Voyageurs mythiques en Méditerranée Séquence hybride en 2nde

, par KRAKOWIAK Stéphanie

OBJET D’ÉTUDE « Méditerranée : voyager, explorer, découvrir »
Séquence hybride pour une classe de seconde autour du thème du voyage menée conjointement en présentiel et en distanciel.
Pour optimiser le temps passé en présentiel, les évaluations se feront en distanciel.

Séance 1 : Aux confins de l’empire

En distanciel - Autour d’Hercule

À partir des travaux d’Hercule, les élèves élaborent un support original (carte mentale, photo interactive genially etc…) pour les présenter en précisant bien les lieux parcourus par Hercule.

  • Pour les situer, ils peuvent se rendre sur le site http://cartonumerique.blogspot.com/2019/03/le-voyage-d-ulysse.html où sont localisées les différentes étapes du voyage d’Ulysse.
    À partir du voyage d’Ulysse, les élèves pourront établir des correspondances avec celui d’Hercule sur lequel ils travaillent et situer les lieux parcourus par Hercule.

Pour le cours en distanciel, ils peuvent également préparer une petite synthèse orale de quelques minutes ce qui leur permet de s’initier en amont à l’épreuve du grand oral de Terminale. Cette préparation peut se faire en groupe.

En présentiel - Ora maritima

1- On consacre un petit temps à l’écoute d’une ou plusieurs synthèses.

2- Puis on travaille sur le texte de Rufus Festus Aestivus, Ora maritima, vers 80 à 90 :

Terrae patentis orbis effuse jacet,
Orbique rurus unda circumfunditur.
Des qua profundum semet insinuat salum
Oceano ab usque, ut gurges hic nostri maris
Longe explicetur, est Atlanticus sinus.
Hic Gadir urbis est, dicta Tartessus prius :
Hic sunt columnae pertinacis Herculis,
Abyla atque Calpe, haec laeva dicti caespitis,
Libyae propinqua est Abyla. Duro perstrepunt […].

  • Repérage des noms propres et localisation des lieux.
    C’est l’occasion de réinvestir les connaissances acquises des élèves lors de la préparation en distanciel.
  • Repérage et analyse des verbes conjugués.
  • Autour du mot unda propre à la poésie.
  • S’interroger sur la source de la Méditerranée en citant le texte en latin et en amenant les élèves à le restituer en français.
  • Définir les « colonnes d’Hercule » et rappeler que, pour les Anciens et Hérodote, il existait 3 continents : Europe, Lybie et Asie.
  • À partir de l’appellation de la mer Méditerranée maris nostri, consolidation de la 3ème déclinaison
En distanciel - Consolidations grammaticales

l’activité pourra s’articuler selon la dominante choisie autour de consolidations grammaticales :

  • exercices de manipulation et de transformation autour des temps des verbes ;
  • exercices de manipulation et de transformation autour des 3 premières déclinaisons …
En présentiel - Une vision plus scientifique

1- Reprise des exercices de consolidation grammaticale.

2- Activité autour d’une vision plus scientifique du monde méditerranée en travaillant sur le texte :
Strabon, Géographie, III,5,5

D’après cette tradition, les uns ont voulu voir les Colonnes d’Hercule dans les deux promontoires qui forment le détroit, d’autres ont reconnu sous ce nom l’île de Gadira elle-même ; d’autres les ont cherchées plus loin que Gadira au sein de la mer Extérieure. On a cru aussi que ce pouvait être le mont Calpé et l’Abilyx, montagne de la Libye qui fait face à Calpé et qu’Ératosthène place chez les Métagoniens, peuple numide, ou, sinon ces deux montagnes, au moins les deux petites îles qui les avoisinent et dont une est connue sous le nom d’île de Junon. Artémidore, lui, mentionne bien cette île de Junon, ainsi que le temple qu’elle renferme, mais il nie en même temps qu’il existe une autre île vis-à-vis, non plus qu’une montagne du nom d’Abilyx et une nation Métagonienne. D’autres auteurs, transportant ici les roches Planctae ou Symplégades, y ont vu les Colonnes, ou, comme dit Pindare, les Pyles Gadirides, dernier terme des courses d’Hercule. Enfin Dicéarque, Ératosthène, Polybe et la plupart des Grecs parlent de véritables colonnes placées soi-disant aux abords du détroit, ou mieux à Gadira, puisque Ibériens et Libyens soutiennent qu’il n’existe rien aux abords du détroit qui ressemble à des colonnes. Quelques-uns vont plus loin et reconnaissent expressément ces monuments dans les colonnes d’airain, hautes de huit coudées, qui ornent l’Heracleum de Gadira et sur lesquelles on a inscrit le détail des frais de construction du temple : ils se fondent sur ce que les marins, au terme de leur traversée, ne manquent jamais de venir saluer ces colonnes et de sacrifier en même temps à Hercule, et ils pensent qu’un pareil usage a bien pu donner lieu au bruit si répandu qu’ici se trouvait la limite extrême de la terre et des mers. Posidonius estime cette opinion la plus plausible de toutes ; quant à l’histoire de l’oracle et des trois expéditions successives envoyées par les Tyriens, il n’y voit qu’un de ces mensonges familiers aux Phéniciens.

