Partir des connaissances des élèves pour opérer une lecture critique des manuels
Au lieu de cours « traditionnels », faire observer le manuel, y réfléchir, puis faire rédiger ce qu’il dit sur telle ou telle notion, dans une perspective critique et argumentative, l’élève devant justifier les propositions du manuel ou les infirmer, en trouvant des contrexemples, en cherchant soit dans ce qu’il sait déjà, soit de le manuel lui-même ( les batteries d’exercices, notamment), qui sert alors de « réservoir à corpus » : « Le livre dit que…mais…. On constate que… ».
Cette démarche assigne un nouveau statut à la règle, qui devient objet d’évaluation et non plus d’apprentissage par cœur. La lecture devient active, car elle est motivée par un projet.
L’analyse grammaticale acquiert également un autre statut puisqu’elle n’est plus le but de l’activité, c’est l’analyse critique qui l’est. De cette façon, indirectement, et « sans s’en rendre compte » les élèves s’imprègnent des savoirs grammaticaux sur lesquels ils réfléchissent, et s’approprient la terminologie.
La grammaire est ainsi vécue par les élèves non plus comme un objet monolithique, mais comme un ensemble d’hypothèses, non figées. Même les élèves dits faibles, motivés par l’attrait de la critique se prennent au jeu.
Le rôle de l’enseignant, qui accompagne cette réflexion, est singulièrement modifié, puisqu’il ne délivre plus un savoir univoque,figé et immuable.
Telles ont les propositions innovantes de Danielle Leeman qui ont le mérite de nous faire faire un retour critique sur nos pratiques.
Danielle Leeman
Professeur de Sciences du langage
Université de Paris Ouest Nanterre La Défense
UMR 7114 « MoDyCo », CNRS