Analyse du fonctionnement d’un récit à partir de l’étude d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe : Le Masque de la mort rouge

, par CARRIER Françoise

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Le Masque de la mort rouge d’Edgar Allan Poe

La numérotation des lignes renvoie à l’édition du texte dans le manuel L’Art de Lire, éd. Bordas, p. 144 et sq.

Préparation de la séquence

Travail préliminaire

 pour tous : lire la nouvelle d’E.Poe, la résumer oralement, expliciter le vocabulaire à l’aide d’un dictionnaire
 pour un élève : préparer un exposé sur la biographie d’E. Poe

Travail en parallèle

 Lire Le Vicomte pourfendu d’Italo Calvino

Cette séquence est répartie en 8 séances.

Présentation de la séquence

 Séance 1 (2 h) : Evaluation initiale
 Séance 2 (1 h) : Exposé sur Poe
 Séance 3 (2 h) : Début-fin de la nouvelle, types textes
 Séance 4 (1 h) : Instances narratives
 Séance 5 (2 h) : Réalisme et fantastique
 Séance 6 (1 h) : Etude du tragique
 Séance 7 (2 h) : Evaluation finale
 Séance 8 (2 h) : Correction et prolongements

Déroulement de la séquence

Séance n°1 (2 heures)

Evaluation initiale, écrite :

1) Que représente la Mort rouge au début du récit ?
2) Quel nom porte le prince ? Pourquoi ?
3) Quel est son projet ? Est-il noble ?
4) Combien y a-t-il de salles ? Pourquoi ?

Mise en commun à l’oral :

 Explicitation du titre
 Repérage des séquences narratives (proposition de titres)
 Etude du symbolisme des lieux :

  • intérieur / extérieur
  • le labyrinthe (7 salles : création du monde)
  • orientation est / ouest

Travail à faire pour la séance suivante :

1) Comparer le début et la fin de la nouvelle.
2) Relever les prolepses (éléments qui annoncent ou préparent les événements à venir) et les ellipses (procédé consistant à passer sous silence certains événements).

Séance n°2 (1 heure)

 Exposé de la biographie d’E. Poe par un élève.
 Travail sur la prise de notes et l’élaboration « visuelle » d’une biographie : éléments de la biographie.
 Ligne du temps avec dates
 Oeuvres

Séance n°3 (2 heures)

 Comparaison du début et de la fin de la nouvelle.
 Repérage des prolepses et des ellipses (lignes 1, 10, 27, 125, 206).
 Différenciation des types de textes et de leurs fonctions respectives :

  • la description (le visuel et l’auditif).
  • le récit (les effets de suspens).
  • le dialogue (remarquer sa rareté et, donc, son intensité).

Rappel grammatical : les temps du récit et ceux de la description.

Travail à faire pour la séance suivante :

1) Relever un passage où le narrateur s’exprime directement.
2) Par les yeux de quels personnages nous présente-t-il certains passages de l’histoire ?

Séance n°4 (1 heure)

Les points de vue :

 le narrateur témoin de l’histoire (son texte survit à la Mort rouge !...) (lignes 31, 126, 139)

 repérage des passages au présent (focalisation zéro) (lignes 109, 144).

 le point de vue d’un personnage (focalisation interne) (lignes 149, 158, 160, 199)

 le point de vue d’un spectateur anonyme (focalisation externe) (ligne 178).

Travail à faire pour la séance suivante :

Repérer les effets de réel :

1) temps verbaux : présent de narration
2) ancrage dans une réalité historique (précision des détails)
3) participation des sens

Séance n°5 (2 heures)

Réalisme et fantastique :

 le fantastique doit s’ancrer dans le réel : repérage des effets de réel (correction).
 analyse du fantastique : le labyrinthe (visuel),l’horloge (auditif).
 les effets de répétition (qui traduisent l’accélération du rythme de la narration).
 les champs lexicaux.

Travail à faire pour la séance suivante :

Analyser le champ lexical de la mort dans la nouvelle.

Séance n°6 (1 heure)

Etude du tragique :

 le champ lexical de la mort (correction) : une mort violente, totale (humains et choses). Cf. l’anaphore du « et » dans les deux paragraphes finaux.
 le piège spatio-temporel qui se referme.
 peu de personnages (-> duel final).
 personne ne sort de l’espace tragique.

Séance n°7 (2 heures)

Evaluation finale à partir d’un texte de Sternberg, extrait de Contes glacés.


LA PHOTOGRAPHIE

Cette photographie-là, soigneusement collée sur du contre-plaqué, envahissait tout un mur et elle représentait un lac, d’ailleurs assez banal, pas tellement pittoresque en fin de compte. (Décrire le lac dans sa banalité)

Sur le lac, on voyait une barque, perdue au loin, minuscule.

