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Rencontre d’Hypsipyle et de Jason
Bibliothèque d’Apollodore Livre I, 9, 17-19
I, 9, 17. Jason prit le commandement du navire, ils mirent à la voile, et, première étape, ils débarquèrent à Lemnos. En ce temps-là,
il n’y avait pas d’hommes à Lemnos, et Hypsipyle, la fille de Thoas, occupait le trône. Et en voici la raison. Les femmes de Lemnos n’honoraient pas Aphrodite comme il se doit ; alors la déesse avait jeté sur elles une odeur si terrible, que leurs maris avaient pris pour compagnes des esclaves, capturées dans les régions côtières de Thrace. À cause de cette grande offense, les femmes de Lemnos avaient tué leurs pères et leurs maris ; seule Hypsipyle avait épargné son père Thoas, en secret. Quand ils débarquèrent dans l’île restée au pouvoir des femmes, les Argonautes firent l’amour avec elles ; Hypsipyle coucha avec Jason, et mit au monde deux fils, Eunéos et Nébrophonos.
Source : http://ugo.bratelli.free.fr/Apollodore/Livre1/I_9_17-19.htm
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La lettre d’Hypsipyle à Jason
Source : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Ovide_heroides/lecture/6.htm
Texte d’origine : vers 65 à 76 | Texte transformé |
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Ultimus e sociis sacram conscendis in Argon ; illa volat, ventus concava vela tenet. caerula propulsae subducitur unda carinae : terra tibi, nobis adspiciuntur aquae. in latus omne patens turris circumspicit undas ; huc feror et lacrimis osque sinusque madent. per lacrimas specto cupidaeque faventia menti longius adsueto lumina nostra vident. adde preces castas inmixtaque vota timori nunc quoque te salvo persoluenda mihi ! Vota ego persolvam ? votis Medea fruetur ! cor dolet atque ira mixtus abundat amor. |
Ultimus e sociis sacram conscendis in Argon ; illa volat, ventus concava vela tenet. caerula unda propulsas carinas subducit : tu terram, nos adspicimus aquas. ubique alta turris circumspicit undas ; huc eo, lacrimis osque sinusque madent. per lacrimas specto cupidaeque menti favent, longius adsueto lumina nostra vident. adde preces castas inmixtaque vota timori nunc quoque illa vota absolvo ! Vota ego persolvone ? Medeae proderunt ! cor dolet atque ira mixtus abundat amor. |
* Argon est le nom du navire. C’est un accusatif masculin grec. Mais comme le mot navire en latin est féminin (navis, is) l’adjectif demeure au féminin : c’est la raison pour laquelle sacram s’accorde avec Argon bien qu’il s’agisse de deux genres différents.
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Il est tout à fait indispensable d’identifier les nominatifs singuliers des noms et des adjectifs ainsi que les présents de l’indicatif des verbes pour pouvoir les rechercher.
Vocabulaire du texte transformé | Vocabulaire du texte transformé |
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ultimus, a, um : dernier
e, prép. : + Abl. : hors de, de, parmi socius, ii, m. : allié sacer, cra, crum : sacré, vénérable conscendo, is, ere, scendi, scensum : monter (-navem = embarquer) ille, illa, illud : ce, cette, celui-ci, celle-ci, il, elle uolo, as, are : voler uentus, i, m. : vent concauus, a, um : dreux, concave uelum, i, n. : la voile teneo, es, ere, ui, tentum : 1. tenir, diriger, atteindre 2. tenir, occuper 3. tenir, garder 4. maintenir, soutenir, retenir 5. lier 6. retenir, retarder, empêcher caeruleus, a, um : bleu, bleu sombre unda, ae, f. : l’onde, l’eau, le flot propello, is, ere, puli, pulsum : pousser en avant, repousser, chasser carina, ae, f. : la carène, la coque, le navire subduco, is, ere, duxi, ductum : retirer, soustraire aspicio, is, ere, spexi, spectum : regarder, examiner, considérer, voir ubique, adv. : partout altus, a, um : haut, profond, grand (métaph.) turris, is, f. : tour circumspicio, is, ere, spexi, spectum : regarder autour de soi, parcourir des yeux unda, ae, f. : l’onde, l’eau, le flot huc, adv. : ici (question quo) eo, is, ire, iui, itum : aller lacrima, ae, f. : larme os, oris, n. : le visage, la bouche, l’entrée, l’ouverture sinus, us, m. : le sein, la courbure, le golfe, l’anse madeo, es, ere : être mouillé |
