Séance n°12. Animer une description - Usage de la comparaison Séquence La terre vue du ciel

, par PLAISANT-SOLER Estelle, Collège Les Martinets, Rueil-Malmaison

ANIMER UNE DESCRIPTION

Dominante : Lecture

SUPPORTS

 Colette, Contes des mille et un matins
 Jean Giono, Colline
 Jean Giono, Le petit garçon qui avait envie d’espace
 Selma Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
 Jules Verne, Cinq semaines en ballon

OBJECTIFS

 Reconnaître et écrire des métaphores et des personnifications afin d’animer une description.
 Savoir varier les constructions syntaxiques (éviter les « il y a » et les « se trouve »)

TRAVAIL PRÉPARATOIRE A LA SÉANCE

ANIMER UNE DESCRIPTION

 TEXTE 1. Jules Verne, Cinq semaines en ballon

A cette élévation, un courant plus marqué porta le ballon vers le sud-ouest. Quel magnifique spectacle se déroulait aux yeux des voyageurs ! L’île de Zanzibar s’offrait tout entière à la vue et se détachait en couleur plus foncée, comme sur un vaste planisphère ; les champs prenaient une apparence d’échantillons de diverses couleurs ; de gros bouquets d’arbres indiquaient les bois et les taillis.
Les habitants de l’île apparaissaient comme des insectes. Les hourras et les cris s’éteignaient peu à peu dans l’atmosphère, et les coups de canon du navire vibraient seuls dans la concavité inférieure de l’aérostat.
« Que tout cela est beau ! » s’écria Joe en rompant le silence pour la première fois.

 TEXTE 2. Colette, Contes des mille et un matins

Ceux d’en bas, je les distingue encore. Ils sont noirs, agiles comme des insectes travailleurs, et parfois immobiles, soudain, par groupes : à leur arrêt, nous savons qu’ils nous contemplent. Notre prodigieux passage, qui fige les hommes, disperse les chiens ; noirs, jaunes, blancs, leurs dos courent de tous côtés et se cachent...
Mais... C’est déjà fini, Paris ?... Tout petit Paris, traversé en quelques minutes !... Nous montons, nous tournons... La queue effilée du dirigeable décrit, sur l’horizon que la ville enfume, un arc de cercle aisé : la campagne maraîchère, verte, quadrillée, apparaît. Plate, florissante et peuplée, elle n’a guère d’autre beauté que sa richesse, cette fausse loqueteuse rapetassée de cent velours. Nos regards plongent dans les blés verticaux, dans les seigles légers, comme dans le poil profond d’une peluche ombrée... Çà et là des villas joujoux enferment leur arpent de terre, d’arbres et de fleurs, dans une enceinte de murs neufs, et l’on songe aux limites puériles que les enfants dessinent, avec des graviers blancs et ou coquilles, autour d’un fort de sable...

 TEXTE 3. Jean Giono, Le petit garçon qui avait envie d’espace

[...] le petit garçon était déjà en haut de l’arbre, tellement il avait envie de voir enfin l’espace libre.
Et il le vit.
C’était comme un immense tapis sur lequel les couleurs dessinaient des formes : des carrés, des triangles, des rectangles, des losanges, ou bien de grandes formes avec de nombreux côtés. Toutes ces formes étaient cousues les unes aux autres, comme les pièces de la belle descente de lit que sa mère avait faite avec des morceaux d’étoffe. Il y avait des labours, des prés, des champs, des vergers, des forêts. Et ce tapis s’en allait aussi loin que l’œil pouvait voir. Le plus grand étonnement du petit garçon fut de se rendre compte que l’œil pouvait voir si loin. Il comprenait maintenant ce qu’on voulait dire quand on disait « à perte de vue ». C’était très loin. C’était même si loin que peut-être ça n’existait pas. Car sa vue ne se perdait pas, elle s’en allait simplement jusqu’à l’endroit où le tapis de l’espace rejoignait le tapis du ciel.

