Introduction
Les monstres de la littérature constituent un monde hétérogène :
– hommes (Dracula) et objets (l’éponyme Bête humaine ou l’alambic dans l’Assommoir chez Zola par exemple), êtres déformés ou difformes (le Cyclope, Quasimodo, Mr Hyde ...)
– et êtres hybrides venus tout droit de l’imagination de leur créateur, nés d’un croisement. La mythologie antique nous en a transmis un certain nombre : centaures / sirènes / sphinx - dans lesquels on peut voir les ancêtres d’un Elephant Man ou issus d’une étrange métamorphose (cf. La Métamorphose de Kafka).
Or, on peut distinguer en définitive deux catégories de monstres :
– un être présentant une aberration par rapport à la norme, par rapport à la nature.
– un être issu de l’imaginaire de l’homme.
Ces deux catégories de monstres - dans leur dimension symbolique - peuvent faire l’objet d’analyses très diverses dans le cadre des nouveaux programmes de lycée. Notre propos est de donner quelques pistes qui nous ont paru exploitables.
Index des pistes et propositions de séquence
Niveau | Objet d’étude | Thème |
---|---|---|
2nde | Etude d’un mouvement littéraire et culturel au XIXème siècle | La figure de l’androgyne dans la littérature et la peinture romantique |
2nde | Etude d’un mouvement littéraire et culturel au XIXème siècle | Le fantastique : automates et créatures |
2nde | Etude d’un mouvement littéraire et culturel au XIXème siècle | Le fantastique : le vampire |
2nde | Etude d’un mouvement littéraire et culturel au XIXème siècle | Le Naturalisme : les métaphores monstrueuses dans les descriptions chez Zola |
2nde | Etude d’un mouvement littéraire et culturel au XIXème siècle | La question sociale : qui sont les monstres, les mineurs qui mènent une vie de bêtes ou les bourgeois qui les exploitent ? |
2nde | Le genre narratif | Le portrait : monstre physique et monstre moral |
2nde | Le genre narratif | Le fantastique : Maupassant Le Horla |
2nde | Le genre narratif | La Tentation de Saint-Antoine, le monstreux |
2nde | Démontrer, convaincre, persuader | L’autre, ce monstre |
2nde | L’éloge et le blâme | Paris, ville fascinante et monstrueuse |
1ère | Poésie | Monstres « du dehors » et monstres « du dedans » |
1ère | Poésie / réécriture | La transposition d’art comme mode de réécriture |
1ère | Etude d’un mouvement littéraire et culturel du XVIème et XVIIIème siècle | L’esthétique classique |
1ère | Le biographique | Le dédoublement : une quête d’identité |
1ère | Le biographique | Portraits et autoportraits monstrueux |
I. Une aberration de la nature
Pour cette première acception, on peut revenir au terme latin monstrum qui désigne tout phénomène ou être qui relèvent du prodige, soit tout élément non-naturel, hors norme, contraire à la nature. Le monstre peut ainsi être défini comme aberration de la nature.
La tératologie qui s’est développée à partir du XIXème siècle sous l’impulsion des travaux de Geoffroy Saint-Hilaire a dressé une typologie des aberrations de la nature.
Outre les nains et les géants, largement exploités par la littérature de jeunesse, on pensera en premier lieu à ces figures auxquelles la littérature a donné postérité et notoriété :
– le bossu : Quasimodo
– le cyclope (monstre simple) : cf. Odyssée
– l’androgyne
A. La figure de l’androgyne dans la littérature et la peinture romantique
1. Les origines du motif de l’androgyne
Il est intéressant de partir des mythes (extraits de l’Universalis sur CD-Rom)
– l’ Hermaphrodite dans Ovide, Métamorphoses
– mythe d’Aristophane rapporté par Platon dans Le Banquet : l’humanité était constituée d’êtres à quatre bras et quatre jambes, en forme de boule, qui se révoltèrent contre Zeus et qui furent châtiés par leur séparation en deux, effectuée par le maître des dieux et achevée par Hermès. Dès lors, les corps des humains portent des endroits percés - ceux qu’Hermès a aménagés dans son travail de réparateur, après la couture - et chaque moitié de l’androgyne primitif cherche sa moitié complémentaire : c’est cela que les hommes appellent amour
En Grèce, ainsi que dans l’Asie Mineure, existaient des rites de bisexualité ; les devins, les shamans, ancêtres des philosophes, portaient des robes de femmes (comme en témoigne l’iconographie du dieu Dionysos).
