Bibliographie pour Si c’est un homme

, par BERNOLLE Marie-Anne, Chargée de mission pour l’Inspection de Lettres

Oeuvres de Primo Levi

Nous n’avons retenu que les oeuvres dont la lecture nous a paru intéressante en complément de Si c’est un homme ou pour mieux connaître Primo Levi.

  Le Chantre et le vétéran  :
Primo Levi brosse dans cette oeuvre le portrait d’un chef de baraque allemand, Otto. C’était un prisonnier politique, comptant parmi les premiers détenus d’Auschwitz. Il portait le matricule 14 et jouissait d’un certain respect.

  Maintenant ou jamais  :
Seul roman fictif écrit par Levi.
Il est consacré aux juifs de Pologne exterminés. Primo Levi parcourt à nouveau avec cette oeuvre les régions de la Trêve. Le récit est un hommage à la résistance des jeunes juifs, en souvenir de ce groupe de jeunes gens déterminés qu’il avait vus, en 1945, accrocher au train qui repartait vers l’Italie un wagon supplémentaire, avec un sens de l’audace et de la liberté qui avait surpris Primo Levi.
« En décidant d’écrire leur histoire - écrit Myriam Anissimov (cf. p 520) - Primo Levi, qui avait reçu un choc en découvrant le judaïsme polonais à Auschwitz, entreprenait un long processus de réappropriation de ses origines en s’identifiant, non pas au judaïsme italien assimilé, souvent vidé de tout contenu, mais à la civilisation du monde yiddish qui venait de disparaître dans la fournaise des crématoires et les mitraillages de masse des Einzatzgruppen ».
L’ensemble des personnages ont été inspirés à Levi par des partisans dont Levi a lu la vie, les exploits parfois, dans les livres en yiddish, rédigés après la guerre.
C’est la dernière oeuvre dans laquelle Levi abordera le thème de l’amour.

  Les Naufragés et les rescapés  :
Dans ce dernier essai, Primo levi élabore une réflexion d’ordre moral sur l’expérience des camps. Il examine notamment la question du mal et défend l’idée qu’il est trop simpliste de séparer les acteurs de cette période en deux groupes, les bourreaux et les victimes. Il défend l’idée de l’existence d’une zone grise, majoritaire, d’individus ni tout à fait victimes, ni tout à fait bourreaux. Il s’intéresse par suite aux effets du système du Lager sur les individus. Il examine, en procédant a posteriori et de façon purement intellectuelle, à l’observation des individus plongés dans un univers clos, obéissant à ses propres règles.

  Le Système périodique  :
Myriam Anissimov le présente comme son plus beau livre et nombre des citations de sa biographie en sont tirées.
L’inspiration en est autobiographique.
La structure s’appuie sur la table des éléments de Mendeleïev. « Il évoque l’origine de sa famille et les événements qui ont marqué sa vie en vingt et un chapitres portant chacun le nom d’un des cent cinq éléments appartenant à la classification du chimiste russe » (cf. p 485)
« La narration romanesque et la science se soudent pour présenter une sorte de miroir de l’homme en lutte contre le mal et la matière hostile et Levi est convaincu que la condition du chimiste reflète d’une manière générale la condition humaine » (cf. p. 486).

  La Trêve  :
Le livre est consacré à la période pendant laquelle il a traversé l’Europe dévastée après sa libération ; le voyage le mena de la Biélorussie jusqu’à Turin, en passant par l’Ukraine, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne. Le ton y est volontairement drôle et détaché.
Voici ce qu’en dit Myriam Anissimov :
« La grandeur du livre, qui raconte le retour épique de Levi en Italie depuis les forêts et les marais de Biélorussie jusqu’à Turin, en passant par l’Ukraine, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne, éclatait dans l’art avec lequel il avait su évoquer le puissant vent de liberté, d’anarchie qui l’avait énivré après l’année d’esclavage à Auschwitz. Il avait observé pendant un été ses camarades de captivité, les soldats et les paysans russes. Il avait restitué la découverte aventureuse des immenses espaces russes inconnus et fascinants, la rencontre émue avec les militaires et civils russes, dont il avait apprécié l’anarchie, l’impulsion vitale. Le récit de ces aventures, de cette évasion libératoire à travers l’Europe dévastée, est un conte de formation. Levi ressentira, vingt ans plus tard, le besoin de parcourir à nouveau cet univers géographique et cette expérience dans Maintenant ou jamais. La Trêve n’est qu’une trêve. L’évasion les pérégrinations, les grands espaces de liberté se referment au moment du retour réconfortant et sécurisant au foyer du Corso Re Umberto » (p.458).

Etudes sur Primo Levi ou sur Si c’est un homme

 Anissimov Myriam, Primo Levi ou la Tragédie d’un optimiste, Paris, JC Lattès, 1997.

Oeuvres ayant trait à la même période

 Amery Jean, Par-delà le crime et le châtiment, Actes Sud, 1995
 Franck Anne, Journal, LGF, 1994
 Merle Robert, La mort est mon métier, Le livre de poche, 1952, Gallimard, Paris, 1972
 Millu Liana, La fumée de Birkenau, Editions du Cerf, Paris, 1993
 Semprun Jorge, Le grand voyage, 1963
 Steinberg Paul (alias Henri dans Si c’est un homme.), Chronique d’ailleurs, Ramsay, 1996
 Wiesel Elie, La Nuit, Paris, Seuil, 1958

Etudes sur la période

 Auschwitz. Camp de concentration et d’extermination. Centre de Documentation juive Contemporaine (CDJC).
 Bédarida François, Le génocide et le nazisme, Histoire et témoignages, Presses-Pocket, 1992.
 Bensoussan Georges, L’histoire de la Shoah, Que sais-je ? P.U.F., 1996.
 Blanchot Maurice, Le pas au-delà, Gallimard, 1973.
 Jonas Hans, Le Concept de Dieu après Auschwitz, Payot-Rivages, 1994.
Il s’agit d’un essai dans lequel Jonas, élève de Martin Heidegger, professeur de philosophie au Canada puis à New-York, développe l’hypothèse d’un Dieu muet, privé de sa toute puissance.
 Langbein Hermann, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975.
 Wieviorka Annette, Auschwitz expliqué à ma fille, Ed. du Seuil, 1999.

Films ou documentaires

 De Nuremberg à Nuremberg, Frédéric Rossif, France, 1989
 La Liste de Schindler, Steven Spielberg, 1993, Etats-Unis, CIC Universal vidéo, 187 min, 1994
 Le temps du ghetto, Frédéric Rossif, France, 1961, René Château Vidéo, 1h20
 Shoah, la Mémoire de l’Histoire, Claude Lanzmann, France, 1985

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