Médée de Corneille expliquée par les graphes Éléments d’analyse de la pièce

, par Cécile LE CHEVALIER

Introduction

Première tragédie de Corneille, Médée est composée en 1635. Corneille prend la suite d’illustres modèles, notamment d’Euripide et de Sénèque. Sans reprendre la genèse de la pièce, telle qu’elle a été éclairée par Florence Poirson dans cette conférence de 2019, on peut noter, en regard de ses prédécesseurs, quelques différences clés : Médée est beaucoup moins présente sur scène ; elle n’est plus accompagnée par sa « nourrice », mais par une servante ; par rapport à la pièce d’Euripide, Médée perd également les liens étroits qu’elle entretenait, dans la tragédie grecque, avec le « chœur des femmes de Corinthe ». Quelles évolutions ces choix impliquent-ils dans l’équilibre des personnages, dans le fonctionnement esthétique général de la pièce, et dans le message qu’elle véhicule ?

Question de métier

Dans l’étude d’une pièce « classique » comme celle-ci, l’une des difficultés, pour les élèves et, par voie de conséquence, pour l’enseignant, reste de prendre de la distance vis-à-vis de l’œuvre, et vis-à-vis du texte, pour sortir d’une lecture trop proche de la paraphrase et entrer dans une analyse qui puisse mener à une interprétation littéraire. De ce point de vue, l’analyse par les graphes constitue un bon moyen d’amener les élèves, et à prendre de la distance, et à prendre en considération les enjeux plus profonds de la pièce.

Pour plus d’explications sur le fonctionnement des graphes et un exemple d’analyse détaillée, le lecteur peut se référer à l’article suivant : « Bajazet interprété par les graphes ». À la fin de cet article, il trouvera également un didacticiel expliquant comment calculer les centralités de degré et d’intermédiarité à l’aide du logiciel Gephi.

En 2de, l’enseignement de Sciences Numériques et Technologie faisant intervenir l’analyse par les graphes dans le thème « réseaux sociaux », il est possible de travailler en interdisciplinarité et de s’appuyer sur ce qui est traité en SNT pour faire construire les graphes aux élèves. Dans cette pièce, pour les actes I, III et IV, les graphes sont extrêmement simples à construire, et les calculs, aisés à effectuer, même à la main ; pour les actes II et V, en revanche, les graphes sont plus complexes, et les calculs, en particulier ceux des centralités d’intermédiarité, seront plus sûrement effectués par le logiciel Gephi. Cet article ne vise pas une présentation détaillée du fonctionnement des graphes, mais se contente de proposer un exemple de ceux que l’on peut construire à partir de la pièce, avec les centralités de degré et d’intermédiarité associées à chaque personnage, et de suggérer des pistes d’analyse.

Confronter l’analyse par les graphes à ce que nous apprennent le tableau de présence des personnages et le schéma actantiel de la pièce permet de mieux en faire ressortir les apports.

Le tableau de présence des personnages

« Médée » - Tableau de présence des personnages

Pour l’étude de cette pièce, réaliser le tableau de présence des personnages présente des intérêts indéniables.

Dans l’ordre décroissant, les personnages qui apparaissent le plus sont Médée (11 scènes), puis Jason (10 scènes), Nérine (8), Cléone (7), Créuse et Créon (6 chacun). Viennent ensuite, parmi les personnages plus « anecdotiques », Égée (3), Pollux (3) et Theudas (2).

Un élément saute immédiatement aux yeux en observant ce tableau : seuls deux personnages apparaissent, de façon récurrente, « à cheval » sur deux actes : il s’agit de Médée, et de sa servante Nérine. Les autres personnages, quand ils apparaissent dans la dernière scène d’un acte, ne réapparaissent pas immédiatement dans la première scène de l’acte suivant.

Médée et Nérine, les magiciennes, sont les seules à transgresser les limites de façon récurrente, qu’il s’agisse de celles de l’esthétique, de celles de la morale ou de celles de la réalité.

