Cette ambition et ces pratiques prennent des formes différentes et doivent s’inscrire au cœur des apprentissages de la classe tout en l’ouvrant largement au monde.
Les trois champs qui définissent le parcours d’éducation artistique et culturelle (Cf. Circulaire interministérielle du 9 mai 2013, arrêté du 7 juillet 2015) « rencontres, pratiques, connaissances » ont toute leur place dans l’enseignement des lettres et LCA.

Dans le cours ordinaire de la classe

• Une fréquentation des œuvres et une formation du goût
  Des lectures nombreuses, des esthétiques variées, du patrimonial et du contemporain, mais aussi de « vrais » livres et pas seulement des photocopies, des documents soignés et surtout des pratiques de lecture souples, attentives au sens, ouvertes à la réception des élèves. La qualité des œuvres proposées, la pratique du carnet de lecture, les démarches qui privilégient la parole les élèves, la recherche, l’échange et le débat aux questions du professeur, contribuent à créer au fil des jours un rapport personnel à la littérature.
• Le développement d’un rapport sensible à la langue et ses pouvoirs, le corps, la voix
  Dans des pratiques simples et fréquentes : lecture à voix haute (écoute et production), mise en voix, mise en espace de textes théâtraux, travail sur le lexique, poésie et matière sonore, art oratoire, petits « gueuloirs », expériences d’écriture, etc…
  De la 6^ème à la terminale, on peut échanger simplement avec les élèves sur ce qui fait la force, la beauté d’un vers, d’un texte, d’un mot, d’un discours, sur les textes, les œuvres qu’ils aiment…
  L’opération « Dis-moi dix mots » peut être l’occasion de développer cette sensibilité à la langue.
• Une réflexion sur la représentation
  Cette notion, qui recouvre toutes les questions de la mimesis et ne se limite pas au champ théâtral, est au cœur de notre discipline ; elle est essentielle dans la formation des élèves. Dès la 6^ème, on peut y sensibiliser les élèves en travaillant sur la relation entre texte et image, en réfléchissant à la visée, aux effets d’un texte, aux choix d’écriture, aux images, à ce qui est dit, montré, ignoré, passé sous silence, transposé, etc. Réfléchir ensemble aux conditions de production d’une œuvre, à un projet de création, au processus d’écriture, consulter des brouillons d’écrivains, etc. participent de cette expérience.
• Des pratiques créatives
  Elles sont nombreuses et fécondes en lettres. Vous aurez sans doute plaisir à en imaginer vous-même en fonction de vos projets : critiques littéraires, écriture d’imitation, écritures à contraintes, écritures à partir d’un mot, d’une image, d’une impression, d’un personnage, d’une situation, d’un motif, écriture dans un genre littéraire, etc.
  Ces pratiques sont essentielles à double titre : elles créent des liens étroits entre lecture et écriture, l’expérience de l’une éclairant l’autre ; elles contribuent fortement à instituer chaque élève comme « écrivant », car elles ne relèvent pas des mêmes critères de réussite normés que les écrits canoniques de la discipline tout en y préparant. La plateforme On peut toujours écrire, on peut toujours lire … ouverte au printemps 2020, donne accès à de nombreuses propositions d’écrivains et aux textes correspondants réalisés par les élèves.

En lien avec d’autres disciplines ou enseignements

Au collège :

• Arts plastiques
• Éducation musicale
• Histoire des arts

Au lycée :

• Arts plastiques
• Musique
• Danse
• Cinéma
• Histoire des arts
• Théâtre
• Arts du cirque
  si l’un de ces enseignements existe dans votre lycée, ou grâce aux ressources offertes par le numériques, les offres locales, etc.

Grâce aux dispositifs présents dans beaucoup d’établissements

• Chorales
• Collège au Cinéma
• Lycéens et apprentis au Cinéma
• Actions développées dans le cadre de Lecture pour tous, etc.