La biographie de l’un d’eux, Tirésias, comporte d’ailleurs des traits bisexuels : il fut successivement homme et femme, ce qui fut la cause même de sa cécité et de ses dons prophétiques.
Le pouvoir divinatoire est donc lié à la bisexualité, qui est manifeste dans le geste rituel de l’anasyrma : l’homme travesti en femme relève ses robes sur son sexe, geste sacré qui renvoie à l’origine des hommes, à la procréation mythique.
Marie Delcourt montre bien (Mythes et rites de la bisexualité ) que le mythe de l’androgyne trouve son aboutissement dans le mythe de l’oiseau phénix : il n’a pas de géniteur et s’engendre lui-même, dans le processus de combustion mystique où un bûcher lui sert de cercueil et de matrice.
2. La thématique de l’androgyne au XIXème siècle
Cette thématique a connu une vogue à la fin du XIXème, annonçant les théories freudiennes de bisexualité psychique : « le sexe dominant dans la personne aurait refoulé dans l’inconscient la représentation psychique du sexe vaincu ». Ainsi, chaque être humain refoulerait une position sexuelle du sexe auquel il n’appartient pas : la femme refoule l’envie du pénis, auquel elle substitue fantasmatiquement l’enfant ; l’homme a parfois une attitude féminine. Et les deux positions renvoient, pour Freud, à l’idée maîtresse de castration.
3. Des textes pour étudier la thématique de l’androgyne
La thématique de l’androgyne peut être abordée à partir des textes suivants :
– Balzac Sarrasine : un jeune artiste tombe amoureux d’une cantatrice, laquelle est en réalité le castrat Zambinella.
– Balzac Seraphîta : un personnage hermaphrodite immortel.
– Gautier Mademoiselle de Maupin : une femme qui se fait passer pour un homme // G. Sand
– Barbey d’Aurevilly Les Diaboliques
– Villiers de l’Isle Adam l’Eve future (cf. film Metropolis).
On notera également de nombreux personnages de jeunes éphèbes dans la littérature fin de siècle :
– Dorian Gray
– Des Esseintes.
Le motif de l’androgyne fait se croiser les thèmes de la perversion sexuelle, de la fascination et de la répulsion.
4. Le thème de l’inceste : un thème complémentaire
Sont également liés le thème de l’immortalité et celui de l’inceste :
– Balzac La fille aux yeux d’or (ch.III)
Un frère et une sœur qui s’ignorent s’éprennent passionnément de la même femme. La femme, marquise de San-Réal, la tue par jalousie :
La marquise avait les cheveux arrachés, elle était couverte de morsures, dont plusieurs saignaient, et sa robe déchirée la laissait voir à-demi nue, les seins égratignés. Elle était sublime ainsi. Sa tête avide et furieuse respirait l’odeur du sang. Sa bouche haletante restait entr’ouverte et des narines ne suffisaient pas à ses aspirations. Certains animaux, mis en fureur, fondent sur leur ennemi, le mettent à mort, et tranquilles dans leur victoire, semblent avoir tout oublié. Il en est d’autres qui tournent autour de leur victime, qui la gardent en craignant qu’on ne la leur vienne enlever, et qui, semblables à l’Achille d’Homère, font neuf fois le tour de Troie en traînant leur ennemi par les pieds.
Puis vient le face à face avec le frère, rival en amour :
Henri lui arrêta le bras et ils purent se contempler tous deux face à face. Une surprise horrible leur fit couler à tous deux un sang glacé dans les veines, et ils tremblèrent sur leurs jambes comme des chevaux effrayés. En effet, deux Ménechmes ne se seraient pas mieux ressemblés.
La fille aux yeux d’or, III
– Zola Nana (ch. IV)
Le jeune homme, couché sur le dos, aperçut au-dessus des épaules de cette adorable bête amoureuse qui le regardait, le sphinx de marbre, dont la lune éclairait les cuisses luisantes. Renée avait la pose et le sourire du monstre à tête de femme, et, dans ses jupons dénoués, elle semblait la sœur blanche de ce dieu noir.
