L’aide à l’argumentation en Aide Individualisée grâce aux TICE

, par BERTHAUX Françoise, Lycée Camille-Claudel, Palaiseau

Une séquence d’aide individualisée en français avec l’apport des TICE : cerner une notion et préparer une argumentation à l’aide du logiciel
« L’argumentation assistée par ordinateur » (CNDP)

Les TICE (Techniques de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) peuvent intervenir dans les séances d’aide individualisée pour des activités diverses : enrichissement du vocabulaire par des recherches sur les suffixes ou sur les mots d’origine étrangère à l’aide du Petit Robert électronique ; rédaction de textes variés grâce au logiciel Gammes d’écriture, notamment dans la section « Gymnase » ; entraînement à la recherche documentaire dans la version électronique de l’Encyclopaedia Universalis ; aide à l’argumentation grâce au logiciel L’argumentation assistée par ordinateur.

Ce logiciel, conçu par Danièle Girard, et diffusé par le CRDP de Rouen, se prête tout particulièrement aux activités en module, mais peut aussi être utilisé en séances d’aide individualisée, en adaptant éventuellement certains des exercices qui y sont proposés. Il comporte une base de données constituée à partir de 350 textes argumentatifs donnés au baccalauréat, auxquels s’ajoutent, dans un fichier de « citations », 460 sujets de discussion ou d’essai littéraire. Un index des thèmes permet de sélectionner les textes utiles à l’élaboration d’une réflexion.

On peut recourir à ce logiciel pour aider des élèves dont les productions argumen-tatives sont pauvres. L’argumentation assistée par ordinateur doit justement leur permettre d’enrichir leur réflexion.

Une séquence d’aide individualisée est proposée, au cours du deuxième trimestre, à des élèves dont les difficultés en argumentation ont été repérées dans de précédents devoirs ; elle intervient après un groupement de textes (étudié en classe entière) sur la mythologie dans la poésie française au XVIème siècle. A titre d’exercice, les élèves ont à rechercher les idées pour traiter le sujet suivant : Existe-t-il des mythes pour l’homme moderne ? Il ne s’agit pas en fait de rédiger le devoir, mais de s’en tenir au travail de préparation qui doit nourrir la réflexion.

Les élèves ont quelques notions sur la mythologie gréco-romaine mais perçoivent difficilement l’existence de mythes modernes. Il leur faut donc découvrir quels peuvent être ces mythes modernes, trouver une définition générale du mythe qui prenne en compte ces nouveaux mythes, et se demander quelles sont les fonctions du mythe.

L’argumentation assistée par ordinateur permet aux huit élèves choisis de mener à bien cette préparation. La totalité de la séquence, soit trois séances d’une heure, se déroule en salle informatique où chaque élève dispose d’un ordinateur.

Dans le répertoire « exemples », le fichier 2-mythe sert de point de départ à leur travail ; trois étapes y sont prévues : constituer un corpus de travail, trouver une problématique en dégageant des axes de réflexion permettant de cerner la notion, répondre à ces questions à partir des textes du corpus. Seule la première étape est suivie conformément au logiciel ; la suite du travail se donne des objectifs plus restreints, tout en restant dans le cadre de sa progression.

Chaque élève constitue d’abord un corpus en recherchant dans les différents fichiers du répertoire « textes » toutes les occurrences de « mythe » ou « mythes » grâce à la fonction Edition-Rechercher. Il sélectionne la partie du texte qui lui semble pertinente pour éclairer l’emploi du mot et copie sa sélection dans le fichier d’exercice. (L’aide du professeur est souvent importante à ce stade du travail pour aider l’élève à utiliser efficacement les fonctions du logiciel et à faire les choix pertinents ). A l’issue de cette recherche se trouve rassemblé un corpus d’une vingtaine de textes d’une longueur allant de trois à une dizaine de lignes, soit quatre pages - un ensemble suffisamment important pour fournir de la matière à la réflexion, et suffisamment maniable pour être aisément exploité. Les auteurs vont d’Alain à Michel Tournier en passant par Roger Caillois et Jacqueline de Romilly. (L’élève qui a eu des difficultés à constituer son corpus, notamment en raison de découpages peu judicieux, peut consulter le corrigé qui figure dans le fichier b-mythe.) Ce corpus doit être copié deux fois afin de permettre des manipulations ultérieures.

