Napoléon, de la réalité au Mythe

, par BERNOLLE Marie-Anne, Chargée de mission pour l’Inspection de Lettres

Cet article renvoie à des programmes qui ne sont plus d’actualité ; néanmoins, les ressources proposées conservent tout leur intérêt.

NAPOLEON

L’objectif est de faire apparaître comment les arts ont pu contribuer à l’élaboration d’une légende complexe et plurielle autour du personnage historique de Napoléon.
L’analyse s’appuie sur un diaporama :

Napoléon, entre légende dorée et légende noire

Ce diaporama est à votre entière disposition pour un usage pédagogique. Merci de citer les sources : Marie-Anne Bernolle, Page Lettres de Versailles.

La légende dorée

La légende officielle a été orchestrée par les peintres.
Napoléon, dès le début alors qu’il est encore Bonaparte, inaugure un culte de la personnalité coulé dans le moule héroïque. Il s’appuie pour ce faire sur l’authentique enthousiasme que des peintres comme David ou Gros ont pour lui.

Jacques-Louis David (1748-1825)

David s’est engagé politiquement tout au long de sa carrière : ardent républicain, il est nommé député de la Convention, et compte parmi les signataires de la décision d’exécution de Louis XVI. Il est ensuite un fervent de Napoléon et il est nommé par lui son premier peintre. Il partage alors son engouement avec la majorité des français. Son admiration va d’abord au Consul, et s’adressera ensuite à l’Empereur.

Bonaparte franchissant les Alpes au Grand Saint-Bernard 1801

Cela se lit clairement dans son Portrait équestre de Bonaparte commandé par Bonaparte lui-même.
Il est représenté au moment où il franchit le col du Grand-Saint-Bernard, sur un cheval cabré.

Interprétation :
 1er niveau : célébration de l’heureuse conclusion de la campagne d’Italie qui catapulte Bonaparte au pouvoir.
 2ème niveau :
Le cheval qui se cabre renvoie aux éléments iconographiques de l’Antiquité ; il évoque l’Antiquité et par suite le passé.
Sur la roche au pied de Bonaparte sont gravés les noms des grands meneurs d’hommes qui ont traversé les Alpes pour gagner l’Italie : Hannibal et Charlemagne. David légitime ainsi l’action de Napoléon en le faisant l’égal de Hannibal et Charlemagne.

Bonaparte est érigé en héros du fait de la dimension épique du tableau, que rend encore plus sensible le style atticisant de David présent dans la fermeté du trait et le brillant des couleurs.
L’attitude du cheval et du cavalier, l’atmosphère d’orage introduisent une note dramatique.

L’art à la fois classique et contemporain de David répond aux attentes du moment. Mais il n’est pas le chantre principal du culte napoléonien. Il a en effet une vision spartiate qui ne coïncide pas tout à fait avec l’exaltation de sa personne et de sa gloire que Napoléon attend des art visuels.

Le Sacre

La célébration de Napoléon atteint son sommet chez David avec Le Sacre qui constitue un étonnant témoignage sur la pompe et la magnificence de la cérémonie.

La peinture d’histoire au service de la propagande

Napoléon, ordonateur de sa propre légende

Bonaparte, puis Napoléon s’adresse à d’autres peintres d’histoire pour que son pouvoir soit magnifié de façon plus imaginative. Il met en oeuvre une véritable propagande.
Napoléon joue de l’impact de la peinture d’histoire sur le grand public. Il veut également se servir de l’apparat de la tradition pour renforcer son magnétisme personnel. La peinture va contribuer à donner au régime un air d’authenticité par le recours à l’antique. Les peintres ont pour mission la célébration publique de ses hauts faits.

La peinture d’histoire napoléonienne évolue donc vers des formes associées au Romantisme.

Antoine-Jean Gros (1771-1835)

 Le Général Bonaparte au pont d’Arcole
Gros évoque avec intensité l’action et la bravoure. On peut procéder à une comparaison avec le tableau de David Bonaparte franchissant les Alpes au Grand Saint-Bernard.

Gros est le spécialiste des scènes napoléoniennes ; on dénombre en effet cinq grandes toiles qui content les moments importants des guerres napoléoniennes : Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa 1804 – Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau 1808.

 Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa 1804 est un tableau intéressant. Bonaparte se rend auprès de ses soldats atteints par la peste lors de la campagne d’Egypte. Une grande place est accordée aux agonisants au premier plan ce qui permet de rendre la souffrance avec une grande intensité ; cela met par suite en valeur l’attitude héroïque de Bonaparte qui n’hésite pas à leur rendre visite.
Et le geste par lequel il touche les blessures d’un pestiféré convoque l’image du Christ guérisseur et participe à la construction d’un Napoléon-Sauveur..

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1860)

Ingres a passé 18 années en Italie et reste par suite marginal par rapport à la vie artistique en France. Néanmoins, il est auteur de deux grands portraits de Napoléon qui participent grandement à la propagande de l’image héroïque de Napoléon.
Il a fait quelques tableaux retentissants dont les deux portraits officiels présentés qui peuvent faire l’objet d’un atelier d’analyse picturale avec les élèves : Napoléon Bonaparte Consul et Napoléon Empereur des français.

La légende noire

Pour nourrir cette partie, nous avons à disposition un dossier extrêmement riche « L’ Anti-Napoléon » sur le Site officiel consacré à Napoléon.

Cf. La deuxième partie du diaporama.

Pour finir, notons que :
 les Musées nationaux de la Malmaison et de Bois-Préau ont mis en place un site extrême riche sur lequel il est fructueux et facile de faire travailler les élèves Napoléon.org
 la revue TDC propose en date du 15 Mai 2010 un nouveau dossier consacré aux « Arts sous l’Empire ».

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