Le schéma actantiel

« Médée » - Schéma actantiel

Malgré le titre de la pièce, le schéma actantiel n’est réalisable qu’en prenant Jason comme « sujet » de la quête. Certes, l’on pourrait considérer que Médée poursuit, elle aussi, un objet : sa vengeance, en réaction à la trahison de Jason. Dans cette optique, Nérine serait son adjuvante. Cependant, la fonction principale des autres personnages n’est pas de s’opposer à la vengeance de Médée : cette vengeance, la magicienne l’ourdit en secret [1]. Si l’on sonde leurs motivations, on trouve plutôt : 

  • du côté de Jason, son amour pour Créuse et un certain sens de l’opportunité politique (épouser la fille de Créon lui permet de regagner un royaume, et de se protéger, ainsi que sa famille, d’Acaste ; à ses yeux, le simple exil de Médée n’est qu’un moindre mal au regard des premières exigences de son adversaire, qui étaient qu’on lui livre la magicienne et Jason), ainsi que, de façon plus trouble, le désir de ne plus être associé aux crimes de Médée ;
  • du côté de Créuse, un amour sincère pour Jason, et la convoitise pour la robe de Médée ; la princesse ne veut toutefois pas s’emparer de cette robe par la force, mais propose de l’échanger contre « tous les trésors du Roi » (son père) ;
  • du côté de Créon, enfin, la peur de la magicienne (« Gardes, empêchez-la de s’approcher de moi »), et la nécessité de l’éloigner pour protéger sa ville d’Acaste, voire même de « toute la Thessalie en armes » (II, 2).

À part Jason dont les sentiments sont troubles, aucun de ces personnages n’éprouve de sympathie pour Médée ; Créon manifeste même de l’horreur et de la crainte à son égard ; mais aucun n’a pour objectif premier de lui nuire. Ils sont surtout indifférents à son sort, et désireux d’écarter celle qui gêne le bon déroulement de leurs plans.

« De trop » dans la cité de Corinthe, et se limitant à réagir aux actions de Jason et des autres personnages, Médée se manifeste donc d’emblée comme opposante ; mais c’est ici une opposante qui détruit pratiquement tous les autres éléments du schéma. Créon, Créuse, Jason, tous finissent par disparaître. Le dénouement laisse l’intrigue sans sujet, sans objet, sans destinataire et sans adjuvant. La principale opposante domine… mais s’évanouit à son tour en prenant la fuite à travers les airs dans son char tiré par deux dragons, peut-être pour rejoindre Égée [2] qu’elle a aidé à s’enfuir et qui lui a offert son royaume et sa personne. À la ville de Corinthe, il ne reste plus que Pollux comme soutien.

L’analyse par les graphes

Pour réaliser ces graphes, nous avons, à l’intérieur de chaque acte, recherché quel personnage échangeait des paroles avec quel personnage. Afin de conserver une certaine simplicité et une certaine clarté, nous n’avons pas nuancé les graphes en fonction du nombre de fois où deux personnages parlaient ensemble dans l’acte, mais cela peut s’envisager.

Pour transcrire les éléments qui revêtent de l’importance dans l’économie dramatique de la pièce, nous avons utilisé les codes visuels suivants :

Les personnages secondaires sont les gardes et domestiques de Créon, les enfants de Jason et Médée… Les gardes et les domestiques sont présents sur scène mais ne parlent pas. Les enfants de Médée, eux, sont simplement mentionnés, mais leur mort joue naturellement un rôle essentiel dans le dénouement tragique.

Dans Médée, il arrive qu’un personnage s’adresse à un autre sans que celui-ci lui réponde en paroles (par exemple, pour lui donner un ordre, ou l’avertir de l’arrivée de quelqu’un). Nous avons donc utilisé un graphe orienté, chaque flèche indiquant qui s’adresse, unilatéralement, à qui. Au niveau du calcul de la centralité de degré, une flèche simple compte pour 1, alors qu’une double flèche compte pour 2.

