Présentation des synthèses et du plan adopté

, par PLAISANT-SOLER Estelle, Lycée Saint-Exupéry, Mantes-la-Jolie

Problématique adoptée dans les synthèses

Chrétien de Troyes, grand modèle français du Moyen Age ? C’est un qualificatif qui n’est pas hyperbolique quand on sait qu’il est incontestablement le romancier médiéval le plus lu et le plus admiré. Son Conte du Graal d’ailleurs, de même que son Lancelot connaîtront dès les années qui suivent leur création des continuations et des réécritures qui se feront de plus en plus vastes, mais qui, malgré leur qualité, ne connaîtront jamais vraiment le retentissement qu’a gardé Chrétien encore de nos jours. Le poète champenois semble d’ailleurs en avoir lui-même conscience dans le prologue d’Erec et Enide :

Erec et Enide, vers 23 à 26, p. 61 : « Maintenant je peux commencer l’histoire qui à tout jamais restera en mémoire, autant que durera la chrétienté. Voilà de quoi Chrétien s’est vanté. »

Or Chrétien est également le premier romancier français, celui qui donne véritablement forme au roman arthurien et, en ce qui concerne notre œuvre, donne naissance au mythe littéraire du Graal. Comme si, au Moyen Age, le roman avait d’emblée atteint son apogée, tout comme la chanson de geste avec la Chanson de Roland, autre grand modèle français du Moyen Age, et première chanson de geste conservée. Comment expliquer ce succès, tant médiéval que moderne ? Tout d’abord Chrétien s’inscrit dans la continuité de la littérature médiévale : ses récits reprennent, réécrivent et donnent une forme nouvelle aux modèles littéraires antérieurs du Moyen-Age : la « matière de Bretagne », la tradition épique, la lyrique courtoise. L’œuvre de Chrétien est donc autant un aboutissement qu’un nouveau départ donné à la littérature médiévale. De plus, chacune de ses œuvres, et tout particulièrement le Conte du Graal, recèlent une part de mystère savamment entretenu par l’auteur. Certes l’œuvre est inachevée, de même que le Chevalier de la Charrette achevée, sous la direction de Chrétien, par Geoffroy de Lagny, mais ces romans, qui présentent de nombreuses similitudes, notamment par la présence de l’Autre Monde, ne proposent jamais de discours explicatif : la démarche herméneutique doit venir du lecteur, à l’image de Perceval qui doit lui aussi partir en quête des réponses à ses questions. Rien d’étonnant dès lors à ce que le Conte du Graal ait suscité autant de continuations et de réécritures : le sens était à chercher et bien des auteurs se sont lancés dans cette quête. Ce n’est pas pour rien que Julien Gracq a qualifié le mythe du Graal de mythe « ouvert » : il est en soi un appel à la germination littéraire, pour reprendre les propos de Chrétien dans son prologue. En acquérant un statut mythique, le Conte du Graal deviendra un modèle pour la littérature du Moyen Age puis de la littérature moderne et contemporaine.

Plan des synthèses

I. A travers le Conte du Graal, Chrétien de Troyes réécrit, reprend et donne une forme nouvelle aux modèles littéraires antérieurs du Moyen Age

1) La « matière de Bretagne » : la légende arthurienne dans le Conte du Graal
2) La chevalerie et la tradition épique dans le Conte du Graal
3) La présence de la littérature courtoise dans le Conte du Graal

II. Le Conte du Graal devient un modèle littéraire du Moyen Age, acquiert un statut mythique et donne naissance à de nombreuses continuations et réécritures médiévales

1) La structure du conte et son statut de modèle littéraire du Moyen Age
2) La question de l’inachèvement du Conte du Graal : des continuations aux réécritures médiévales

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)