L’élève, réalisateur de MOOC Reconquérir la motivation et l’attention de l’élève par le MOOC

, par Aurélie GOUNEAU

Depuis quelque temps, nous sommes face à un constat, aussi bien navrant qu’alarmant : l’élève s’ennuie à l’école. Comment lutter contre ce fléau qui envahit nos salles de classe et s’attaque à la motivation de nos élèves ? Comment faire de ce constat un combat ?

Le matériel

Le MOOC, massive open online course, est un exemple de réalisation de petits formats vidéos ne nécessitant ni matériel informatique ou vidéo, ni montage", un smartphone ou un ipad suffisent , et favorisant l’autonomie de l’élève puisque c’est lui qui en est le créateur.

Il devient donc un support de travail idéal pour les élèves et les enseignants qui n’ont besoin d’utiliser que ce qui existe dans leur entourage média immédiat, à savoir un smartphone ou un ipad. Certains élèves, maîtrisant l’art du dessin, pourront laisser libre cours à leur talent ; d’autres utiliseront des post-it ou tout autre support leur permettant d’illustrer leurs idées. Il va sans dire que cet exercice fait appel à l’imagination, nécessaire à toute création.

Lors de l’étude de la nouvelle La Parure de Maupassant, plusieurs idées de MOOC ont surgi (biographie de Maupassant, définition de la nouvelle à chute etc.) et notamment celle de rendre compte de chaque partie de la nouvelle étudiée en classe par un MOOC, à l’image d’un compte-rendu de lecture.

Les objectifs poursuivis

Dans cette expérimentation, l’idée directrice est l’appropriation d’un savoir ou d’un contenu, qu’il soit littéraire ou grammatical, par les élèves. Cela nécessite un questionnement de leur part sur ce qui est essentiel, sur le choix des illustrations de leur propos ainsi que sur celui de leur vocabulaire. En effet, ce dernier est primordial puisque le MOOC doit retracer en quelques mots, en quelques images (sous forme de post-it, d’illustrations) et en quelques minutes le contenu d’une séance ou le résumé d’un livre pour les autres élèves : l’élève réalisateur se place alors, le temps d’un MOOC, dans la situation d’un enseignant et transmet un savoir sur lequel il a réfléchi et qu’il s’est approprié, de quelque manière que ce soit.
Ainsi, les élèves de la classe bénéficient d’une double approche d’une notion : celle de l’enseignant et celle de l’élève réalisateur du MOOC, parfois plus ludique.

Comment réaliser concrètement un MOOC ?

Après avoir expliqué aux élèves ce qu’était un MOOC, il semble primordial de leur présenter un exemple concret, exemple réalisé par l’enseignant afin « d’ouvrir le chemin » des MOOC : cela suscite la curiosité des élèves et bien souvent l’étonnement. Cela permet également de créer une ambiance de travail différente de celle que connaissent les élèves habituellement : le MOOC n’est alors pas catégorisé comme un nouvel exercice à faire, donné par l’enseignant, puisque lui-même s’est essayé à cette pratique.

Les élèves sont informés, dès le début de la séquence, de la mission qui leur incombe : ainsi, après la lecture d’une nouvelle, une étude de vocabulaire ou un cours sur un outil de langue, ils se proposent, généralement en binôme, de prendre en charge la création du MOOC. L’enseignant n’intervient alors que pour donner des conseils, des pistes de travail éventuelles et pour filmer dans le cas où les élèves ne pourraient pas le faire à la maison.

Une fois le MOOC réalisé, dans un délai discuté entre l’enseignant et les élèves réalisateurs, ces derniers le remettent ou sur clé USB ou en pièce-jointe dans un message électronique. Se mêlent alors impatience et fierté : impatience des élèves à découvrir le travail réalisé par leurs pairs et fierté de ces derniers à présenter leur réalisation.

Les résultats observés

Le MOOC a remplacé le traditionnel exposé dans le cœur des élèves qui se prêtent au jeu plus facilement. En intégrant l’utilisation d’un outil-nomade, à savoir le smartphone ou la tablette, l’élève ne se sent pas écrasé par le poids d’un exercice habituel : les recherches que le MOOC demande au préalable, que ce soit au CDI ou à la bibliothèque, deviennent la première étape, nécessaire à leur future réalisation et non plus un travail contraignant.
Selon Jean-Luc Berthier, spécialiste en sciences cognitives de l’apprentissage, la mémorisation active et la pédagogie d’implication sont deux des piliers d’une pédagogie en accord avec le fonctionnement du cerveau. Ainsi, en favorisant la réactivation et l’appropriation d’une notion, les apprentissages sont plus solidement ancrés. Le MOOC faisant appel essentiellement au visuel, il est plus facile de réactiver les souvenirs grâce aux images visionnées qu’aux lignes de mots écrites sur un cahier...
La pratique du MOOC est collaborative et s’adapte à chacun : chaque élève y trouve sa place, aussi bien celui qui a parfaitement intégré la notion étudiée que celui qui a plus de difficultés mais qui excelle dans l’utilisation du numérique.

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