Dante, La Divine comédie, L’Enfer, chant III, fin

, par PLAISANT-SOLER Estelle, Lycée Saint-Exupéry, Mantes-la-Jolie

Tels je voyais d’Adam les enfants sacrilèges,
Ces oiseaux que Caron appelait dans ses pièges,
un par un se jeter au vaisseau de la mort.

Ils franchissaient alors le ténébreux passage ;
mais à peine ils s’étaient éloignés du rivage,
Qu’une foule nouvelle attendait sur le bord.

« O mon fils, c’est ici, » me dit mon noble maître,
« Que viennent, quel que soit le lieu qui les fit naître,
Tous les coupables morts dans le courroux de Dieu.

Ils se hâtent d’aller par ce fleuve au supplice,
Pressés par l’éperon de la grande Justice
Qui change leur terreur en un désir de feu.

Jamais âme innocente en ces lieux ne s’embarque ;
Voilà pourquoi Caron te chassait de sa barque :
Tu comprends maintenant d’où venait sa fureur. »

Comme il disait ces mots, la lugubre vallée
D’un formidable choc est soudain ébranlée.
Souvenir qui me baigne encore de sueur !

Sur la terre des pleurs, déchaînant sa colère,
S’élève un vent terrible et que la foudre éclaire.
Et devant tant d’horreurs forcé de succomber,

Comme pris de sommeil, je me laissai tomber.

trad Louis Ratisbonne

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