Pour chaque personnage présent dans chaque acte, nous avons calculé : 

  • la centralité de degré (CD), qui correspond au nombre de relations qu’un personnage entretient avec les autres, donc en quelque sorte à son « poids social » ;
  • et la centralité d’intermédiarité (CI), qui correspond à une valeur « politique » d’intermédiaire entre d’autres personnages ou entre des groupes : le personnage qui possède une forte centralité d’intermédiarité est ainsi souvent le seul à établir une communication entre deux groupes ou deux individus séparés.

Acte I

« Médée » - Graphe de l’acte I

Comme c’est le cas dans Le Cid, la pièce s’ouvre sur la présentation de deux groupes totalement isolés l’un de l’autre : 

  • celui des humains « normaux », qui se structure autour de la loi de Créon et de l’organisation du (re)mariage de Jason avec Créuse ;
  • celui de Médée et Nérine, les proscrites, les magiciennes, qui fonctionnent pour l’instant en duo fermé.

Jason comme Médée se livrent, l’un et l’autre, à des monologues. Celui de Jason lui permet d’exprimer le « trouble » qui s’est emparé de son esprit et le fait hésiter entre Médée et Créuse ; celui de Médée, qui clôt l’acte, d’exprimer son désarroi et sa colère face à la décision de Jason.

En centralité de degré comme en centralité d’intermédiarité, c’est Jason qui tient la position dominante ; les trois flèches qui convergent vers lui l’érigent, dans cet acte, en « monarque » : c’est lui qui centralise la communication.

Acte II

« Médée » - Graphe de l’acte II

Dans l’acte II, avec une centralité de degré de 8 et une centralité d’intermédiarité de 24, le cœur de l’intrigue se déplace sur le personnage de Créuse. En termes de centralité, Jason devient anecdotique.

Seul intermédiaire entre le groupe des « humains » et Médée, Créon pourrait y gagner en importance (centralité d’intermédiarité : 16) ; malheureusement pour lui, il ne lui adresse la parole que pour la bannir. Il veut agir en roi, et commande à ses soldats, mais uniquement pour éloigner Médée de lui. Ses actes comme ses paroles trahissent la peur qu’il éprouve à l’égard de la magicienne. Il veut tenir le rôle du roi, mais en a-t-il la force ? 

L’un des enjeux de cet acte est donc déjà : peut-on régner face à Médée ?

Parallèlement au rejet de Médée par Créon, on assiste au rejet d’Égée par Créuse. On sait que par la suite, Médée s’alliera à Égée. Dans cet acte II, le groupe des exclus gagne potentiellement en nombre, donc en force.

Acte III

« Médée » - Graphe de l’acte III

Le graphe de l’acte III, à trois personnages seulement, est beaucoup plus simple à réaliser que celui des actes précédents. Chaque personnage est relié aux deux autres : aucun n’est donc un « intermédiaire » privilégié, ce qui explique les centralités d’intermédiarité à zéro.

L’identité des centralités de degré et d’intermédiarité entre les trois personnages pourrait faire croire à un équilibre des forces. Parmi ces personnages, toutefois, un seul, Jason, appartient au clan des « humains » ; les deux autres, Médée et Nérine, font partie du clan des magiciennes, qui commence donc à prendre le dessus sur Jason.

Jason, l’ « humain » qui a peut-être le plus de facilités à communiquer avec Médée, celui qui ressent les sentiments les plus ambigus à son sujet aussi, pourrait avoir une valeur d’intermédiaire intéressante, entre ceux qui respectent les lois des hommes et de la Nature, et celles qui les transgressent. Cependant, il est à noter que pour communiquer avec Médée, il faut qu’il soit coupé des autres humains : lui qui apparaît ordinairement accompagné (de son ami Pollux, ou bien de Créuse et de Créon) ne retrouve Médée que seul, en passant d’abord par Nérine, puis en lui adressant la parole, non sans crainte (« Mais la voici qui sort ; souffre que je l’évite : / Ma rencontre la trouble, et mon aspect l’irrite. », III, 2). Dans l’acte V, le dernier échange entre Médée et Jason se fera lui aussi seule à seul, sans même la présence de la confidente.

