Un croquis de Jérôme Bosch pour la Tentation de Saint-Anoine
Détails du croquis
L’oeuvre de dénonciation
Les monstres sont chez Bosch au service de la dénonciation d’hérésies.
Le panneau gauche
Détails du panneau gauche
On peut voir, sur le panneau central (détail de la table ronde), un couple de « prêtres », la femme coiffée de ronces et l’homme d’une mitre d’où sortent des vipères qui donnent la communion sous les deux espèces à un musicien au groin de porc et portant sur sa tête un hibou auquel (citation de Robert Delevoy citant Ruysbroeck, auteur du Liber de Tabernaculo au XIVe siècle) « ressemblent tous ceux qui s’opposent à la vérité intègre et à la saine doctrine et trouvent des opinions et inventions nouvelles par lesquels ils veulent obscurcir la loi de Dieu ».
Les monstres l’aident également à lutter contre l’alchimie.
Le panneau central
Détails du panneau central
On distingue en effet dans le triptyque, plus spécifiquement sur le panneau central, plusieurs allusions à l’alchimie :
– l’oeuf porté par un des trois personnages de la messe noire (celui au-dessus de l’homme à l’entonnoir) est symbole du creuset où s’effectue le grand œuvre.
– également, la coloquinte habitée est une allusion au fourneau de l’alchimie
– L’enfant alchimique est également le fruit de l’union réalisée par le grand oeuvre. Le rat que chevauche la femme est selon Ruysbroeck le signe de la fausseté.
– Le bateau cygne dans les airs symbolise toujours selon Ruysbroeck « le jeune homme qui ne craignant pas Dieu se laisse mener par ses penchants naturels et mène une vie de plaisir et de luxure » (Liber de Tabernaculo).
Le panneau droit
Détails du panneau droit
– L’arbre sec est une allusion à la roue des suppliciés
En fait, Bosch transforme des motifs banals de monstruosité transmis par l’Antiquité et le Moyen-Age en leur donnant une prégnance plus grande par la précision du trait et la richesse de la couleur.
Il leur confère, de plus, une signification théologique, si on peut appeler théologie les traités du Moyen-Age tardif.
La figure du monstre dans les représentations de Saint-Antoine
Le monstreux absent
– Dans le tableau de Veronese (1552) (Musée de Caen), le diable est sur le point de terrasser saint Antoine dans une figure inversée de saint Michel terrassant le dragon.
– La plupart des artistes du XIXe et du XXe, et même dans le cas où ils se réfèrent à Flaubert, présentent saint Antoine assailli par des créatures féminines normales.
Ainsi : Eugène Isabey (vers 1869) (Musée d’Orsay)
Les lectures monstrueuses de la tentation de saint Antoine
– C’est la tradition d’Europe du Nord issue de Bosch qui représente au XVIe siècle le saint entouré de créatures difformes ou hybrides.