La discipline scolaire est l’ensemble des procédés pratiques destinés à assurer la conduite des activités de toute nature dont se compose la vie de la classe.
Comme toute communauté humaine, la classe est un espace d’apprentissage des règles de vie en société, ces règles relèvent à la fois du droit commun (règlement intérieur de tout établissement) et du droit coutumier, ses habitudes, ses rituels, ses cadres référentiels que chaque enseignant, selon la discipline qu’il enseigne et selon son style, met en place progressivement. La discipline est un processus systémique auquel participent l’élève, son enseignant et ses camarades de classes. Les premières rencontres sont donc des événements modèles pour le reste de l’année.
“Tenir sa classe” condition de l’apprentissage ?
Les apprentissages en Lettres contribuent aussi à l’apprentissage des règles de vie sociale. Mais la classe est le théâtre d’événements imprévus et soudains. Les comportements de chaque élève dépendent de ce qu’il est/ce qu’il vit au jour le jour et de sa capacité à faire basculer le groupe classe. Ces événements apparaissent souvent de manière simultanée. Imprévisibles, ils se succèdent à un rythme rapide. Ils sont publics, c’est-à-dire visibles ou audibles. Si l’enseignant omet d’adresser une remarque à un élève transgressif ou qu’il sanctionne sans prévenir, la classe entière apprend une information importante sur les capacités de gestion de l’enseignant. Ces événements en classe conduisent enseignant et élèves à adopter des routines et à développer des normes de conduites. La diversité des attitudes des élèves représente donc pour le professeur un défi constant.
Dans un dictionnaire numérique courant, au mot discipline, est attaché le sens suivant : « Règle de conduite adoptée en vue de faire régner le bon ordre dans un groupe, une collectivité. ». Ce premier sens renvoyant à l’autorité est immédiatement accroché à l’école dans une tradition scolaire rappelant les Quatre cents coups de François Truffaut. Cette dernière a été repensée quand il a été démontré par de nombreux chercheurs que la peur de la sanction peut anéantir la confiance en soi, un des piliers de la réussite des élèves, et que la discipline peut passer par d’autres moyens que l’autorité basée sur la coercition.
Enseignement des Lettres et discipline
En quoi l’enseignement des lettres contribue-t-il à la mise en place de la “discipline”, garantie d’un climat de classe serein ?
La classe de Lettres est une communauté particulière. L’identifier, l’installer, la construire progressivement dès le début de l’année en établissant explicitement dès le départ ce qui la fonde spécifiquement dans notre discipline dont la tradition est celle de l’humanisme des Lumières.
- Une communauté littéraire dont le modèle est celui du salon ou l’émission radio
- Une communauté d’écriture dont le modèle est l’atelier
- Une communauté d’échanges oraux dont le modèle est celui de l’Agora
- Une communauté de travail sur la langue dont le modèle est celui du laboratoire de recherche
On reconnaît là les différents pôles des Lettres. Rattacher la classe à ces communautés permet de régler des conduites, des normes dont on peut parler en les mettant en lien avec les attendus des programmes.
En ce sens, le professeur a moins de « discipline à faire » s’il vise à :
- donner du sens aux apprentissages,
- expliciter et partager avec les élèves le sens d’un projet littéraire et linguistique (séquence),
- les mettre en recherche rendant ainsi le travail motivant,
- accrocher ressources et savoirs aux réflexions premières et aux productions attendues.
Conduire la classe, c’est faire discipline
Alors, ce qu’on appelle la conduite de classe devient un ensemble de gestes liés à ce qui est travaillé et destinés à favoriser le travail des élèves et la consolidation de leurs compétences d’oral, de lecture, d’écriture et de langue. Les remarques touchant l’attitude des élèves ne consistent plus en un face à face stérile qui ne peut que s’envenimer, mais constituent plutôt une occasion d’explicitation du sens du travail donné et un appel à l’accompagnement de l’élève qui sait ce qu’il vient faire en classe : réaliser le travail demandé pour faire avancer la lecture - ou l’écriture, l’acquisition linguistique - au cœur de la séance. Ces rituels prennent des formes différentes en fonction du style de chaque professeur de lettres. Ils sont donc détaillés à simple titre d’exemples dans l’abécédaire.