Séance n°2. Comparer une description et une illustration Séquence La terre vue du ciel

, par PLAISANT-SOLER Estelle, Collège Les Martinets, Rueil-Malmaison

Dominante : Lecture

Présentation

Supports

Textes
  • J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux
  • J.R.R. Tolkien, Bilbo le Hobbit
Illustrations :

Ces illustrations ne peuvent être reproduites ici pour des questions de droit, mais elles peuvent très facilement être retrouvées sur Internet. Je vous conseille la recherche « Image » de Google.

  • Roger Garland, The Two trees of Valinor
  • Tim Kirk, Frodo meditates
  • Alan Lee, Rivendell
  • Alan Lee, The Caradhras
  • Ted Nasmith, Rivendell
  • Ted Nasmith, Farewel to Lorien
  • Ted Nasmith, Green Hill Country
  • Ted Nasmith, The Company of the Ring approaching Caradhras
  • Ted Nasmith, The Glittering Caves of Aglarond
  • Ted Nasmith, The Lamp of the Valar
  • J.R.R. Tolkien, Rivendell
  • Joan Wyatt, Rivendell

Objectifs

Analyse de la fonction d’ancrage réciproque du texte et de l’image (l’image ancre le texte) :

  • Être capable de repérer les liens qui existent entre un texte et une image : fonction d’illustration de l’image.
  • Être capable de repérer les différences qui existent entre ces deux types de représentation d’un paysage : l’image dirige la lecture en opérant des choix là où le texte fait appel à l’imagination.

Travail préparatoire à la séance

L’arrivée à Fondcombe. J.R.R. Tolkien, Bilbo le Hobbit

On arriva si brusquement au bord d’une brutale dénivellation que le cheval de Gandalf faillit dévaler la pente. « Nous y voici enfin ! » cria-t-il. Et tous de s’assembler autour de lui et de regarder par-dessus l’arête. Loin en dessous d’eux, ils virent une vallée. Ils pouvaient entendre la voix d’une eau qui, dans le fond, coulait en un rapide courant sur un lit rocheux ; un parfum d’arbre imprégnait l’air ; et il y avait une lumière de l’autre côté de l’eau en aval. Bilbo ne devait jamais oublier la façon dont ils glissèrent et dégringolèrent dans le crépuscule le long du sentier en zigzag jusque dans la secrète vallée de la Combe Fendue. L’air se réchauffait au fur et à mesure de la descente, et l’odeur des pins assoupissait le hobbit, de sorte qu’à tout moment il branlait la tête et manquait de tomber, ou bien il heurtait du nez l’encolure de son poney. Leur entrain se réveilla à mesure qu’ils descendaient. Les arbres devenaient des hêtres et des chênes, et une agréable sensation se dégageait du crépuscule. La dernière teinte verte s’était presque effacée de l’herbe quand ils finirent par arriver à une percée située un peu au-dessus des bords de la rivière. [...] Elle coulait rapide et bruyante comme font les rivières de montagne les soirs d’été, quand le soleil a donné toute la journée sur la neige bien loin au-dessus. Il n’y avait qu’un étroit pont de pierre sans parapet, un pont tout juste suffisant pour le passage d’un poney, et c’est là qu’ils durent traverser un à un avec une prudente lenteur, chacun conduisant sa monture par la bride. [...] Et ainsi ils arrivèrent à la Dernière Maison Simple, dont ils trouvèrent les portes grandes ouvertes.

Questions
1) Quel sentiment anime les voyageurs lorsqu’ils découvrent ?
2) Quels sont ceux des cinq sens qui sont convoqués lors de cette description ?
3) Faites la liste des éléments décrits. Reportez chacun d’eux sur un schéma sommaire du paysage que vous dessinerez.

Déroulement de la séance

Correction des exercices

Réflexion sur l’illustration

Distribution des images :

  • J.R.R. Tolkien, Rivendell
  • Ted Nasmith, Rivendell
  • Alan Lee, Rivendell
  • Joan Wyatt, Rivendell

Questions portant sur les illustrations
1) Cherchez sur chacune des illustrations les éléments de la description que vous avez relevés.
2) Quels éléments les illustrations ajoutent-elles ?
3) Comparez chacune des visions que ces images proposent du paysage : y en a-t-il une plus fidèle que l’autre ?
4) Est-ce ainsi que vous les imaginiez lors de la lecture du texte ?

Réflexions orales sur texte et image

Autres comparaisons entre texte et illustration

Distribution d’autres exemples de comparaison entre texte et illustration. La même démarche est adoptée : lecture du texte, question portant sur l’impression générale, les sens convoqués, les éléments décrits. Puis analyse de l’image et des choix qu’elle opère par rapport à la liberté que le texte offre à l’imaginaire du lecteur.

Remarque : Ces autres textes peuvent également être étudiés à la place du premier.