Dans le cadre de projets partenariaux

Conclus avec des artistes et des structures culturelles (médiathèques, théâtres, cinéma d’art et essai, centres d’art, musées…), ils peuvent être ponctuels ou au long cours.

La collaboration avec un / une artiste est essentielle pour développer une pratique artistique ; l’artiste introduit une autre voix, d’autres gestes, un autre rapport au corps, à l’espace, à la technique. Son rapport à la création est singulier, non didactisé, ancré dans la pratique ; cet écart est précieux pour tous, le professeur comme les élèves.

Un travail partenarial associant les compétences combinées de l’enseignant et de l’artiste peut alors être proposé dans différents champs.

• Dans le cadre d’un projet de lecture-écriture, il est souvent possible de bâtir un projet avec un auteur(e), un(e) bédéiste, un(e) conteur(se), un(e) poète(sse), une structure (médiathèque, bibliothèque…). Une approche de ce qui se fait dans le champ des écritures numériques et des usages des écritures collaboratives est aussi très intéressante pour nos élèves, habitués aux écrans.
• Dans le cadre d’un projet liant le travail du souffle et de la voix, associant l’art oratoire et les enjeux de l’oral, quand l’éloquence devient un art aux services des idées.
• Dans le cadre d’un projet autour de l’image (analyse filmique, programme d’un dispositif d’éducation à l’image, réalisation d’une courte séquence vidéo, etc.).
• Dans le cadre de l’étude du théâtre, on s’appuiera sur les possibilités au sein de chaque établissement de proposer un spectacle réel en bâtissant un projet avec la structure culturelle la plus proche : rencontre en amont et en aval avec des artistes, l’équipe artistique au sens large. De petites formes peuvent être travaillées au cours de l’année à partir de textes de théâtre que l’on va chercher ou que l’on va écrire, en partenariat si possible avec tel ou tel comédien, tel ou tel artiste. L’usage de captations théâtrales sera l’occasion d’aborder toutes les problématiques liées à la place du corps, de l’espace, de la voix. Ainsi, en classe, on pourra expérimenter sur le « plateau » de la salle de classe telle ou telle lecture des scènes étudiées…
• Des projets liant la musique à la littérature sont également envisageables. L’opéra, comme art total, peut aussi être abordé en lien avec les programmes de français…..

Vos collègues, et plus particulièrement le ou la référent.e culture de l’établissement vous feront connaître :

• le volet artistique et culturel du projet d’établissement,
• les actions artistiques et culturelles en cours.

Ils peuvent :

• vous associer à un dispositif d’éducation à l’image,
• vous faire connaître les structures culturelles de proximité,
• les ressources des grandes institutions culturelles précieuses notamment pour un travail à distance.
  Les ressources de la BnF, par exemple, sont particulièrement intéressantes pour le collège comme pour le lycée.

La conception et la mise en œuvre de projets partenariaux nécessitent une réflexion en amont au sein des équipes de direction et de professeurs. Ils obéissent le plus souvent à un calendrier difficilement compatible avec l’arrivée dans un établissement puisqu’ils se préparent le plus souvent un an à l’avance : le Goncourt des lycéens, le prix des lycéens de la région Ile de France, les actions liées à la lecture [1] comme Lecture pour tous.
Pour élaborer conjointement un projet et obtenir des financements, il convient de se tourner vers les collectivités territoriales dont dépendent les collèges et les lycées (département, région) ou du rectorat (DAAC - Délégation Académique à l’Action Culturelle [2]). Il existe différents appels à projet qui permettent de construire le Parcours à l’éducation artistique et culturelle (PEAC) de chaque élève.
L’expérience culturelle et surtout l’expérience de la pratique artistique sont essentielles pour le professeur qui souhaite en faire bénéficier ses classes. De nombreuses formations sont proposées dans le cadre du PAF, souvent en partenariat avec des structures culturelles ou des artistes reconnus.