La deuxième étape du travail consiste à relever dans le corpus les mythes antiques d’une part et les mythes modernes d’autre part en utilisant la fonction pique-notes. Parmi les mythes antiques sont mentionnés notamment le mythe homérique, le mythe chevaleresque, les mythes tragiques ; parmi les mythes modernes figurent le mythe olympique, le mythe du western, le mythe du progrès. La comparaison entre les deux listes fait apparaître sept mythes antiques et huit mythes modernes, ce qui permet à l’élève de constater, en revenant à la question initiale, que le recours au mythe est bien une constante de l’esprit humain (A noter que l’un des textes met justement en relation le mythe chevaleresque et celui du western).

La troisième étape consiste à approfondir la notion de mythe à partir de nouvelles observations faites dans le corpus. Il s’agit, grâce au pique-notes, et avec l’aide du professeur, de relever les notions connexes associées au mythe, soit : « idoles », « idées », « rêve », « croyance », « idéologie », « mentalité », « idéal », « conscience collective », « héros », « symbole », « allégorie ». La signification de ces mots est vérifiée dans le dictionnaire. A l’issue de cette étape, l’élève peut voir et écouter, sur le cédérom La Mythologie antique, la brève introduction de Jean-Pierre Vernant qui donne, avec beaucoup de clarté, une définition du mythe et mentionne d’ailleurs, à côté des mythes présentés dans ce cédérom, l’existence de « mythes du XXème siècle ». La définition qu’il donne englobe effectivement les significations trouvées par les élèves.

La dernière étape doit permettre de trouver les fonctions du mythe pour l’homme moderne en se référant une dernière fois aux textes du corpus. L’élève peut y trouver cinq à six fonctions, qu’il peut d’abord copier telles quelles et qu’il est invité ensuite à reformuler. Le logiciel fournit, dans le fichier b-mythe, un corrigé-type auquel il est possible d’accéder en exécutant la commande Afficher-Annotations ; l’élève peut y confronter ses propres réponses. (Quatre questions y sont traitées : Quelles sont les différentes fonctions du mythe ? Le mythe évolue-t-il ? Quels sont les mythes modernes ? Quelles définitions du mythe se dégagent de ces observations ? On retrouve donc en fait, à la fin de la séquence les points initialement prévus par la conceptrice du logiciel, mais au terme d’une progression encore plus « assistée »)

Trois séances d’une heure sont nécessaires pour mener à bien cet entraînement, qui se fonde donc, pour l’essentiel, sur l’utilisation du logiciel L’argumentation assistée par ordinateur, accompagnée de la consultation du cédérom La Mythologie antique, et du dictionnaire, en version électronique ou en version papier. Le travail d’écriture est limité à quelques prises de notes mais le travail de réflexion, avec l’aide du professeur, est approfondi. Les élèves peuvent imprimer à la fin de la séquence le résultat de leurs recherches ( les mythes antiques et modernes, les notions associées au mythe, la définition du mythe et les fonctions de celui-ci). Ils constatent surtout que la préparation d’un devoir d’argumentation implique une recherche matérielle des idées et des exemples (et non pas simplement de longs moments de perplexité douloureuse devant une copie). Ils peuvent désormais se sentir plus en confiance pour conduire eux-mêmes leurs recherches, notamment au CDI en utilisant les mots-clés qui permettent d’accéder à d’autres sources documentaires. (Le logiciel utilisé peut d’ailleurs constituer aussi une base de données précieuse pour de nombreux autres sujets, puisque plus de 150 thèmes y sont répertoriés.) Une telle séquence joue donc bien un rôle de passerelle vers l’autonomie dans la réflexion.

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