L’homme mit longtemps à se rendre à l’évidence : la barque, de semaine en semaine, grandissait. (Décrire les détails qui grandissent au fur et à mesure)

C’est ainsi, inexorablement, se déplaçant dans un espace-temps impossible à définir, la barque grandissait parce qu’elle avançait sur le lac, venant de quelque lointain rivage, se dirigeant vers le bord extérieur de la photo.

Un jour, l’homme put distinguer qu’il y avait deux personnages dans la barque. L’un ramait, l’autre attendait. (Décrire les sentiments du personnage qui assiste à cette scène : il se sent de plus en plus menacé. Vous pouvez commencer par : « C’est à ce moment-là que l’homme... »)

Et, un mois plus tard, il put discerner d’autres détails. Celui qui ramait ......... . Mais celui qui attendait ............ . Le second semblait aussi regarder avec insistance vers la chambre, et, sur ses genoux, il y avait un fusil dont le canon également regardait la chambre.

C’est alors qu’il perçut une conversation entre les hommes : ...........


1) Sujet : Vous rédigerez une suite puis une fin à ce texte en suivant les consignes données.

A vous d’imaginer la fin : soit l’homme rentre dans le tableau, soit les deux personnages rentrent dans la chambre.
Cette fin doit rester brève pour conserver toute sa force dramatique.

2) Définir les termes suivants : prolepse, focalisation zéro, et ellipse.

Séance n° 8 (2 heures)

Correction de l’évaluation finale.

Insister sur :

 les effets de la banalité (absence de détails pittoresques, formulation par la négative, champ lexical approprié...).
 une hiérarchisation dans les détails qui grandissent (description à effet de zoom).
 les sentiments : champ lexical.
 les sensations.
 le recours aux images.
 le dialogue : ses lois d’écriture, trouver une conversation intéressante.

On peut intégrer à cette séquence une séance d’orthographe ou un rappel des temps du récit avec cet extrait de L’Homme au Sable de E.T.A. Hoffmann :


Après le dîner, servi dès sept heures à la vieille mode, nous nous réunissions, avec notre mère, dans le cabinet de mon père, où nous prenions place autour d’une table ronde. Mon père fumait tout en buvant un grand verre de bière. Tantôt il nous racontait force histoires merveilleuses [...], tantôt il mettait entre nos mains un livre d’images et demeurait muet et rigide dans son fauteuil.
[...] A peine sonnait-il neuf heures que [notre mère] nous disait : « Allons, enfants, au lit ! l’Homme au Sable va passer, je l’entends. »
[...] Poussé par la curiosité d’en apprendre plus long sur son compte [...], je finis par demander à la vieille bonne de ma petite soeur ce que c’était que cet Homme au Sable.
« C’est un méchant homme qui vient voir les enfants qui ne veulent pas aller au lit, [répondit-elle]. Il leur jette des poignées de sable dans les yeux, et ces yeux tombent tout sanglants à terre ; alors il les fourre dans son sac et les emporte dans le croissant de lune pour nourrir ses petits. Ils sont là, perchés sur leur nid, avec des becs crochus comme ceux des hiboux, et ils picorent les yeux des petits enfants qui n’ont pas été sages. »
[...]Cet Homme au sable m’avait mis sur la piste du merveilleux, du fantastique qui se niche si volontiers dans les esprits enfantins. Rien ne me plaisait autant que d’écouter ou de lire des histoires terrifiantes de lutins, de sorcières et de nains. Mais en première ligne venait l’Homme au Sable dont je dessinais partout, sur les tables, les armoires et les murs, à la craie ou au charbon, les plus étranges et les plus horribles portraits.


Ou encore une séance de lecture suivie avec ce questionnaire portant sur Le Vicomte pourfendu d’Italo Calvino :

1) Que sait-on du statut social de celui qui dit « je » dans le roman ? En quoi ce statut est-il important ? (2 points)

2) Quel est le point de vue dans le chapitre 1 ? Est-il logique ? Justifiez votre réponse. (2 points)

3) Citez deux éléments fantastiques. (2 points)

4) Relevez un passage humoristique. (1 point)

5) Proposez deux manifestations de la mauvaise moitié de Médard. (2 points)

6) Expliquez la morale que Médard dispense à son neveu. (2 points)

7) Comment se fait la découverte du « Bon Médard » ? (2 points)

8) Le « Bon Médard » vous semble-t-il apprécié à sa juste valeur ? Explicitez votre réponse. (1 point)

9) La nourrice Sébastienne et Paméla : quelles images de la femme représentent-elles ? (2 points)

10) Quelles sont les deux communautés dont il est question dans le roman ? Quel vous semble être leur rôle respectif ? (2 points)

11) Quel est le message du roman ? (2 points)

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