Et un peu plus loin :
Il eurent une nuit d’amour fou. Renée était l’homme, la volonté passionnée et agissante. Maxime subissait . Cet être neutre, blond et joli, frappé dès l’enfance dans sa virilité, devenait, aux bras de la jeune femme, une grande fille, avec ses membres épilés, ses maigreurs délicieuses d’éphèbe romain. ... Elle pliait sous sa passion cette créature où le sexe hésitait toujours.
Nous avons là un passage très intéressant où se mêlent les thèmes de la chimère (sphinx), de l’animalité, de l’inceste, de la perversion sexuelle...
5. Documents iconographiques : images fixes et images mobiles
Images :
– les figures de Salomé : Gustave Moreau, peintres pré-raphaélites (Burne-Jones)
Film :
– Orlando (1992) de Sally Potter d’après le roman de Virginia Woolf : un personnage hermaphrodite immortel.
Fable fantastique d’Orlando (1928), le héros androgyne (inspiré par la belle romancière Vita Sackville-West) a beau cumuler les personnalités et les sexes, traverser le cours des siècles, il n’empêche qu’à force de vivre ainsi dans une oscillation perpétuelle, il aboutit à une désintégration totale de l’être dont la faute est peut-être l’objectivité. « Dois-je maintenant respecter l’opinion de l’autre sexe, si monstrueuse que je la trouve ? » se demande Orlando. Si la subjectivité enferme et désespère, l’objectivité disperse et détruit la personne : une fois de plus, il n’y a d’absolu que la mort.
6. Autre thème complémentaire
Moins connu, le « monstre » en Y (un tronc et deux têtes). On trouve chez Michaux un texte intitulé Double-tête, dans Epreuves, exorcismes.
Cette figure à deux têtes présente une symbolique riche qui repose sur des oppositions :
– dehors / dedans
– bien / mal
et qui a été largement exploitée dans la littérature.
B. Le portrait
A partir du cliché beau = gentil, laid = méchant ( par exemple dans les contes de fées), étudier les inversions possibles :
1. beauté physique cache monstruosité (diable)
– Robert le Diable
– TH. Gautier, La morte amoureuse : (p. 41)
Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être tous les deux ; elle ne sortait certainement pas du flanc d’Eve, notre mère commune.
– H. James, Le Tour d’écrou :
Sa présence balayait tout sentiment autre qu’une sorte de tendresse passionnée. La raison qui me le fit aimer sur le champ fut quelque chose de divin que je n’avais jamais trouvé à un tel degré chez un enfant - un air ineffable de ne rien connaître au monde que l’amour.
– Cazotte, Le Diable amoureux
– O. Wilde, Portrait de Dorian Gray
2. ou au contraire, la belle âme dissimulée par la difformité physique
Des textes :
– Texte de référence :
Rabelais, Prologue de Gargantua sur Socrate
– Hugo, Notre-Dame de Paris (Quasimodo), L’homme qui rit
Nombreux films sur le sujet :
– Tod Browning, Freaks : les héros sont d’authentiques « monstres » de cirque, alors que le véritable monstre dans le film est la belle Cléopâtre que les monstres puniront en la transformant à son tour en « curiosité monstrueuse ».
– David Lynch, Elephant Man
– Tim Burton, Edouard aux mains d’Argent, un conte moral sur la différence (qui rejoint le thème de la créature)
3. Retour possible sur les contes avec La Belle et la Bête (film)
II. Le monstre, produit de l’imaginaire humain
Parallèlement à ces monstres, fruits d’une erreur de la nature, la littérature et l’iconographie fourmillent de figures nées de l’imaginaire de l’homme.
A . L’autre, ce monstre
Est monstre ce qui est autre, est différent. Ce qui fait le monstre, c’est d’abord le regard que l’on porte sur lui.