1ère comparaison entre le texte et l’illustration

 LA FORET DE LA LORIEN. J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux

Quand les yeux de Frodon eurent été à leur tour découverts, il leva le regard, et il eut le souffle coupé. Ils se trouvaient dans un espace découvert. A gauche s’élevait un grand tertre, couvert d’un tapis de gazon aussi vert que le printemps des temps anciens. Dessus, comme une double couronne, poussaient deux cercles d’arbres : ceux de l’extérieur avaient une écorce d’un blanc de neige ; ils ne portaient pas de feuilles, mais ils étaient splendides dans leur harmonieuse nudité ; les arbres de l’intérieur étaient des mallornes de grande taille, encore revêtus d’or pâle. Haut parmi les branches d’un arbre très élevé brillait un flet blanc. Au pied des arbres et sur toutes les pentes vertes, l’herbe était parsemée de petites fleurs d’or en forme d’étoiles. Parmi elles, dansant sur de minces tiges, se voyaient d’autres fleurs, blanches ou d’un vert très pâle ; elles miroitaient parmi le riche coloris de l’herbe. Au-dessus, le ciel était bleu, et le soleil de l’après-midi rayonnait sur la colline, jetant de longues ombres vertes sous les arbres. [...]
Les autres se jetèrent sur l’herbe odorante, mais Frodon resta un moment debout, encore plongé dans l’émerveillement. Il lui semblait avoir passé par une haute fenêtre donnant sur un monde évanoui. Il s’étendait dessus une lumière pour laquelle sa langue n’avait point de nom. Tout ce qu’il voyait était de belle forme, mais ces formes semblaient en même temps nettement découpées comme si elles venaient d’être conçues et dessinées au moment où on lui avait retiré son bandeau, et aussi anciennes que si elles duraient depuis toujours. Il ne voyait d’autres couleurs que celles qu’il connaissait, or et blanc, et bleu et vert, mais elles étaient fraîches et vives comme s’il venait de les percevoir à ce moment et d’inventer des noms nouveaux et merveilleux.

 Illustrations :

  • Ted Nasmith, Farewel to Lorien
  • Tim Kirk, Frodo meditates
2ème comparaison entre le texte et l’illustration

 Le départ de la Comtée J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux

La marche de la journée promettait d’être chaude et fatigante. Après quelques milles, toutefois, la route cessa de monter et descendre ; elle grimpa en zigzags jusqu’au sommet d’une arête escarpée, d’où elle ménageait une dernière descente. Devant eux, ils virent la plaine pointillée de petits bouquets d’arbres qui se fondaient au loin en une brume brunâtre de forêts. Leur regard portait par-dessus le Bout-des-Bois en direction du Brandevin. La route se déroulait devant eux comme un cordon.
Pippin s’assit sur le talus et regarda au loin dans la brume à l’est, au-delà de laquelle se trouvaient la rivière et la fin de la Comté où il avait passé toute sa vie. Sam était debout à côté de lui. Ses yeux ronds étaient écarquillés car il contemplait, par-dessus des terres qu’il n’avait jamais vues, un nouvel horizon. [...] Frodon gardait le silence. Lui aussi suivait la route du regard en direction de l’est, comme s’il ne l’avait jamais vue.

Illustration :

  • Ted Nasmith, Green Hill Country
3ème comparaison entre le texte et l’illustration

Le mont Caradhras. J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux

Au début, il parut aux Hobbits que, même marchant et trébuchant jusqu’aux limites de la fatigue, ils ne faisaient que ramper comme des escargots, sans jamais arriver nulle part. Chaque jour, le site paraissait exactement le même que la veille. Pourtant les montagnes approchaient régulièrement. Au sud de Fondcombe, elles s’élevaient toujours plus hautes, et s’infléchissaient vers l’ouest ; et au pied de la chaîne principale dévalait un paysage toujours plus large de collines désertes et de profondes vallées emplies d’eaux turbulentes. Les sentiers étaient rares et sinueux et ne menaient souvent qu’au bord de quelque à-pic ou dans les traîtres marécages. [...]
Dans le lointain au sud, Frodon pouvait voir les formes indécises de hautes montagnes qui semblaient à présent barrer la route que suivait la Compagnie. A la gauche de cette haute chaîne se dressaient trois sommets ; le plus élevé et le plus proche était planté comme une dent couronnée de neige ; son escarpement nu, orienté au nord, se trouvait encore largement dans l’ombre, mais là où il était atteint par les rayons obliques du soleil, il flamboyait, tout rouge.

Illustrations :

  • Ted Nasmith, The Company of the Ring approaching Caradhras
  • Alan Lee, The Caradhras
4ème comparaison entre le texte et l’illustration

 Le Gouffre de Helm J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux
Gimli le Nain a découvert des grottes extraordinaires qu’il décrit à Legolas l’Elfe.