Acte IV

« Médée » - Graphe de l’acte IV

De fait, dans l’acte IV, nous revenons à la séparation initiale en deux clans. Le monde des hommes essaie de s’organiser contre Médée. Aux côtés de Créon, deux personnages annexes, Pollux et Cléone, passent provisoirement au premier plan. Créon, qui devrait agir en monarque, est à égalité avec eux en centralité de degré. En tant qu’intermédiaires, tous trois ont une valeur nulle : ils agissent en concertation, mais aucun ne paraît apte à établir une communication avec l’extérieur, qu’il s’agisse de s’en faire un allié ou de s’opposer à lui.

Du côté des magiciennes, en revanche, les choses ont évolué. Médée, en le libérant, s’est adjoint Égée, et prend une valeur d’intermédiaire qui la rend plus « forte » qu’aucun des trois humains : elle obtient 4 en centralité de degré, mais aussi (et c’est la seule) 2 en centralité d’intermédiarité : au contraire de Créon, elle a été capable, par son alliance avec Égée, de gagner un véritable appui.

Acte V

« Médée » - Graphe de l’acte V

Dans l’acte V, les pouvoirs de la magicienne se donnent à voir dans toute leur étendue : elle charme Theudas pour qu’il lui révèle le message qu’il apporte à Jason, puis prépare la robe empoisonnée qu’elle a accepté d’offrir à Créuse ; ayant fait dévorer d’un feu inextinguible et Créon et sa rivale, elle parachève son œuvre de mort en exécutant ses deux enfants, avant de s’envoler dans les airs sur le char tiré par des dragons. Jason, qui a tout perdu, se suicide.

Au niveau du graphe, ressortent :  

  • Créon, dans le rôle du piètre roi : il ne commande plus, mais accable d’inutiles reproches ses domestiques et sa fille ; en centralité de degré, il vaut 2 ou 3 (selon que l’on prend les domestiques en compte ou non), en centralité d’intermédiarité, zéro : politiquement mort, il est condamné à disparaître ;
  • Créuse, qui, avec une centralité de degré de 6 et une centralité d’intermédiarité de 14, pourrait constituer la véritable monarque… mais qui meurt : cela lui confère une véritable dimension d’héroïne tragique ; 
  • Jason, qui, avec une centralité de degré de 4 et une centralité d’intermédiarité de 12, vient directement après Créuse, mais qui meurt également. Sa centralité d’intermédiarité tient à ce qu’il met en lien Médée et Créuse ; s’il perd l’une ou l’autre, elle se trouve réduite à zéro. Dans la pièce, il perd les deux, puis se suicide.

Reste Médée. Sa centralité d’intermédiarité, de 8, est relativement élevée ; mais elle ne la doit qu’à l’attaque de « l’homme du milieu » [3] par laquelle elle s’est interposée entre Jason et Theudas, pour intercepter le message qu’apportait ce dernier. Si elle perd l’un ou l’autre, cette centralité d’intermédiarité se trouve elle aussi réduite à zéro.

Coïncidence ? Au terme de la pièce, Médée a perdu tout appui, et a rompu tout contact, avec le monde des hommes : ses fils sont morts ; par ses crimes, elle a définitivement perdu Jason ; ses complices, Nérine et Égée, ont disparu. Elle s’envole dans les airs et se volatilise elle aussi.