per, prép. : + Acc. : à travers, parlacrima, ae, f. : larme
specto, as, are : regarder cupidus, a, um : 1 - qui désire, qui aime, passionné, désireuux de. - 2 - avide d’argent, cupide. - 3 - épris d’amour, amoureux. - 4 - partial. mens, entis, f. : esprit faueo, es, ere, faui, fautum : être favorable à, s’intéresser à longius, adv. : de plus loin, de loin adsuesto : habituellement lumen, inis, n. : 1. la lumière 2. le flambeau, la lampe 3. le jour 4. l’éclat, le rayon 5. les yeux noster, tra, trum : adj. notre, nos pronom : le nôtre, les nôtres addo, is, ere, didi, ditum : ajouter preces, um, f. pl. : prières castus, a, um : 1. pur, intègre, vertueux 2. chaste 3. pieux, religieux, saint (Castus, i, m. : Castus) inmixtus, a, um : mélangé uotum, i, n. : voeu, offrande timor, oris, m. : peur nunc, adv. : maintenant quoque, adv. : aussi persoluo, is, ere, solui, solutum : acquitter, s’acquitter de, payer Medea, ae, f. : Médée prosum, prodes, prodere, profui + D : être utile à cor, cordis, n. : coeur doleo, es, ere, ui, itum : 1. souffrir 2. être affligé atque, conj. : et, et aussi ira, ae, f. : colère misceo, es, ere, ui, mixtum : mélanger abundo, as, are : être en grand nombre, être abondamment pourvu amor, oris, m. : amour |
Un paysage au service d’une passion
La traduction du texte d’imitation devrait permettre de « lire » le texte d’origine. On le comprend assez vite, le texte met en scène une femme, Hypsipyle, dont l’amant , Jason, s’éloigne.
Le décor est tout entier fonctionnel : un navire qui aborde et repart, une rive où est postée Hypispyle, et un promontoire d’où, on peut le subodorer, elle observe la mer.
Hypsipyle observe longuement le navire qui quitte l’île (Lemnos est une île). Le vocabulaire choisi traduit son sentiment : . L’Argo est « propulsae » c’est à dire chassé, repoussé, poussé en avant, c’est à dire loin de l’île, au point qu’il vole dans les airs (« volat »).
La tour regarde la mer, le navire est soustrait par la mer. L’extrait tout entier commence sous le signe de la passivité : en effet, le texte latin d’origine comporte de nombreux passifs (subdicitur, adspiciuntur, feror). Les eaux sont regardées . Pas une seule fois, le « je » comme sujet pensant et agissant n’est évoqué. Il n’apparaît que par un nobis agent d’un verbe passif, ou dans le « feror » (je suis portée) qui dit bien l’état d’anéantissement d’Hypsipyle, toute entière noyée dans sa douleur.
Tout indique ici l’arrachement de Jason à son amante.
On assiste à la liquéfaction du « je » au sens figuré comme au sens propre : les yeux sont mouillés (madent) et par un surprenant renversement, voient plus loin que d’habitude (longius adsueto), alors qu’il devrait être brouillé par les larmes.
Au vers 66, l’allitération en « v » réplique parfaitement le souffle du vent dans les voiles : « illa volat, ventus concava vela tenet ».
La tour qui regarde la mer dans toute son étendue « in latus omne » n’est pas sans évoquer le vide, et le vertige.
En définitive, à la lueur de ce passage de la 6ème Héroïde, il est patent que le paysage est tout entier organisé autour de la passion d’Hypsipyle.
Médée la rivale
Vota ego persolvam ? votis Medea fruetur ! cor dolet atque ira mixtus abundat amor.
Faites une recherche sur la Toile afin de vous documenter sur Médée. Une fois cette recherche faite, lisez dans son intégralité la lettre d’Hypsipyle, et trouvez toutes les occurences de Médée et les allusions à ses « exploits ». Expliquez à la suite de votre recherche à quoi renvoient les « piques » d’Hypsipyle quand elle parle de Médée.