Présentation du dossier

, par d’ARCY Sophie, Lycée Jean-Pierre Timbaud, Brétigny-sur-Orge, DES GROTTES Catherine, Lycée de l’Essouriau, Les Ulis, MIRTAIN Christine, Lycée Charles-Baudelaire, Fosses, MORTAL Anne, Lycée de Montgeron, Montgeron, NOVELLI Laetitia, Lycée Mansart, Saint-Cyr-l’École, OLIVEAU Pauline, Lycée Evariste-Galois, Sartrouville, PLAISANT-SOLER Estelle, Lycée Saint-Exupéry, Mantes-la-Jolie, RODRIGUES Jean-Marc, Lycée Mansart, Saint-Cyr-l’Ecole, RUBIN Jean, Lycée Léonard-de-Vinci, Levallois-Perret

REPRÉSENTATION ET ATTENTE

Venir en Aide individualisée pour l’élève, ou prescrire l’Aide individualisée pour l’enseignant : la représentation du premier est rarement conforme à l’attente du second.

Pour l’équipe enseignante, l’AI se répartit entre deux disciplines directement concernées, qui risquent de s’ignorer et ignorent les autres disciplines.

Pour les élèves, c’est du « soutien », à savoir et une image stigmatisante, et une contrainte supplémentaire, alors que certains sont en train de se déscolariser. Et si les plus motivés peuvent avoir une attitude pragmatique - pour eux, ces heures de plus permettent un « retour sur investissement » - cela est surtout valable en mathématiques, tandis qu’en français l’augmentation de la moyenne n’apparaît pas clairement être fonction des efforts consentis.

Face à cette double perception, il est nécessaire de redéfinir pour tous la spécificité de l’AI, qui ne peut être réduite à des exercices supplémentaires par rapport au cours, ni à un bachotage. L’écriture doit y être pratiquée avec une grande souplesse pédagogique.

UNE DÉMARCHE SPÉCIFIQUE

Comment motiver les élèves, les impliquer, vaincre leurs résistances ? Pour être efficace, l’AI doit susciter leur adhésion à une démarche particulière dont on peut rappeler ici les grands principes.

La nécessité du dialogue entre le professeur et les élèves

Celui-ci s’impose dès la mise en place de l’aide dans la présentation et dans les entretiens individuels prévus par les textes officiels dans les premières semaines. En effet ces entretiens permettent non seulement de gagner du temps sur le repérage des difficultés à partir du passé de l’élève (blocages éventuels, dyslexie, inquiétude, problèmes divers...), mais encore de faire prendre conscience des exigences de la Seconde (quantité et qualité du travail, lectures, recherches documentaires ...) et de présenter l’aide comme une possibilité de gagner en autonomie. En ce sens cette étape est fondamentale pour lier un contrat entre le professeur qui montre son souci de faire réussir chacun en respectant sa liberté (absence de coercition ou de chantage implicite) et l’élève qui s’engage dans une démarche qui exige participation active, questionnement...

L’identification des difficultés

Dans le prolongement des entretiens, l’identification des difficultés se fait dès le test de début d’année et les premiers travaux. Elles peuvent être superficielles ou profondes et être de différentes natures : langue (vocabulaire - syntaxe - orthographe), lecture (lenteur- compréhension), méthodes (disciplinaires - apprentissage), logique, motivation... Ce repérage gagne à être complété par les autres disciplines. En tout état de cause, le diagnostic se précise et s’affine dans la perspective d’une prise de conscience par l’élève de ses manques et dans l’optique d’une autoévaluation que favorise l’AI.

La remédiation proposée par l’AI ne peut être que différée

En effet la plupart des difficultés rencontrées, souvent anciennes, multiples, imbriquées, ne peuvent être traitées en quelques séances par des exercices répétant des activités du cours. Même s’il est légitime de viser des objectifs modestes, ponctuels, l’efficacité de l’AI sera plus durable si les activités proposées débouchent sur des déblocages ou une remotivation qui, à terme, amèneront des progrès difficilement quantifiables en terme de notes.

La relation dynamique de l’AI avec la classe est elle aussi un gage de réussite

Si l’AI est conçue dans le prolongement du cours, celui-ci, en contrepartie, peut bénéficier du travail qui se fait dans ces séances en petits groupes sous la forme d’exposés, de présentation de recherches, de lectures ou d’exposition de travaux qui valorisent les élèves ayant participé et ôtent à ces activités leur connotation d’échec.