Est-elle, de la sorte, l’ultime gagnante de la pièce, comme le laissait supposer le schéma actantiel ? Elle l’emporte dans le sens où ses adversaires ont péri, mais elle, qu’a-t-elle gagné ? Sans Jason, ayant rompu toute attache avec les lois des hommes, ses centralités de degré comme d’intermédiarité deviennent nulles. Ne possédant plus ni famille ni patrie, ayant même, par le meurtre de ses enfants, rompu l’ordre de la Nature [4] et fait périr en elle toute humanité, elle n’a plus qu’à quitter définitivement le monde des humains pour rejoindre celui des magiciennes et des sorcières. Le char tiré par deux dragons, sur lequel elle s’envole à la fin de la pièce, rend clairement apparent, presque palpable, le fait qu’elle a entièrement basculé dans la monstruosité.

Conclusion

Appliquée à cette pièce, l’analyse par les graphes présente l’avantage de faire clairement ressortir l’antagonisme entre le monde des hommes et celui de la magie, mais aussi l’interdépendance qui les unit. Ce que la pièce donne à voir, c’est principalement que l’un ne peut exister sans l’autre : les humains qui font le choix de se passer de Médée périssent, mais Médée, en les détruisant, détruit aussi en elle ce qu’elle a d’humain pour devenir, selon les expressions de Jason, une « horreur de la nature », une « exécrable tigresse ». D’où le caractère tragique du dénouement.

Cette même analyse par les graphes permet également d’interroger les conclusions peut-être un peu hâtives auxquelles nous conduisait le schéma actantiel, en envisageant notamment la victoire en termes, non plus de mort des adversaires, mais de gain personnel. Là aussi, l’absence finale de gain, quels que soient les personnages considérés, permet de mieux éclairer la dimension tragique de la pièce.

À l’échelle de la pièce, il est frappant de constater que dans le clan des « humains », seuls trois personnages communiquent avec Médée :

  • Créon, mais uniquement pour la chasser ; 
  • Theudas, mais sous la contrainte, asservi par un charme ;
  • et Jason, le seul avec qui elle ait un début de « vraie » communication.

Entre les personnages du monde des hommes, les réseaux de communication sont denses et serrés. Entre le monde des hommes et Médée, tout est marqué par plus de distance, par la peur, et par l’horreur — comme l’aura fait ressortir, en classe, l’analyse des principaux passages de la pièce.


Annexe : documents à remplir pour les élèves.

Médée expliquée par les graphes - Fichier élève

Logo de l’article : l’illustration utilisée est la Médée furieuse d’Eugène Delacroix (1862), huile sur toile conservée au Musée du Louvre. Source : The Yorck Project (2002), 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM).

Notes

[1Comme le lui suggère Nérine dans la scène 5 de l’acte I : 

Quoi ! Madame, est-ce ainsi qu’il faut dissimuler ?
Et faut-il perdre ainsi des menaces en l’air ?
Les plus ardents transports d’une haine connue
Ne sont qu’autant d’éclairs avortés dans la nue,
Qu’autant d’avis à ceux que vous voulez punir,
Pour repousser vos coups, ou pour les prévenir.

[2Égée : Corneille écrit « Ægée ». Pour des raisons de lisibilité, nous avons préféré recourir à l’orthographe modernisée.

[3En stratégie, dans l’attaque dite de « l’homme du milieu », l’attaquant intercepte les communications entre deux parties, sans que ni l’une ni l’autre puisse se douter que le canal de communication entre elles a été compromis. Ici, la magie de Médée immobilise Theudas et le force à révéler les nouvelles dont il est porteur, à savoir la mort imminente de Créon et Créuse. On ne sait s’il conserve le souvenir de s’être livré à ces révélations ; qu’il en ait conscience ou pas, le mal est de toute façon fait.

[4Cf son invocation à cette même « Nature », dans la scène 2 de l’acte V : 

Que n’a-t-elle déjà des enfants de Jason,
Sur qui plus pleinement venger sa trahison !
Suppléons-y des miens ; immolons avec joie
Ceux qu’à me dire adieu Créuse me renvoie.
Nature, je le puis sans violer ta loi :
Ils viennent de sa part, et ne sont plus à moi.

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