Exemple d’une séance de lecture en 6° : « Le loup et l’agneau » La Fontaine
La démarche adoptée en lecture a une incidence majeure sur la mobilisation des élèves, sur la compréhension. La didactique traditionnelle basée sur des questions d’observation procède par prélèvements successifs qui éclatent le texte dans sa continuité. Dans la lecture analytique en effet, l’élève n’est plus placé en situation de lecteur directement en prise avec un texte dans sa globalité, il est invité à repérer des éléments isolés, discontinus (récit du fabuliste, désignation des personnages, répartition des discours directs ; discours du moraliste). L’activité « répondre aux questions posées » fait écran à l’expérience de lecture qui exige la mobilisation du lecteur pour construire le sens par un jeu de reformulations, de liens entre ce qu’il lit et ce qu’il sait par son expérience, ses savoirs scolaires et culturels : la violence existe, le plus fort impose souvent sa loi.
Un projet culturel et littéraire : « Le loup et l’agneau », quel maître, quel bourreau, quelle victime ?
- Une recherche à travers un corpus et des références (expérientielles, iconographiques, littéraires)
- Une question à réguler selon les âges des élèves : « La violence au fondement du monde ? » : des fables et des récits pour le dire.
- Lecture et oral, écriture : la fable, des fables et l’histoire des arts, leurs représentations iconographiques
Quelle plus-value pour les élèves ?
Chaque élève peut apporter sa pierre à l’édifice, aussi petite soit-elle. Les élèves ont une certaine liberté d’expression qui leur permet d’aborder le texte à partir de leurs compétences propres (les uns par intuition, les autres par analogie avec leur expérience du monde, les autres par le repérage direct des faits de langue). L’approche par compétences favorise la différenciation pédagogique.
Quel travail en classe pour le professeur ?
Le professeur ajuste ses interventions et change de posture.
- Il est une ressource
- En travaillant par compétences, le professeur peut à tout moment évaluer les compétences tout en les formant et les affinant. Évidemment, il fait des choix et n’étudie pas tout.
Quel travail hors la classe pour le professeur ?
- Il a fait lui-même son explication de texte, définit l’orientation du cours.
- Il structure sa séance en phases et prépare des déclencheurs simples.
Classe de 5°, séance d’ouverture d’une séquence
Regarder le monde, inventer des mondes, imaginer des univers nouveaux
Le projet de séance réalisé par le professeur à son bureau : « Entrer dans un monde imaginaire, entrer dans la fiction. »
Un petit corpus :
- Incipit ou texte complet tirés de : Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll, —* « Cendrillon ou la petite pantoufle de vair », Perrault,
- « La clé d’or », des frères Grimm,
- Le merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf.
Un objectif : réfléchir au passage du réel à l’imaginaire dans et par la fiction.
La mise en œuvre de la séance
Le projet est assez simple, il s’agit de faire réfléchir les élèves à l’entrée dans la fiction, c’est-à-dire ici au passage dans un monde imaginaire, inventé par leur expérience de lecteurs ou de spectateurs. Pourtant la lecture des trois extraits, le simple rappel de formes d’ouvertures ne suffisent pas à mobiliser la classe. De plus, ces éléments risquent de susciter un rapport de connivence entre le professeur et certains élèves et de laisser d’autres enfants sur le bord du chemin.