Regards croisés sur les Lumières et Les Lettres Persanes Comment l’analyse de tableaux aide à mieux rentrer dans une oeuvre intégrale et un mouvement littéraire

, par MELET Cécile

Croiser les regards et Découvrir Les Lettres Persanes par la peinture du XVIIIè

1) Le projet

Présentation de la séquence

Cette séquence s’inscrit dans le programme de 1ère et croise plusieurs objets d’étude comme le roman, l’argumentation et l’étude d’un mouvement littéraire. Elle met en lien un corpus de tableaux avec les thématiques présentes dans l’oeuvre de Montesquieu, Les Lettres Persanes. Ce croisement du texte et des images vise à donner à voir aux élèves l’univers social du XVIIIè dans sa complexité et sa diversité. Le recours aux images permet aussi de donner corps aux idées qui traversent les Lumières. Cette séquence fait appel aux TICE et cherche à développer l’autonomie des élèves, en amont par l’exploration de l’exposition virtuelle sur les Lumières de la BnF, en aval dans la production d’une analyse personnelle de tableau qu’ils mettront en regard avec certains extraits du roman.

Enjeux de la séquence en termes de lecture

Les Lettres Persanes peuvent se lire à plusieurs niveaux qu’il est intéressant de croiser avec les élèves.
Du point de vue du genre, l’oeuvre offre un exemple majeur du roman épistolaire que l’auteur a contribué fortement à populariser. Il sera intéressant de montrer comment la polyphonie inhérente au genre correspond à la problématique majeure de l’échange des regards à travers lequel se révèle une société. Les Lettres Persanes offrent une mise en scène de l’altérité qui permet de se révéler à soi. En observant des peintures contemporaines du siècle, les élèves se font à leur tour Persans et posent un regard extérieur sur le société du XVIIIè, qui pourra déboucher sur une interrogation de leur propre monde.

La ligne romanesque de l’intrigue au sérail structure le roman sur le plan dramatique mais rencontre la ligne philosophique : l’Usbek despote en son sérail semble contredire l’Usbek philosophe. L’entreprise d’émancipation des femmes renvoie de manière tragique à la réflexion sur le despotisme et l’autorité du pouvoir qui traverse l’oeuvre, soit à travers une observation ponctuelle et souvent satirique de la société contemporaine du roman, soit à travers des cycles plus longs de lettres à portée plus générale, comme le fameux apologue des Troglodytes. L’étude des Lettres Persanes offre l’occasion de réactiver la question du rapport entre la fiction et l’argumentation qu’on aura pu aborder dans une autre séquence.

La confrontation de certains passages des Lettres Persanes avec des extraits des autres oeuvres de Montesquieu offrira l’occasion aux élèves de mesurer à la fois la cohérence d’une oeuvre, l’efficacité des différentes stratégies argumentatives et la prééminence de certaines problématiques dans le courant de pensée des Lumières, auxquelles les élèves auront été sensibilisés au préalable grâce à l’exploration de l’exposition virtuelle sur les Lumières de la BnF. La présentation des différents diaporamas réalisés par les élèves achèvera d’en faire la synthèse.

Pourquoi ai-je choisi ce texte ? En quoi je pense que ça va rencontrer les élèves ?

La popularité du texte de Montesquieu ne se dément pas : la récente publication d’une revue intitulée Rica et Usbek le confirme. Si la subtilité de la langue du XVIIIè et la complexité de la structure narrative font obstacle dans un premier temps, les élèves s’y familiarisent et finissent par s’identifier aux personnages masculins et féminins du roman. D’autre part, le passage à l’image cherche justement à favoriser l’appropriation de cet univers. Ils naviguent entre un sentiment d’étrangeté et de familiarité, écart auquel invite le dispositif même du roman. Etrangeté par rapport à la réalité décrite et familiarité de certaines problématiques qui ont encore leur actualité : le rapport à l’autre, la place de la femme, la liberté de l’individu, la légitimité du pouvoir… Au terme de cette séquence, il est à espérer que les élèves auront compris tout le bénéfice qu’ils pourront tirer de savoir déplacer leur point de vue pour jeter un regard critique sur leur propre société.