 TEXTE 4. Selma Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède

Au bout d’un moment, le garçon se força quand même à jeter un coup d’œil en bas. Et il découvrit qu’au-dessous de lui on avait étalé une grande nappe, divisée en une quantité incroyable de carreaux, petits et grands.
« Où diable suis-je donc arrivé ? » se demanda-t-il ?
Il ne voyait rien d’autre que cet assemblage de carreaux. Certains étaient de travers et certains en longueur, mais partout c’étaient des lignes droites et des angles nets. Rien n’était rond, rien n’était courbe.
« Qu’est-ce que c’est que cette étoffe à carreaux que je vois ? » marmonna le garçon sans attendre de réponse.
Mais les oies sauvages qui volaient à ses côtés crièrent tout de suite :
« Des champs et des prés. Des champs et des prés. »
Alors il comprit que cette grand étoffe à carreaux qu’il survolait était les terres plates de Scanie. Et il comprit pourquoi elle était si bariolée et si quadrillée. Tout d’abord, il reconnut les carreaux d’un vert intense : c’étaient les champs de seigle qu’on avait ensemencés l’automne dernier et qui étaient restés verts sous la neige. Les carreaux d’un jaune terne étaient des chaumes qu’on avait moissonnés l’été dernier, les bruns d’anciens champs de trèfle, et les noirs des champs à betteraves non cultivés ou des jachères récemment labourées. Les carreaux bruns à bord jaunes étaient certainement des forêts de hêtres puisque les grands arbres de l’intérieur de la forêt perdent leurs feuilles en hiver tandis que les jeunes qui poussent en bordure gardent jusqu’au printemps leurs feuilles sèches et jaunies. Il y avait aussi des carreaux sombres avec du gris au milieu : c’étaient les grands fermes bâties autour de la cour, avec leurs toits de chaume noircis et leurs cours pavées. Et des carreaux verts bordés de marron aussi : c’étaient les parcs, dont les pelouses reverdissaient déjà tandis que les arbres n’avaient encore que leur écorce nue et marron.
Le garçon ne peut s’empêcher de rire en contemplant ce véritable quadrillage.

QUESTIONS :

 1) Lorsqu’on décrit un site vu d’en haut, à quoi sont en général comparés les champs et la végétation ? Les hommes ?
 2) Relevez toutes les comparaisons de ces textes : quels sont les termes comparés, comparants, les outils de comparaison ? A partir de quelle ressemblance ces comparaisons sont-elles faites ?
 3) Comparez les textes 3 et 4.

  • A quoi le paysage est-il comparé dans les deux cas ?
  • Pour autant toutes les comparaisons sont-elles construites de la même façon ? (Repérez les procédés qui permettent l’introduction de la comparaison) Y a-t-il à chaque fois les trois termes (comparé, comparant et outil) nécessaires à une comparaison ?
  • L’attitude du garçon qui découvre ce paysage est-elle la même dans les deux cas ? Tous deux comprennent-ils immédiatement ce qu’ils voient ? Dès lors, comment interprétez-vous les différences de construction des comparaisons ?

DÉROULEMENT DE LA SÉANCE

I. Correction des exercices

Conclusion :

Comment rendre compte de ce que l’on voit lorsque c’est quelque chose de nouveau, d’inconnu pour le lecteur ? Les quatre auteurs, confrontés à cette question, ont cherché à employer des comparaisons pour mieux suggérer au lecteur ce qu’il ne voit pas.

Dans certains cas, la comparaison devient métaphore : cette dernière permet d’assimiler ce que l’on voit à autre chose, alors que la comparaison ne fait que les rapprocher autour un point commun.

II. De la comparaison à la métaphore

LA METAPHORE

I. Définition
Il ne faut pas confondre :
- la comparaison, qui met en relation directe deux termes par l'intermédiaire d'un outil de comparaison
ET
- la métaphore, qui supprime cet outil de comparaison, et qui assimile comparé et comparant.

II. Technique de la métaphore
Il y a plusieurs stades de la métaphore, qui peut supprimer plusieurs éléments de la comparaison.
         1) La comparaison
Ex : Ce garçon est agile comme un singe
- le terme comparé est " ce garçon "
- le terme comparant est " un singe "
- l'outil de comparaison est " comme "
La comparaison se fait grâce à une qualité commune : agile

         2) Premier niveau de la métaphore
         Suppression de l'outil de comparaison, mais le comparé et le comparant sont toujours présents. Le point commun est également signalé.
Ex : Ce garçon est un singe agile

         3) Deuxième niveau de la métaphore
         Suppression du point commun, qui est sous-entendu.
Ex : Ce garçon est un vrai singe.

         4) Troisième niveau de la métaphore
         Suppression du terme comparé, qui est également sous-entendu.
Ex : Les grands-parents éblouis virent bondir un vrai singe.

LA METAPHORE

I. Définition
          Il ne faut pas confondre :
- la comparaison, qui met en relation directe deux termes par l'intermédiaire d'un outil de comparaison
ET
- la métaphore, qui supprime cet outil de comparaison, et qui assimile comparé et comparant.