C’est d’ailleurs à ce titre que l’AI peut réellement s’inscrire dans l’ensemble du dispositif didactique et, pourquoi pas, apporter une dimension quasi expérimentale qui revivifie la pratique de l’enseignant dans sa classe.

LES OBJECTIFS PRINCIPAUX DE L’AIDE INDIVIDUALISEE

La dénomination de cette heure hebdomadaire d’« aide individualisée » souligne elle-même la nécessaire diversité des activités menées au cours de ces séances, diversité résultant de leur adaptation aux besoins des élèves concernés. Cependant, parce qu’elles sont proposées aux lycéens de Seconde et tout particulièrement aux plus fragiles d’entre eux, ces séances doivent avoir un double enjeu : il s’agit de permettre à l’élève de dépasser les difficultés qu’il rencontre parfois depuis le début de son parcours scolaire et de surmonter celles qui seront spécifiques du lycée ; mais il s’agit surtout de le conduire à donner une pertinence à ses efforts, une véritable signification à la mise en œuvre de ses compétences et de ses connaissances, c’est-à-dire à « construire du sens ».

Ainsi les objectifs du travail à mener en AI ne sauraient à notre avis consister en une longue liste de problèmes méthodologiques, linguistiques ou littéraires, ponctuels et détachés de tout contexte, que l’élève devrait absolument surmonter un à un, en multipliant chaque semaine les exercices systématiques. En revanche l’aide individualisée semble pouvoir se fixer quatre orientations principales :

 la reconstitution ou l’amélioration des capacités de l’élève en matière d’attention, de mémorisation et de restitution d’un discours ;
 la désinhibition à l’égard de l’écrit ;
 la remédiation aux difficultés d’expression et l’enrichissement des compétences linguistiques ;
  le développement des compétences transversales.

Ces objectifs offrent l’avantage d’un cadre défini mais assez général, qui nous paraît faciliter l’élaboration de séquences conduisant l’élève à réaliser des productions signifiantes tout en sollicitant les différentes compétences qu’il doit acquérir.

QUELLES STRATEGIES POUR L’AI ?

L’AI apparaît ainsi comme une sorte de contrat consenti de part et d’autre : la nécessité de l’effort de chacun en vue d’une amélioration de l’autonomie et d’une perception des objectifs doit être comprise . C’est le point de départ de toute séquence entreprise (voir ci-dessus : « une démarche spécifique »).

Les conditions de travail spécifiques à l’AI génèrent l’élaboration de stratégies particulières. L’une d’elles va consister à entretenir le mieux possible la motivation des participants. L’entretien de chacun avec le professeur au cours du travail, les échanges entre eux, la lecture de certains textes, leur copie soignée insérée dans le classeur, sont des marques précises d’un travail concret : on a déjà indiqué à quel point les élèves sont sensibles à la perception d’une finalité de l’effort. Ils doivent pouvoir cerner l’objectif fixé pour être valablement impliqués dans la démarche proposée. Il convient, soit en classe entière au moment où se fait le choix du groupe, soit au début de la première séance, de définir, pour chaque séquence d’AI, un objectif précis et limité : le même travail d’écriture, par exemple, avec un souci de relecture et d’enrichissement sera conduit sur trois ou quatre séances constitutives d’une séquence au bout de laquelle chacun aura dans son classeur un texte personnel ( on songe, à ce propos, au rattachement possible à l’objet d’étude « travail de l’écriture »).

Les stratégies mises en place peuvent, à cet égard, être variées. Elles tiennent d’une part au choix des exercices, l’important étant, on l’a vu (ci-dessus : « les objectifs de l’AI »), de débloquer des inhibitions, d’autre part aux conditions dans lesquelles se fait le travail et enfin aux supports utilisés.

Ainsi, des productions écrites diversifiées, même si elles ne reprennent pas des exercices demandés à l’EAF, permettent de développer des compétences sur lesquelles prennent ensuite appui les divers travaux qui seront entrepris, notamment pour préparer l’examen. Le professeur veillera tout particulièrement à varier les exercices par rapport au travail de la classe entière : un des aspects intéressants de l’AI étant cette démarche à la fois parallèle et complémentaire qu’elle permet. Il s’agit pour le groupe de trouver du sens, de l’intérêt, voire du plaisir aux productions écrites et non de reproduire des exercices faits en classe entière, même si, ponctuellement, le lien peut être maintenu. L’AI peut, ainsi, alterner une stratégie de remédiation et une démarche prospective : un travail en amont, par exemple, préparant une évaluation pourra inciter les élèves à valoriser leur parcours.