Niveau | Seconde |
Objet d'étude | Démontrer, convaincre, persuader |
Thème | L'autre, ce monstre. |
Problématique | Réfléchir aux attitudes face à la différence : la rejeter, l'exhiber, l'idéaliser, la comprendre ? |
1. Barbares et civilisés : le rejet de la différence
Tradition de stigmatisation de l’Autre en monstre depuis les origines :
– Pline, Histoire naturelle, VI, 17-30 : catalogue des races monstrueuses.
– Hérodote, Histoires, II, 35-36. Euterpe, ed. Ph. E. Legrand, Paris 1994.
– Odyssée, le cyclope Chant IX, 172-192, les lestrygons anthropophages Chant X, 100-124.
Tradition reprise par les grands voyageurs :
– Marco Polo, Le devisement du monde
– Jean de Mandeville, Voyage autour de la terre
Elargissement possible :
– On peut penser à la rencontre du roi et du cynocéphale dans le roman d’Alexandre.
– On trouvera alors un écho chez un auteur contemporain :
Alejo Carpentier, La Harpe et l’ombre, Paris 1992 qui met en scène Christophe Colomb.
– On peut également montrer l’influence sur les théories racistes du XIXème, théories instrumentalisées au profit du colonialisme : Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines
2. Différence « monstrueuse » qui peut devenir un commerce lucratif en jouant sur l’attraction/répulsion qu’elle suscite
– Dans Cannibale (1998), D. Daeninckx témoigne du sort malheureux des Kanak envoyés à Paris pour être exhibés lors de l’exposition universelle de 1931.
3. Inversement on étudiera l’idéalisation de l’Autre avec le mythe du bon sauvage
– Montaigne, Essais I, 31 « Des cannibales »
– Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, II « Les adieux du vieillard »
4. Le statut à donner à l’Autre
On trouvera enfin dans La Controverse de Valladolid de J.C. Carrière un bel exemple de dialogue argumentatif sur le statut à donner à l’Autre.
B. Le monstre, illustration du pouvoir maléfique de l’homme
Les créatures, les automates
C. Il est manifestation, représentation du Mal
Niveau | Seconde |
Objet d'étude | Un mouvement littéraire du XIXème siècle |
Thème | Le fantastique : le vampire |
Problématique | Le vampire, une représentation du mal |
Groupement de textes | Les cent ans
de Dracula, 8 histoires de vampires de Goethe
à Lovecraft, ed. Librio On peut ainsi suivre l'évolution de la légende : + elle intéressait déjà les romantiques allemands (texte de Goethe : La fiancée de Corinthe, 1797) + elle est ensuite exploitée par les poètes anglais (Byron, Coleridge, Keats) pour faire une première apparition en prose dans le texte de Polidori (médecin de Byron), Le vampire (1819) + Puis Gautier, La morte amoureuse (1836) impose le thème de la femme vampire + Bram Stocker, Dracula (1897) a voulu ancrer la légende dans un contexte historique et géographique : figure historique de Vlad Tepes qui vécut au XVI siècle et connu pour ses atrocités. |
Films |
+ Murnau, Nosferatu (1922) |
2. Le monstre, représentation d’un mal intériorisé : le Horla
Niveau | Seconde |
Objet d'étude | Le genre narratif |
Thème | Le fantastique |
Texte | Maupassant Le Horla |
Problématique | Le Horla, une
création fantasmatique représentant le mal. Dans quelle meure le Horla peut-il être interprété comme l'incarnation des monstres intérieur ? |
3. Le monstre, emblématique de nos affres intérieures - fruit de nos angoisses et de nos terreurs
Niveau | Première |
Objet d'étude | Réécritures // poésie |
Thème | La transposition d'art comme mode de réécriture |
Problématique | Comment Michaux cherche par l'écriture et le dessin à saisir "les gestes intérieurs". |
Groupement de textes | Michaux - Epreuves, exorcismes. "Les Sphinx" (texte et dessins, Ed. Gallimard, Coll. de la Pleïade) - Epreuves, exorcismes. "Les Masques du vide" (texte et reproduction de la peinture, Ed. Gallimard, Coll. de la Pleïade) - Epreuves, exorcismes. "Craquements" - Peintures. Le Prince de la Nuit. Ed. Gallimard. |
Textes et documents complémentaires | Baudelaire
Les Phares Delacroix deux ou trois tableaux représentatifs (cf. [Louvre.edu->http://www.louvre.edu/louvre/index_louvre.php]) Goya Les Caprices 1796-1798 |
Modalités |
Séance 1 : Le principe de transpostion
d'art Travail pour l'heure suivante
: Séance 2 : Découverte
de l'univers de Michaux. (1 h.) Séance 3 à 6 : Lectures analytiques Problématique : comment les visions fantasmatiques qui sont là pour traduire les angoisses intérieures, la fascination maléfique pour la maladie, la mort, prennent corps différemment sous la plume et sous le pinceau ou le crayon. - lecture analytique des textes poétiques
: Séance 7 : Qu'est-ce que la poésie ? essai de définition Principe : - essayer de leur faire discerner dans les grandes lignes l'évolution qu'a pu connaître la définition de la poésie. - leur faire saisir et énoncer ce qui fait la poésie d'un texte. Séance 8 : atelier d'écriture Principe : à partir de dessins de Michaux, inviter les élèves à produire un texte dans une langue qui pourrait relever de la prose poétique. |