2) Démarche :

Les séances TICE jalonneront celles plus centrées sur l’étude du texte même. Les séances consacrées à l’analyse de tableau peuvent ainsi rythmer la lecture cursive de l’oeuvre et les lectures analytiques des textes choisis, ou au contraire faire l’objet d’une synthèse finale.

Poser le cadre :

Deux séances TICE peuvent servir d’ouverture et poser le cadre de l’étude du roman et du mouvement littéraire des Lumières afin de faire émerger ses grandes problématiques et de saisir sa dimension européenne.

Les élèves auront chez eux rempli le questionnaire guidé [voir document annexe], la synthèse se fera en classe dans un cours dialogué pouvant aboutir à l’élaboration, collective ou individuelle, d’une carte heuristique qui rende visible, sous forme d’arborescence, la mise en relation des grandes problématiques des Lumières. Le questionnaire met en avant la signification de la métaphore des Lumières, la dimension européenne du mouvement, ses grandes thématiques et fait une place particulière à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Cette première synthèse s’achève avec la présentation du frontispice de l’Encyclopédie par Cochin sous forme d’un diaporama qui a deux finalités : présenter l’Allégorie des Lumières comme emblématique du mouvement et donner les grands éléments de méthodes de l’analyse d’un tableau et d’élaboration d’un diaporama. [voir document annexe]

  • Les Lumières en images :

Deux démarches sont possibles, selon le temps dont on dispose : soit on propose aux élèves selon les thématiques retenues un corpus de tableaux choisis au préalable [voir la proposition dans le document joint], soit on demande aux élèves de choisir leur propre thématique et de trouver leurs propres images. Le diaporama joint offre une sélection possible à proposer aux élèves.

Du texte à l’image, de l’image au texte :

Les élèves auront comme consignes :

  • de légender correctement leur image (auteur, date, dimension, technique choisie, lieu d’exposition, source)
  • de citer leurs sources, elles doivent mêler le plus possible documents papier et numériques
  • de proposer une analyse du tableau qui en révèle progressivement le sens en faisant un usage efficace de l’appareillage de l’image et des ressources du diaporama qui équilibre les images avec le commentaire
  • de mettre en lien le sens du tableau avec les enjeux du mouvement des Lumières
  • de mettre en perspective le tableau avec le texte de Montesquieu

Un document sur l’analyse de tableau servira de cadre à leur étude préalable. On s’attachera à rappeler aux élèves la nécessité de prendre des notes pour s’approprier intelligemment les commentaires d’autrui qu’ils devront citer.

Les séances où les élèves présenteront leur travail seront l’occasion d’un travail sur l’oral en vue de la préparation au bac, on pourra déterminer avec eux les compétences qui seront évaluées et qui correspondent aux attentes de l’examen.

3) Plus-value des Tice :

  • Les expositions virtuelles de la BnF sont d’une extrême richesse pour le professeur et offrent une iconographie et des analyses remarquables.
    MAIS il est nécessaire de faire un chemin aux élèves parmi toutes ces ressources, d’où l’idée d’un questionnaire semi-guidé qui n’exclut pas les moments de synthèse.
  • Les logiciels de diaporama et d’appareillage de l’image offrent des outils aisés à maîtriser pour des résultats assez satisfaisants avec les fonctions de base.
  • Le diaporama dédramatise la prise de parole en public.
  • Le recours aux TICE pour commenter une image offre une belle situation de la pédagogie du détour pour aborder ou reprendre et approfondir la méthode du commentaire.
    MAIS l’élève peut aussi se perdre dans une démonstration de virtuosité technique qui masque mal le vide du propos. Il faut veiller à bien définir les compétences attendues dans l’utilisation de ces outils.

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