Une expérience de travail collaboratif sur internet autour de la lecture et du vocabulaire

, par COLOMBI Raphaële, collège Pierre de Coubertin, Chevreuse

Cette séquence a été construite dans le cadre des TraAM Lettres 2011-2012 dont le cahier des charges se trouve sur le site Eduscol.

Objectif

L’idée est d’apprendre à des élèves de 3ème à mutualiser leurs connaissances, à utiliser les ressources en ligne de façon intelligente, et à maîtriser l’outil informatique, en dehors de la classe.

Le constat

Dans le cadre d’une classe à projet interdisciplinaire EDDSICA [1], en collaboration avec le professeur de SVT, un livre d’Albert Jacquard, Moi et les autres , est étudié. Il permet de montrer les glissements, pas toujours explicités, entre discours explicatif et argumentatif : il se présente donc comme une bonne passerelle entre les acquis de la quatrième et les compétences nouvelles à développer en troisième. Cependant, le vocabulaire scientifique spécialisé y est abondant, et deviendrait vite une charge de travail trop contraignante pour les élèves, et même un obstacle à la compréhension.

Les outils

Au collège, nous n’avons pour l’instant pas d’espace numérique de travail à disposition, c’est pourquoi il est tout simplement décidé dans un premier temps de se servir de l’outil Google docs , facile d’utilisation, et à la portée de tous. Le professeur vérifie que l’accès à internet est possible pour chaque élève, et rappelle que des ordinateurs connectés sont à disposition au CDI en cas de problème à la maison, la documentaliste ayant été préalablement avertie du projet.

La mise en œuvre

Il s’agit d’une lecture suivie : le travail est donc fractionné. Pour chaque lundi, les élèves après avoir lu un chapitre ou deux, inscrivent les mots qu’ils n’ont pas compris directement sur le document créé dans Google docs. La classe a été divisée en équipes de cinq ou six, avec un capitaine : Celui-ci doit répartir les mots à chercher pour le jeudi suivant. Sur un autre document, des liens vers les différents dictionnaires en ligne ont été mis à disposition par le professeur. Le copier-coller, loin d’être interdit, est plutôt préconisé : il s’agit simplement de sélectionner la bonne définition, ce qui n’est pas, dans ce texte scientifique, sans déjà poser problème…
Pour inciter les élèves à consulter le lexique pendant son élaboration, une des questions préparatoires aux explications de texte réinvestit un ou plusieurs des mots difficiles rencontrés.
Au début du cours, le jeudi, on se contente dans un premier temps de commenter le lexique, si besoin est : une mauvaise définition, ayant gêné la compréhension, fait l’objet d’une interrogation d’un élève, qui permet au professeur de corriger le travail directement sur le TNI, [2] en utilisant les dictionnaires proposés en lien. On s’aperçoit également que certains mots scientifiques ne sont pas répertoriés : pour les comprendre, les dictionnaires proposés ne suffisent plus. Un cours sur les racines grecques et latines devient alors nécessaire. Quelquefois même, il faut faire appel aux lumières du professeur de SVT. L’interdisciplinarité s’impose d’elle-même.

Bilan

Les élèves, dans un premier temps, sont assez inquiets : contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils ont peur de ne pas maîtriser l’outil informatique, leurs compétences dans ce domaine se limitant pour certains à Facebook… Une fois cependant qu’ils sont rassurés sur la simplicité d’utilisation, le travail collaboratif devient une évidence. Le professeur voit très vite apparaître d’autres documents, sur lesquels les élèves se posent des questions : il suffit d’intervenir de temps en temps dans le débat, et de rappeler certains problèmes qui y ont été posés lors du temps de classe pour que cela n’entraine pas de triche bête ou autres dérives.
Tout au long de l’année, à différentes reprises, ce sont les élèves qui proposent d’utiliser Google docs pour partager des documents. Le peu de formats supportés est cependant un obstacle. Une plate-forme en ligne acceptant texte, audio, mais aussi vidéo dans la plupart des formats disponibles serait bien plus utile, surtout dans cette classe qui, par ailleurs, travaillait à l’élaboration d’un film documentaire.
Le bilan de la période montre une compréhension satisfaisante du livre étudié : le travail collaboratif apparaît comme une réussite parce qu’il a permis de franchir l’obstacle de la difficulté du texte sans découragement de la part des élèves. Le réinvestissement régulier des notions dans le cours est cependant nécessaire, ainsi que l’évaluation finale, pour que le copier-coller des définitions ne reste pas lettre morte…
Une petite difficulté est cependant apparue, peu prévisible et cependant non négligeable : cette classe, de niveau très moyen, comportait un certain nombre d’élèves peu enclins au travail, et leurs parents, en éducateurs responsables, voulaient réguler la présence devant l’ordinateur. Le travail donné par le professeur de français devenait alors un obstacle. La solution a été alors l’utilisation, encadrée, des postes informatiques du CDI, et un contrat avec l’élève pour la récupération de son autonomie à la maison.

Annexe

Items du socle commun concernés par ce travail :

Compétence 1

  • Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi.
  • Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à des outils appropriés pour mieux lire.
  • Comprendre un texte à partir de ses éléments explicites et des éléments implicites nécessaires.

Compétence 4

  • Utiliser les logiciels et les services à disposition
  • Participer à des travaux collaboratifs en connaissant les enjeux et en respectant les règles.

Notes

[1Education au Développement Durable à la Solidarité Internationale et à la Culture Africaine, voir le site du collège.

[2un vidéo-projecteur fait aussi bien l’affaire : le TNI rend simplement plus facile l’intervention d’un élève dans cette correction.

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