LCA - Archéologie d’une ville L’exemple de Meaux (Seine-et-Marne)

, par BERNOLLE Marie-Anne, Chargée de mission pour l’Inspection de Lettres

Journée d’étude LCA - 4 juin 2019 Université Paris-Ouest-Nanterre
David COUTURIER (INRAP)
Meaux : « Petite-fille de Rome ». Programme de recherche de l’INRAP depuis 2007.

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L’archéologie préventive comprend 2 phases : diagnostic (repérage de sites) et fouille.
Pour un diagnostic en milieu rural, on fait des tranchées régulières avec une pelleteuse.
Pour un diagnostic en ville, on fait des tranchées profondes.
L’archéologie détruit des connaissances, au fur et à mesure des fouilles.
« Exhaussement des sols » depuis l’Antiquité : avant, il était plus simple de détruire et d’étaler les vestiges, car on ne pouvait pas facilement déblayer les matériaux (faute de modes de transports), et on reconstruisait par-dessus. Ainsi, la stratigraphie montre l’accumulation des vestiges des périodes précédentes.
« Sédimentation urbaine » = en général, l’accumulation se fait sur 4-5 mètres, allant jusqu’à 8-10 mètres pour les centres urbains importants (comme Rome).

Meaux : méandre de la Marne

Il s’agit d’un territoire occupé par un peuple gaulois : les Meldes, de Gaule Belge, mentionnés par César. Le monnayage est copié aux Grecs, ce qui s’explique par les nombreux mercenaires Gaulois dès le IVe s. en Grèce.

La ville antique s’est logée au creux du méandre. Son nom, Ia(n)tinum, est mentionné par Ptolémée.
On peut consulter son plan : http://hist.olieu.net/iantinum/iantinum.html

Il s’agissait d’un pôle cultuel : sanctuaire gaulois de la Bauve depuis le IVe s., connu par l’entassement d’armes et de petites coupes, mais pas par des vestiges monumentaux. Ce sanctuaire devient un temple monumental à l’époque romaine.

Il y avait une forte occupation en 60-30 av. JC, à la fin de la période gauloise, comme le montrent les maisons de bois et les fosses de déchets.
Le processus d’urbanisation intervient-il avant la conquête de César ou à ce moment-là ?

Les rues

Le plan des rues est orthonormé et classique en cardo et decumanus.
Les rues étaient entretenues et larges (4 à 6 m de large). Elles étaient dallées mais de manière très ponctuelle.
On trouve des rues antiques (chaussée entourée de trottoirs couverts avec caniveaux) et des habitations de tradition indigène, des fours dans les maisons. On trouve ensuite ces derniers plutôt dans des boulangeries où des meules « pompéiennes » ont été découvertes.

Le bâti

On remarque une évolution du bâti, en pierre dès le IIe s. av. JC, avec des chauffages hypocauste. Les sols étaient en mortier de chaux (procédés romains).
Les habitations étaient décorées avec les enduits peints au rouge pompéien, même si cela n’atteint pas le raffinement des maisons du Sud de l’Italie.
Pour l’accès à l’eau, les habitants avaient des puits pour l’essentiel, avec au moins un aqueduc. L’utilisation était parcimonieuse car un seul aqueduc et une seule maison avait un accès à l’eau.

L’artisanat

Certaines activités spécifiques échappent aux archéologues, comme le textile car ce sont des matériaux périssables.

Vestiges :

  • forge (gisement de métal dans le Sud Essonne).
  • tessons d’amphore qui viennent d’Espagne pour les sauces de poisson (garum). Meaux devait servir de transit pour ces sauces.
  • verre importé sous forme de lingots depuis la Syrie et la Palestine, puis reconditionné sur place.
  • vaisselle et ateliers de potiers.

Les bâtiments publics

On a retrouvé un théâtre, un amphithéâtre, des thermes, mais pas de forum… Il n’a en tout cas pas encore été retrouvé. Il n’y a pas de nécropole antique non plus.
Certains édifices publics ont été démantelés, mais des stèles ont été réemployées dans des bâtiments plus tardifs.
On a les signes d’une crise à la fin de l’Antiquité (IIIe s.) puisqu’on constate une « rétraction urbaine » (8 hectares désormais) et la construction d’un rempart qui montre que des invasions ont eu lieu.

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