Publication d’une édition de René Char chez Mango Jeunesse
Auteur(s) :
Sylvie Dardaillon(sylvie.dardaillon@orleans-tours.iufm.fr)René Char
Chloé Poizat
Mango jeunesse, album Dada, 2001, 43 pages (niveau 3)
Mots clés : Poésie, philosophie, aphorismes, vers, poème en prose, vie, mort, résistance, engagement
Présentations
Auteur : René Char
Né le 14 Juin 1907 à l’Isle-sur-Sorgue, René Char publie son premier recueil, Cloches sur le cœur, aux Editions Le Rouge et le Noir en 1928, puis Arsenal en 1929, dont la lecture provoquera la visite de Paul Eluard qui persuade Char de se joindre au mouvement surréaliste.
Il collaborera alors à La Révolution surréaliste, participera aux manifestations surréalistes et écrira en collaboration avec Eluard et Breton.
Lors de la seconde guerre mondiale, il entre en résistance sous le nom d’Alexandre et cesse alors de publier et presque d’écrire, seuls ses carnets l’accompagneront.
En revanche, après la guerre, les publications littéraires reprennent et ne s’interrompront plus jusqu’à sa mort. Ami des plus grands artistes du XX° siècle (Picasso, Braque, Giacometti, Brauner, Miro, de Staël, Zao Wou-Ki ...), ses oeuvres paraissent accompagnées de dessins, d’eaux-fortes, de lithographies originales. En 1980, la Bibliothèque nationale expose ses manuscrits enluminés par les peintres du XX° siècle. René Char meurt d’une crise cardiaque le 19 Février 1988.
Illustrateur : Chloé Poizat
Elève de l’Ecole des Beaux-arts d’Orléans, elle est titulaire d’un diplôme national d’arts plastiques. Elle participe à nombre de salons de peinture depuis 1990. Elle a une passion pour la gravure, pour les supports papier. C’est une boulimique de littérature, une forte personnalité du monde de l’image. Char, l’homme de feu, de « fureur et de mystère », convenait bien à son tempérament.
Choix d’édition
Constitution du recueil
Il s’agit d’une anthologie, donc d’un choix de lecteur parmi les textes qui composent l’œuvre de René Char, le principe étant, ici comme dans les autres albums Dada, de faire dialoguer sur la page œuvre poétique et œuvre plastique.
Ce dialogue est d’autant plus intéressant (même si le défi est de taille...) que Char lui-même a produit des livres d’artistes avec de grands peintres contemporains.
Le choix de René Char, poète réputé difficile, peut surprendre dans l’édition jeunesse ; le pari est donc pris que la sélection et la manière dont elle est mise en scène peuvent faciliter l’accès des élèves à cette écriture exigeante.
L’éditeur a choisi dans cet album de privilégier les aphorismes, tirés de divers recueils dont, ils côtoient cependant des poèmes versifiés et des poèmes en prose qui permettent de donner une image plus complète de l’œuvre de Char.
Formes poétiques
– Les aphorismes, ces « petites phrases étincelantes qui résument et éclairent violemment l’imaginaire », par leur nature synthétique et énigmatique sollicitent particulièrement l’interprétation du lecteur, sa coopération, ce seront donc d’excellents stimulants pour la réflexion et l’imagination.
– Les poèmes versifiés, plus « classiques » dans leur facture, jouent néanmoins librement avec le vers, les effets de rime, de rythme et d’image...
– Les poèmes en prose (appelés plutôt textes par l’album) seront l’occasion de réfléchir sur la dimension poétique de la langue, l’évolution des formes, le poétique en dehors du poème.
Interpréter
Thèmes
Les aphorismes et poèmes de cette anthologie de Char proposent une méditation sur l’homme, son rapport au monde et à la nature
La question de l’engagement du poète dans la cité, de la puissance des mots est par ailleurs soulevée par le choix des textes.
Commenter les illustrations
Ici, les peintures de Chloé Poizat semblent évoquer l’écoulement du temps par des fonds colorés laissant se superposer les couches comme sur un mur décrépi.
Les collages, les insertions de motifs rapportés évoquent les techniques surréalistes des contemporains de René Char.
Ces éléments floraux ou animaliers, la plupart du temps travaillés à la plume, ajoutent une dimension à la fois esthétique et temporelle car ils évoquent les carnets de croquis des peintres et les planches d’histoire naturelle.
Propositions d’activités
Sur le texte
Lire
– Une lecture personnelle de l’anthologie laissée à disposition pourra permettre un premier contact avec cet objet livre si particulier.
– Une recherche transversale pourra ensuite permettre de repérer les différents types de textes présents dans l’album : aphorismes, poèmes versifiés, poèmes en prose.
– Chacun de ces types pourra faire l’objet d’une observation pour en approcher le fonctionnement.
– Une lecture à la fois vagabonde et synthétique de l’ensemble pourra également permettre de trouver des thèmes récurrents, de se questionner sur le système des images.
