De Perrault à Doré, de l’oral à l’image : l’entrecroisement des imaginaires

, par MELET Cécile

Problématique

Associer l’étude des contes de Perrault et les illustrations de Doré est évidemment une invitation à réfléchir sur la tradition de l’illustration. Le but de cette séquence est d’amener les élèves à prendre conscience de l’évolution de la place des illustrations dans la tradition éditoriale des contes. Elle doit bien sûr leur permettre de découvrir toute la finesse et la richesse de l’oeuvre de Doré. Elle fait intervenir l’usage des TICE, en s’appuyant tout particulièrement sur l’exploration du merveilleux site de la BNF sur les contes de fées.

Ce qui est peut-être fondamentalement en jeu dans cette étude, c’est de voir finalement comment, à travers les illustrations, s’entrecroisent les imaginaires à la fois de l’auteur, de l’illustrateur et enfin du lecteur.

Déroulement

On peut aborder l’étude des illustrations autour de trois grandes questions développées un peu plus loin :
  Quelle est la place des illustrations dans l’édition des contes ?
  Entre ces deux génies créateurs à l’oeuvre, quelles sont les résonances ?
  Quelle continuité y a-t-il entre la tradition orale et une transmission écrite et visuelle ?

On peut procéder à cette étude soit en chosisissant d’y consacrer plusieurs séances consécutives, regroupées au début de la séquence, soit en les répartissant tout au long de celle-ci.
Nous vous proposons quatre étapes de découverte et de réflexion à travers des documents que vous trouverez en pieces jointes à la fin de cette présentation :
  Volet 1 : partir des représentations des élèves pour aller aux illustrations des contes
  Volet 2 : s’approprier le site de la BNF sur les contes de fées
  Volet 3 : traiter un conte de son choix avec la création d’un feuilletoir personnel
  Volet 4 : comparer le travail de transcription de Perrault et le travail d’illustration de Doré pour mesurer les écarts et les fidélités

Tous les documents sont en pièces jointes à la fin de cette présentation.

Questionnement

On peut aborder cette étude en se posant plusieurs questions :

Quelle est la place des illustrations dans l’édition des contes ?

Sert-elle de simple annonce qui lance le texte par une image emblématique de l’histoire, comme dans les vignettes du manuscrit Morgan Pierpont et celles de François Clouzier ? L’évolution montre qu’elle prend peu à peu toute sa place et même plus, des planches de Doré couvrant toute une page en face du texte jusqu’à la disparition du texte avec le cas limite de l’adaptation de la version des frères Grimm du Petit Poucet par Warja Lavater.

o On rendra sensibles les élèves à la place matérielle que prennent les illustrations dans les différentes éditions des contes de Perrault.

o On réfléchira à l’interférence des illustrations dans l’ordre de la lecture.

Cette interférence peut-elle brouiller la réception de l’histoire comme le suggère Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées lorsqu’il affirme qu’« En étant illustré, le conte est privé d’une grande partie de la signification personnelle qu’il peut avoir » (Première partie, « Satisfaction indirecte contre recognition inconsciente ») ?

Les volet 2 et 3 de la séquence permettent une exploration sélective du site pour avoir une vue d’ensemble de l’évolution de la place de l’illustration dans l’édition des contes.

Entre ces deux génies créateurs à l’oeuvre, quelles sont les résonances ?

o L’illustrateur est-il bien fidèle à l’auteur ou laisse-t-il totalement libre cours à son interprétation de l’oeuvre pour imprimer sa marque, de la même manière que l’auteur a fixé avec sa propre sensibilité et sa propre originalité une tradition orale ?

o N’y a-t-il pas un parallélisme à faire entre le décalage qu’opère la transcription littéraire par rapport à la tradition orale et celui qu’opère l’illustration par rapport au texte littéraire ?

Le volet 4 de la séquence permet de voir la fidélité de Doré aux textes et aux vignettes originales et, bien sûr, ses écarts par lesquels il imprime la sensibilité de son époque et son génie.

Quelle continuité y a-t-il entre la tradition orale et une transmission écrite et visuelle ?

o Il s’agit de faire prendre conscience aux élèves que la postérité des contes passent désormais par une transmission via l’image autant que via le texte.

o La diversité des versions visuelles des contes, ancrées, dans un temps et une culture donnée, ne fait-elle pas échos à la diversité géographique des traditions orales, avant qu’elles n’aient été fixées par le texte ou qu’elles n’aient disparu ?

Les volets 1 et 2 proposent une première approche de cette hypothèse, le volet 4 la clôt.

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