II. Technique de la métaphore
          Il y a plusieurs stades de la métaphore, qui peut supprimer plusieurs éléments de la comparaison.
          1) La comparaison
Ex : Ce garçon est agile comme un singe
          - le ....................................... est " ce garçon "
          - le ....................................... est " un singe "
          - l' ....................................... est " comme "
La comparaison se fait grâce à une ....................................... : agile

          2) Premier niveau de la métaphore
Suppression de .................................., mais le .........................et le .................... sont toujours présents. Le point commun est également signalé.
Ex : Ce garçon est un singe agile

          3) Deuxième niveau de la métaphore
Suppression du ......................................................., qui est sous-entendu.
Ex : Ce garçon est un vrai singe.

         4) Troisième niveau de la métaphore
Suppression du ........................................, qui est également sous-entendu.
Ex : Les grands-parents éblouis virent bondir un vrai singe.

Conclusion :

Dans le texte de Selma Lagerlöf, on trouve une métaphore où il n’y a ni le comparé ni le point commun :
« Il vit alors une immense nappe à carreaux ».
On est ici à une limite pour la compréhension. Or c’est précisément sur ce point que joue l’auteur : elle veut nous montrer que Nils ne comprend pas tout de suite ce qu’il a sous les yeux.

III. Animer une description

1) Découverte

 PINEDE EN FLAMMES. Jean Giono, Colline

Ça a pris au tonnerre de dieu, là-bas, entre deux villages qui brûlaient des fanes de pommes de terre.
La bête souple du feu a bondi d’entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin. Elle était à ce moment-là dans les pinèdes à faire le diable à quatre. Sur l’instant, on cru pouvoir la maîtriser sans trop de dégâts ; mais elle a rué si dru, tout le jour et une partie de la nuit suivante, qu’elle a rompu les bras et fatigué les cervelles de tous les gars. Comme l’aube pointait, ils l’ont vue, plus robuste et plus joyeuse que jamais, qui tordait parmi les collines son large corps pareil à un torrent. C’était trop tard.
Depuis qu’elle a poussé sa tête rouge à travers les bois et les landes, son ventre de flammes suit ; sa queue, derrière elle, bat les braises et les cendres. Elle rampe, elle saute, elle avance. Un coup de griffe à droite, un à gauche ; ici elle éventre une chênaie, là elle dévore d’un seul claquement de gueule vingt chênes blancs et trois pompons de pins ; le dard de sa langue tâte le vent pour prendre la direction. On dirait qu’elle sait où elle va.
Et c’est son mufle dégoûtant de sang que Mauras a aperçu dans la combe.

QUESTIONS :
 1) Relevez toutes les métaphores du texte en indiquant à chaque fois quel est le comparé et quel est le comparant, même s’ils sont sous-entendus.
 2) Relevez toutes les expressions contenant un terme qui présente le feu comme un être vivant. ? Lecture du texte de Giono. ? Les élèves répondent individuellement aux questions.

2) Conclusion

Certaines métaphores assimilent un être inanimé à un être animé, un être vivant. Nous avons ici une personnification.

Ces verbes d’action ou de mouvement permettent d’éviter la tournure il y a et d’animer la description.

IV. Exercices

ANIMER LES DESCRIPTIONS. EXERCICES

A/ Reconnaître

 Exercice 1 : Relevez les métaphores et expliquez leur formation (point commun, terme comparé, terme comparant).
 Exercice 2 : Dans chaque phrase, relevez une personnification et indiquez le terme personnifiant.

B/ Ecrire

 Exercice 3 : Inventez à votre tour des expressions métaphoriques pour désigner ces mots, puis employez-les dans une phrase de votre choix.

1. Le soleil. 2. Une colline. 3. Les vagues et l’écume. 4. Un beau regard. 5. Un arbre. 6. L’automne. 7. La couleur rouge. 8. Un livre.

C/ Des verbes pour animer les descriptions

 Exercice 4 : Dans les phrases ci-dessous, remplacez la tournure il y a par un des verbes d’action suivants : Tomber, s’élever, flotter, tournoyer, s’élancer, barboter, s’étendre, encercler, planer, s’affaisser, s’amonceler, atteindre, se cacher, se détacher, se dresser, émerger, former, s’étaler, surgir, trôner.

  • 1. Au-dessus d’une tour, il y a un drapeau.
  • 2. En contrebas de la colline, il y a un petit ruisseau.
  • 3. Il y a du brouillard au-dessus de la ville.
  • 4. Il y a un petit village dans la vallée.
  • 5. Sur la montagne, il y a les ruines d’un château.
  • 6. Sur falaises, il y a des nids de mouettes.
  • 7. Autour du château, il y a une vaste et sombre forêt.
  • 8. Dans le ciel, il y a la cime d’un grand cèdre.

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