LCA - Les bas-reliefs de Cn. Domitius Ahenobarbus Développer une démarche heuristique pour mener une « enquête » archéologique

, par BERNOLLE Marie-Anne, Chargée de mission pour l’Inspection de Lettres

Journée d’étude LCA - 4 juin 2019 Université Paris-Ouest-Nanterre
Expérimentation et documents de Patricia COCHET-TERRASSON

Retour vers l’article chapeau consacré à la journée d’étude

Projet conduit au Lycée Jules Hardouin-Mansart de Saint-Cyr l’École
Classe de 2nde 2018/2019
Activité menée en 4 séances successives en salle informatique

Objectif principal

Inviter les élèves à développer une démarche heuristique pour mener une « enquête » archéologique. Il s‘agira pour eux d’exploiter une documentation conséquente, de développer de nombreuses compétences propres aux LCA et à l’archéologie, mais aussi des compétences transversales puisque les élèves répartis en deux groupes seront amenés à collaborer pour réaliser une tâche commune.

Au cours de l’activité, ils vont découvrir en particulier que l’interprétation des objets archéologiques s’appuie sur une connaissance interdisciplinaire et qu’elle n’offre pas toujours de conclusions définitives.

Mise en activité

Chaque groupe représente un musée en possession de bas-reliefs qui, a priori, n’offrent pas de points communs évidents.
Or, à l’occasion d’une exposition fictive, il est question de réunir et de rassembler ces éléments qui ornaient un parallélépipède à la destination mal définie.
Il s’agit pour les élèves de s’assurer de la pertinence de la reconstitution et de composer le petit journal explicatif à destination du visiteur. Il leur est également demandé de réfléchir à la scénarisation de l’exposition.

Tous les documents nécessaires sont mis à disposition des élèves sur un mur collaboratif – on pourrait tout aussi bien créer un site dédié. Les lycéens s’engagent à ne jamais sortir de ce support et à ne pas rechercher d’informations en dehors de la classe.

Capture d’écran d’une partie du padlet

Le support padlet ?

Pourquoi un support padlet ?

  • Les séances se déroulant en salle informatique, les latinistes trouveraient par exemple sur Wikipédia des informations qui rompraient la démarche heuristique.
  • Les élèves peuvent agrandir les images et ainsi approcher au plus près le détail des bas-reliefs.
  • On évite de distribuer une documentation imposante au format papier.

Quels documents contient-il ?

  • Les images des objets archéologiques à étudier : les bas-reliefs de Domitius Ahenobarbus conservés à Paris et à Munich ;
  • Un support de carte mentale pour aider les deux groupes à organiser leurs recherches ;
  • Des sources variées : par exemple, des cartes du lieu de découverte des bas-reliefs, des pièces de monnaie à l’effigie du commanditaire supposé des bas-reliefs, des extraits de listes des magistrats romains, des documents qui décrivent certaines parties des bas-reliefs et les interprètent - pour certains, de façon contradictoire -, des extraits de dictionnaires encyclopédiques, des textes antiques qui éclairent les scènes sculptées ou en facilitent l’interprétation…
Confronter les deux bas-reliefs

Comment les élèves ont-ils procédé ?

Leur première impression a été catégorique : les bas-reliefs n’offraient que peu de points communs, sinon peut-être la représentation d’animaux. Quel rapport établir entre des animaux marins et un bœuf, un mouton et un cochon ? Ils ne semblent pas être composés dans le même matériau…etc.

Une observation plus minutieuse et la lecture de certains documents les fera revenir sur ce jugement hâtif : les panneaux sont de même dimension, tous deux taillés dans le marbre, les extrémités sont ornées d’une même représentation de pilastres et, à bien y regarder, deux têtes de chevaux se ressemblent fort, etc.

La documentation a été répartie entre les membres de chaque groupe et chacun a consigné progressivement ses informations sur la carte mentale basique qui était proposée.

Plusieurs problèmes ont dû être résolus par les élèves :

  • Comprendre l’intérêt de tous les documents.
    Par exemple, l’article de Danièle Braunstein L’emploi du trépan dans la sculpture archaïque : la technique du trépan courant les obligeait à s’intéresser à la technique d’exécution des bas-reliefs de Munich, différente de celle du bas-relief conservé au Louvre.
  • Traiter des documents contradictoires.
     Par exemple, l’article de 1909 d’E. Michon Les bas-reliefs historiques romains (pages 147 à 157) conclut que les bas-reliefs sont de la même main et peuvent dater de la fin du IIe siècle av. J.-C. à la différence de Georges Ville, qui, dans son Iconographie romaine de 1966, propose une datation plus récente de la toute fin de la République, voire du début de l’Empire.
     Comment identifier des personnages historiques différents qui portent le même nom ? La lignée des Domitii est célèbre et plusieurs personnes sont appelées Domitius Ahenobarbus. La documentation propose en particulier deux pièces dont l’avers porte deux effigies différentes, comment s’y retrouver ?
     Comment admettre, comme Pline l’affirme dans son Histoire naturelle, XXXVI,4,26 que Scopas, sculpteur grec contemporain de Praxitèle, soit l’auteur de bas-reliefs de la fin de la République romaine ? Existe-t-il alors aussi plusieurs Scopas, faut-il comprendre que Pline parle du talent de Scopas lisible sur des copies romaines de ses œuvres ?
     Pourquoi les documents proposés traitent-ils tous de bas-reliefs ornant l’autel du temple de Neptune alors que Filippo Coarelli illustre le podium d’un groupe de trois statues ? …
  • Décider à quel support il fallait donner priorité ou accorder davantage de crédit.

L’échange, le débat et la collaboration de tous permettent finalement de proposer une interprétation qui sera confrontée à l’exposé donné par Daniel Roger, ancien conservateur du département des Antiquités étrusques et romaines au Musée du Louvre - (naturellement la vidéo ne figurait pas sur le padlet, au départ.)

La réalisation du Journal du bas-relief peut alors commencer, cette fois encore, il faudra opérer des choix pour partager et organiser l’information à délivrer au spectateur de l’exposition fictive. Les compétences rédactionnelles sont alors largement sollicitées.

Journal du bas-relief

N.B. Le document réalisé (présenté déplié en PDF) doit être plié en 3 parties égales.

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