Parler / Dire (mise en voix)
– Reproduire les textes sur des feuillets libres, que les élèves puissent choisir ceux qu’ils souhaitent oraliser.
– Faire travailler, mettre en voix les aphorismes en jouant sur des variables articulatoires, d’intensité, d’états, d’émotion...
– Choisir et proposer une interprétation seul ou à plusieurs (on peut imaginer là un travail de chœur) des poèmes.
– Le récit de la page 12 pourra lui aussi être travaillé à l’oral en faisant circuler la parole, en cherchant la mise en relief de phrases que les enfants trouveront les plus belles.
– On pourrait clore le travail d’appropriation par la diction par une sorte de montage, de mise en voix et en espace des textes que les enfants auront envie de faire dialoguer.
Ecrire
– Proposer aux élèves de se constituer un carnet de bord sur lequel ils noteront des pensées qui leur traversent l’esprit.
– Leur en faire choisir quelques unes et les retravailler pour les aiguiser (vers la synthèse, la recherche d’images, les jeux de sonorités).
– Inviter les élèves à noter dans leur carnet de lecture les aphorismes qui leur plaisent le plus, pour se constituer une mémoire.
– Proposer aux élèves de commenter, de développer des aphorismes.
Sur l’image
– Montrer d’autres collages, essayer d’en produire.
– Travailler sur les fonds, les gris colorés.
– Sur les aphorisme préférés de enfants, les questionner sur les choix de l’illustratrice, leur proposer de faire leur propre illustration.
Sur le contexte
– Recherche rapide sur le surréalisme.
– Recherche biographique sur René Char.
– Travail en histoire et éducation civique sur la résistance et la notion d’engagement.
Sur la mise en réseau
– Les autres recueils de René Char.
– Des poèmes, des anthologies ou mieux des recueils de surréalistes comme Breton, Eluard, Desnos... avec lesquels Char a cheminé un temps.
– Certains recueils montrant l’implication de la parole poétique comme Un Homme sans manteau et Sans Frontières fixes de Jean Pierre Siméon et La Pierre d’après le déluge d’Abdélamir Chawki chez Cheyne Editeur.
Bibliographie
De l’auteur
– Cloches sur le cœur, 1928
– Arsenal, 1929
– Le Marteau sans maître, 1932
– Dehors la nuit est gouvernée, 1938
– Seuls demeurent, 1945
– Feuillets d’Hypnos, 1946
– Poème pulvérisé, 1947
– Fureur et Mystère, Gallimard, 1948
– Les Matinaux, 1950
– Lettera amorosa, 1953
– Le Deuil des Névons, 1954
– Recherche de la base et du sommet, 1955
– La Parole en archipel, Gallimard, 1962
– Lettera amorosa, avec vingt-sept lithographies de Braque, E. Engelberts, Genève, 1963.
– Flux de l’aimant, avec dix-sept pointes sèches de Miro, Maeght, 1964.
– Commune Présence, Gallimard, 1964, avec une préface de Georges Blin.
– Recherche de la base et du sommet, nouvelle édition augmentée, Gallimard, 1965
– Naissance et jour levant d’une amitié, Genève, 1965
– L’Age cassant, José Corti, 1965.
– Retour amont, avec quatre eaux-fortes de Giacometti G.L.M., 1965.
– Trois Coups sous les arbres, théâtre saisonnier, Gallimard, 1967.
– Dans la pluie giboyeuse, Gallimard, 1968
– Le Chien de cœur, G.L.M., avec une lithographie de Miro pour le tirage de tête, G.L.M., 1969.
– L’Effroi la joie, Au Vent d’Arles, Saint-Paul-de-Vence, 1969.
– Dent prompte, avec onze lithographies de Max Ernst, Galerie Lucie Weil, Au pont des arts, 1969
– Le Nu perdu, Gallimard, 1971.
– La Nuit talismanique, avec des illustrations de R.C., col « Les sentiers de la création », Skira, Genève, 1972.
– Œuvres complètes, La Pléiade, Gallimard, 1983.
– Les Voisinages de Van Gogh, Gallimard, 1985.
– Le Gisant mis en lumière, manuscrits enluminés par Alexandre Galpérine, Michèle Ferradou, La Terrasse de Gutenberg, 1987
De l’illustrateur
– Le Rimbaud, Editions Mango, collection « il suffit de passer le pont », 1998
– Paroles de Femmes, Editions Albin Michel
– Machines, Editions du Rouergue
– Traité de mécaniques, Editions du Rouergue, collection « Touzazimute »
Elle collabore par ailleurs en tant qu’illustratrice à Libération, le Monde, le Monde de l’Education, le _ Magazine littéraire, Lire, Dada, Atmosphères, ainsi qu’aux Editions du Seuil, Flammarion, Denoël, Odile Jacob, Librio