III. Le monstre, au centre d’une dialectique qui fait hésiter l’homme entre dégoût et fascination.
La thématique du monstre permet en définitive de réfléchir le rapport de l’homme au mal. La figure du monstre telle qu’elle est traitée dans la littérature peut être vue comme l’allégorie des rapports que l’homme entretient avec le monde, avec lui-même.
A. Regard sur le monde
Le monde extérieur prend parfois, sous la plume des écrivains l’apparence d’un monstre.
1 . Paris, ville fascinante et monstrueuse
Niveau | Seconde |
Objet d'étude | L'éloge et le blâme |
Thème | Paris |
Problématique | Paris, ville fascinante et monstrueuse |
Groupement de textes | + Apocalypse de
Jean, XIV, 8, 10, XVI, 10-21, XVII à XIX. + Balzac, La femme de trente ans, début du chap. IV + Balzac, Ferragus + Du Bellay, Antiquités de Rome, IV + Lemarque Francis A Paris (chanson dans le registre du réalisme poétique). + Zola, La curée, chap. II |
Modalités |
1ère étape : Paris, ville
fascinante : 2ème étape : Le mythe de la
Babylone infâme, la "bête", la prostituée
3e étape : Paris, la babylone
moderne + Baudelaire, "Epilogue", Les Fleurs du
Mal... Je t'aime ô capitale infâme..." + Zola, La curée, chap. II Conclusion : |
2. Une modernité monstrueuse
Objet d'étude | Mouvement littéraire et culturel du XIXème, le naturalisme |
Niveau | Seconde |
Thème A | [#metaphore<-]Les métaphores monstrueuses dans les descriptions chez Zola |
Références |
+ L'alambic dans l'Assommoir , + La locomotive dans La Bête humaine,
+ Le Voreux dans Germinal |
Thème B | [#sociale<-]La question sociale : qui sont les monstres, les mineurs qui mènent une vie de bêtes ou les bourgeois qui les exploitent ? |
Références |
+ Les halles dans Le Ventre de Paris.
+ Le magasin dans Au bonheur des dames est toujours qualifié de monstre ; un monstre construit sur la dépouille de Mme Hédouin, morte des suites de sa chute lorsqu'elle visitait les travaux. Le grand magasin, comme la mine de Germinal, c'est l'ogre qui dévore les clients, les employés, mais surtout les petits commerçants. |
B. Regard sur soi-même : du double-infernal aux monstres intérieurs
Les monstres créés par l’imaginaire et les visions monstrueuses fruits de ce même imaginaire sont une figure du travail introspectif que l’homme fait sur lui-même.
