaine. Tenir, faire salon.

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