Et, Legolas, lorsque les torches sont allumées et que les hommes déambulent sur les sols sablés sous les dômes sonores, ah ! alors, Legolas, les gemmes, les cristaux et les veines de minerai précieux étincellent dans les murs polis ; et la lumière rayonne à travers les marbres plissés, semblables à des coquillages, translucides comme les vivantes mains de la Reine Galadriel. Il y a des colonnes blanches, safran et d’un rose d’aurore, cannelées et contournées en formes de rêve, Legolas ; elles jaillissent de sols multicolores pour rejoindre les pendentifs scintillants de la voûte : des ailes, des cordes, des rideaux aussi fins que les nuages pelés ; des lances, des bannières, des clochetons de palais suspendus ! Des lacs immobiles les reflètent : un monde miroitant surgit de sombres mares couvertes de verre clair : des cités, telles que Durïn n’aurait guère pu en imaginer dans son sommeil, s’étendent par des avenues et des portiques jusqu’aux recoins sombres où nulle lumière ne parvient. Et ding ! une goutte d’argent tombe et les ondulations circulaires du miroir dont courber et vaciller toutes les tours comme les algues et les coraux d’une grotte marine. "

Questions :
1) Quel sentiment anime Gimli lorsqu’il fait cette description ?
2) Cette description mêle plusieurs lexiques : relevez les mots appartenant aux lexiques suivants : matières minérales, monde aquatique, couleur et lumière, architecture, décoration.
3) Cherchez la définition de « stalactite », « stalagmite »

Illustration :

  • Ted Nasmith, The Glittering Caves of Aglarond

QUESTIONS PORTANT SUR L’ILLUSTRATION
1) Cherchez des exemples de stalactites et de stalagmites sur l’illustration.
2) Quels autres éléments du texte retrouve-t-on sur l’illustration ?
3) Est-ce ainsi que vous les imaginiez lors de la lecture du texte ?

5ème comparaison entre le texte et l’illustration

ET LA LUMIERE FUT... DEUX FOIS SELON TOLKIEN

Premier moment : La naissance de la lumière, créée par les Valar


En ce temps les Valar mirent en ordre les mers et les terres et les montagnes, puis Yavanna sema les graines qu’elle avait depuis longtemps inventées. Alors, comme les flammes avaient été domptées ou enfouies sous les premières collines, il fallut de la lumière. A la demande de Yavanna, Aulë porta au milieu des mers deux énormes lampes qu’il avait fabriquées, pour éclairer les Terres du Milieu. Varda les remplit, Manwë les alluma et les Valar les juchèrent sur de gigantesques colonnes, plus hautes que toutes les montagnes qui nous sont restées. Une fut dressée au nord des Terres du Milieu, qu’on appela Illuin, l’autre au sud, Ormal, et la lumière inonda la terre où tout brillait comme si le jour n’avait pas de fin. [...]

Deuxième moment : La guerre et la destruction des lampes des Valar

Melkor, assuré de la résistance de sa forteresse comme de la valeur de ses alliés, se jeta soudain dans la bataille pour porter le premier coup avant que les Valar ne fussent prêts. Il attaqua Illuin et Ormal, abattit les colonnes et brisa les lampes. La chute des immenses piliers fit que la terre s’ouvrit et se brisa, que les océans se levèrent en furie, et les lampes elles-mêmes répandirent sur la Terre des flammes dévorantes. [...]

Troisième moment : Renaissance de la lumière grâce aux deux arbres de Yavanna

Yavanna chantait devant eux et ils la regardaient. A ce moment, deux pousses fragiles apparurent sur la colline et un silence s’abattit sur le monde, nul autre bruit que le chant de Yavanna et, grâce à ce chant, les pousses grandirent, plus hautes et plus belles, et vinrent à s’épanouir. Ainsi naquirent au monde les deux grands arbres de Valinor, de toutes les œuvres de Yavanna les plus célèbres et celles dont le sort est indissociable de tous les récits des Jours Anciens.
L’un avait les feuilles vert sombre, dont l’envers brillait comme de l’argent, et il répandait de ses fleurs innombrables comme une inépuisable rosée de lumière argentée qui baignait le sol tacheté d’ombres frémissantes. L’autre avait des feuilles vert tendre comme celles du hêtre nouveau, bordées d’une lisière d’or, ses fleurs se balançaient comme des grappes de flammes dorées, cornes lumineuses qui déversaient une pluie d’or sur la terre, et toute cette efflorescence inondait les alentours de chaleur et de lumière.

Illustrations :

  • Ted Nasmith, The Lamp of the Valar
  • Roger Garland, The Two trees of Valinor

 COMMENTAIRES DE TED NASMITH SUR SON TABLEAU :
« La lampe des Valar est une tentative pour dépeindre une des plus belles images que Tolkien ait décrite dans ses mystérieux récits de la préhistoire des Terres du Milieu. Bien que je doute que les arbres géants de Yavanna aient effectivement entouré la lampe Illuin, c’est un des privilèges de l’artiste que de pouvoir parfois composer un tableau qui réunisse deux concepts intéressants, et imprimer ainsi sa » touche « personnelle. »

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)