1. Le double infernal
Objet d'étude | Le biographique |
Niveau | Première |
Thème | Le dédoublement |
Problématique | Autour du dédoublement comme quête de l'identité |
Pistes |
+ On pourra étudier le jeu avec les
identités possibles : + Dualité Bien/ Mal, miroir de la conscience,
manière d'extérioriser la "face noire" de l'individu
|
2.L’autoportrait monstrueux
Objet d'étude | Le biographique |
Niveau | Première |
Thème | Portraits et autoportraits monstrueux |
Problématiques | Fonction et signification du monstrueux dans l'écriture des portraits et auto-portraits. |
Modalités |
Autour du portrait ( et de l'autoportrait) monstrueux comme quête de l'identité : plaisir masochiste de se représenter en monstre, fascination pour l'horreur, provocation contre la société policée. Textes : |
Pistes complémentaires |
+ Tout un travail est possible autour du minotaure
et de ses représentations, notamment chez les
peintres symbolistes : + Travail sur la déformation, sur le monstrueux
avec une part de provocation -
Arcimboldo |
3. L’espace du dedans : un espace monstrueux
L’expression même « espace du dedans » fait référence à Michaux. Michaux s’intéresse en priorité à l’« espace du dedans », il se dit et se décrit comme habité par « des larves et des fantômes ». Il cherche par l’écriture et le dessin à saisir « les gestes intérieurs ». L’écriture donne ainsi vie aux monstres intérieurs. Elle est l’outil d’une exploration du subconscient. Et parallèlement, elle a une fonction cathartique.
C. Regard sur le monstre : un regard paradoxal
1. Le monstre est ambivalent
On peut, dans cette perspective, s’interroger sur la signification de la présence des monstres dans les représentations de la « Tentation de Saint-Antoine ».
Niveau | Seconde |
Objet d'étude | Le genre narratif |
Thème | Le monstrueux |
Problématique | Présence
et fonction du monstrueux dans les représentations
de Saint Antoine. Comment s'expriment et s'expliquent tout à la fois la fascination et le dégoût pour le monstrueux. |
Objectifs | Cette séquence s'articule à un travail séquentiel sur Naturalisme et Réalisme, (Objet d'étude : Mouvement littéraire du XIXème et du XXème) et à une séquence construite autour d'un groupement de textes consacré au Symbolisme (Objet d'étude : La poésie) |
Oeuvre | Flaubert La Tentation de Saint Antoine |
Documents complémentaires | Références
utiles pour construire un dossier documentaire
sur la "Tentation de Saint Antoine"
: - Peintres ayant réalisé des "Tentation de Saint Antoine" : Bosch, Bruegel, Cézanne, Callot, Dali, Delaroche, Ernst, Gruenewald, Huys, Isabey, Véronèse, Vouet. - Parmi les séries lithographiques d'Odilon Redon, une est consacrée à l'évocation de la tentation de saint Antoine. - Musique : Werner Egk La Tentation de saint Antoine, pièce pour alto et cordes. |
2. La place du monstre dans l’esthétique du XVIIème et du XVIIIème siècle
Niveau | Première L | ||||||
Objet d'étude | Etude d'un mouvement littéraire / associé à l'objet d'étude théâtre | ||||||
Thème | L'esthétique classique | ||||||
Problématique | Comment la figure du monstre et le traitement qui lui est réservé sont révélateur des fondements de l'esthétique classique ? | ||||||
Objectifs | Définir l'esthétique
classique en étudiant la place que le Classicisme
donne au monstre. Etudier Phèdre à la lumière du thème de la monstruosité. |
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Oeuvre | Racine Phèdre | ||||||
Documents complémentaires | - M. Foucault
Histoire de la Folie. (p.186) - Descartes Méditations, I - Boileau |
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Schéma d'élaboration du cours |
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Conclusion
La lecture de Phèdre, à la lumière de la thématique du monstre, permet de souligner quelle est la symbolique du monstre et quels sont les faisceaux de signification qui lui sont attachés.
Difforme ou hybride, né de la nature mais aberrant ou contre-nature :
– La figure monstrueuse est une allégorie du mal. L’homme a alors au monstre un rapport d’extériorité. Il est vainqueur ou vaincu, victime ou héros.
– Le monstre est une projection extériorisée du mal intérieur qui ronge l’homme. Il est alors produit fantasmatique de l’imaginaire et tend à traduire nos angoisses et nos obsessions. L’évolution du traitement de la figure du monstre dans la littérature semble nous conduire de la représentation des monstres, figure du mal extérieur qui menace l’homme, à des représentations monstrueuses chargées d’évoquer les monstres intérieurs qui hantent l’esprit humain.