Une nouvelle place pour l’oral au lycée
Dans le cadre de la réforme du baccalauréat, les élèves de terminale devront présenter, en 2021, un grand oral de vingt minutes, dont Cyril Delhay [1]présente ainsi l’enjeu :
« donner fermeté, sens et perspective à une formation des élèves à l’oral, formation systématique, raisonnée, consciente de ses enjeux et de ses méthodes, tout au long du parcours scolaire. »
En développant ses compétences orales,
« l’apprenant construit (...) des compétences et des savoir-être dont il aura besoin tout au long de sa scolarité, mais aussi pour sa vie personnelle, professionnelle et sociale. »
En 1941, Jean Zay faisait déjà le constat suivant [2] :
« L’écolier apprend à lire, à écrire, à compter, à raisonner non à parler. Or, c’est en parlant que bien souvent il devra exercer sa profession ; c’est en parlant, en tout cas, qu’il lui faudra presque toujours défendre ses intérêts, soutenir sa pensée, convaincre ses interlocuteurs. »
Enjeux de l’oral dans le cours de français
Essentiel dans la formation du citoyen, l’oral fait aussi l’objet d’une épreuve anticipée en français, à laquelle le professeur de lettres doit préparer ses élèves.
Mais comment, dans une classe de trente-cinq élèves, le professeur de français peut-il rendre audible la parole de chacun ?
Dans une conférence donnée en janvier 2019 à l’INSPE de Gennevilliers, Elisabeth Bautier expliquait que « prendre la parole » ou « répondre aux questions du professeur » ne voulait pas dire pour l’élève « pratiquer l’oral ». Il convient donc de s’interroger sur l’usage que l’on veut faire de l’oral en classe et sur les objectifs visés .
Présentation de la démarche
Pour tenter de répondre à cette question, nous présentons deux démarches où les élèves, en petits groupes, sont invités à construire ensemble leur réflexion. En effet, le travail en îlots favorise le développement et l’expression de la parole de chaque élève. Ces démarches supposent donc de repenser l’espace de la classe et induisent de fait un changement de posture de la part du professeur qui n’est plus face au groupe classe mais à côté des élèves pour organiser leurs échanges [3].
Intervenant en fin de séquence, les deux expérimentations s’appuient sur les connaissances acquises en amont par les élèves, qu’il s’agit de remobiliser et de réactiver. En outre, pour mettre en place les conditions d’un débat entre les élèves, les professeures choisissent des œuvres littéraires et artistiques que les élèves sont invités à confronter.
Pour travailler les diverses compétences liées à l’oral, les deux séances conjuguent oral de travail et oral de prestation, qui sont en réalité intrinsèquement liés, comme en témoigne la grille d’évaluation indicative du grand oral de Terminale [4] :
- L’oral de travail est un temps pour se nourrir des échanges entre pairs afin de construire une réflexion autonome sur les œuvres, conceptualiser et définir des notions.
- L’oral de restitution ou de prestation développe davantage les compétences liées à l’éloquence et à la force de persuasion du discours.