Concernant les conditions dans lesquelles l’AI se pratique, la variation du lieu est à envisager : le CDI, ses dictionnaires, ses manuels, peuvent accueillir un petit groupe ; la salle informatique permet la saisie d’un texte, la salle multimédia l’utilisation d’un document visuel.

Enfin, l’AI peut amener à varier les supports sollicités : l’image (photographies, reproductions de tableaux, séquences filmiques, documentaires) apparaît, de façon globale, comme un vecteur intéressant vers l’écriture, facile à utiliser dans un groupe réduit. Les textes d’auteurs classiques peuvent en outre fournir la matière (liste de mots pris dans un paragraphe) ou le schéma grammatical (imitation de construction) de textes à élaborer de façon somme toute assez ludique par les élèves.

Toutes ces stratégies doivent aboutir à une meilleure perception de l’écrit ainsi qu’au goût de l’exigence, développé sur la base d’une attention renforcée au parcours menant du projet au texte.

CONCLUSION

On l’aura compris : au-delà de l’exercice ponctuel, qui permet de combler une lacune ou aide à surmonter une difficulté momentanée de méthode, l’écriture en AI doit favoriser un travail de fond, qui ne reste pas extérieur à l’élève.

L’important est qu’au lieu de se contenter d’apprendre (ou de ne pas apprendre), l’élève soit amené à s’approprier les connaissances et méthodes : à trouver la place de son Je, au centre de ses travaux, dans sa relation au monde et au savoir.

L'ÉCRITURE EN AIDE INDIVIDUALISÉE

ORIENTATIONS

Objectifs

Activités

Parcours

Reconstituer les capacités d'attention, de mémorisation, de restitution d'un discours

Remédier aux difficultés d'expression et développer les compétences linguistiques.

Prendre des notes/sélectionner l'information

Utiliser un dictionnaire

Développer son vocabulaire

Réutiliser des procédés d'écriture/sensibiliser aux potentialités du langage

Exploiter  son brouillon

Comprendre les consignes/dégager les contraintes d'écriture/mobiliser ses connaissances

Informer et argumenter

Compte-rendu  de  séance  de mise en scène

Compte -rendu d'une lecture  orale

Jeu du dictionnaire

Le mot prohibé

Expansion à partir de deux mots et de leurs connotations

Rédiger un dialogue entre deux parties du corps

L'Oulipo/exercices de style/pastiches

Analyse de brouillons  d'élèves

Formuler des consignes d'analyse à partir d'un texte

Quatre sujets d'invention à partir d'une nouvelle étudiée en classe

Rédaction d'un article de critique théâtrale  dans le journal  du lycée

  DÉtours par l'IMAGE

Débloquer les inhibitions à l'égard de l'écrit

Ouvrir à l'histoire culturelle

Prendre des notes/sélectionner l'information

Enchaîner des répliques par une reprise lexicale

Comprendre les composantes d'un texte analytique/ Ecrire un texte analytique/

Améliorer le brouillon

Relever et étudier les indices d'un registre/confronter texte et image/faire un choix motivé/ rédiger un paragraphe argumentatif sous forme de lettre

Mobiliser son attention sur des éléments non narratifs de l'image/ réinvestir les outils de l'analyse d'image dans une écriture informative/utiliser un vocabulaire spécifique/rédiger une réponse organisée/rendre compte oralement d'un travail de rédaction collective

Sensibiliser à la notion d'interprétation/ exprimer sa sensibilité/Ecrire un texte d'invention/utiliser le traitement de texte

Prise de notes à partir d'un  documentaire « Palettes »

Reconstituer les dialogues d'un film muet

Rédiger un dialogue à partir de photographies

Analyse d'un compte-rendu de tableau

Rédaction d'un compte-rendu de tableau à partir d'un choix libre

Justifier un choix iconographique

Construire une analyse formelle à partir de deux tableaux

Inventer à partir d'une image/réaliser une anthologie

TTransversalité

Utiliser un vocabulaire spécifique

Comprendre et utiliser les connecteurs logiques

compte-rendu  de conférence sur l'eau

rédiger à partir d'un schéma

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