  • Donner indications sur Strabon.
  • Montrer des photos des Colonnes d’Hercule
  • Analyser l’origine donnée par Strabon aux colonnes d’Hercule
  • À votre avis, pourquoi cette question des colonnes d’Hercule est-elle importante ?
  • D’une manière générale, pourquoi la question des frontières est-elle importante ?
  • Travail lexical autour des mots concepts : Geographica et limes
En distanciel - Confrontation entre les différents types de géographie

Supports
a) La conception poétique d’Homère : « catalogue des vaisseaux » in Iliade, chant II, v 484 à 780
b) La conception plus scientifique d’Anaximandre de Milet, d’Aristote et l’influence des conquêtes d’Alexandre le Grand, les romains s’appropriant le monde grec.

Propositions de ressources
> Sur Odysseum :
« Anaximandre, philosophe grec pré-socratique et astronome »
> Sur le site des expositions virtuelles de la BnF :
Les globes du Roi Soleil, « Naissance de la cartographie »
Al-Îdrîsi - La Méditerranée du XIIe siècle
« Le bassin méditerranéen »
> Sur Wikipedia :
« Alexandre-le-Grand »
Un article riche et documenté.

Pour le professeur
> Berdoulay Vincent, « Idées aristotéliciennes et effet-discours dans la géographie d’origine méditerranéenne », In Annales de Géographie, t. 97, n°542, 1988. pp. 404-418.
http://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1988_num_97_542_20688

Objectif
Cette séance menée à distance peut être l’objet de la préparation de petits exposés qui seront présentés à l’oral en présentiel dont un comparant la conception poétique et celle plus scientifique.

En présentiel - Géographie méditerranéenne, d’hier à aujourd’hui

1- Exposés.

2- Réflexion sur la géographie de nos jours.

En distanciel - Géographie méditerranéenne, d’hier à aujourd’hui - bilan

1- Quizz : https://www.quizz.biz/quizz-317464.html

2- Rédaction d’un petit essai autour de la conception de la géographie pour les anciens et pour nous.

Séance 2 - Énée

En présentiel - Consolidations grammaticales

À partir des premiers vers de l’Énéide de Virgile, consolidation de la conjugaison et des déclinaisons.
Virgile Énéide, Livre I, vers 1 à 11

Arma virumque cano, Trojae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Laviniaque venit
Litora, multum ille et terris jactatus et alto
Vi Superum saevae memorem Junonis ob iram.
Multa quoque et bello passus, dum conderet urbem
Inferetque deos Latio, genus unde Latinum
Albanique patres atque altae moenia Romae.
Musa, mihi causas memora, quo numine laeso
Quidve dolens regina deum tot volvere casus
Insignem pietate virum, tot adire labores
Impulerit. Tantaene animis caelestibus irae ?

Traduction de Anne Simon :
Ce sont les armes et l’homme que je chante, lui qui le premier, loin des bords de Troie, en fuite à cause de son destin, est venu en Italie et en Lavinium. Cet homme a été balloté de nombreuses fois sur les terres et sur les mers, à cause des dieux d’En haut, par la colère rancunière de la cruelle Junon. De nombreuses fois aussi il a enduré la guerre, jusqu’à ce qu’il construise une ville et transporte ses dieux dans le Latium, d’où proviennent la nation latine, les Albains, nos pères, et les remparts de la haute Rome. Muse, remémore-moi les causes, en raison de quel outrage à sa puissance ou pour quelle offense la reine de dieux a poussé un homme si remarquable pour sa piété à parcourir un tel cycle de malheurs, à aller au-devant de tant d’épreuves. Les colères des âmes célestes sont donc telles ?

  • Analyse des verbes latins, traduction et transposition à un autre temps.
  • Compléter un tableau contenant des noms de l’extrait en demandant aux élèves de retrouver les cas et traduire les mots latins.
  • Pour aller plus loin : révision des terminaisons passives et transformation à la voix passive des verbes conjugués à l’actif.
En distanciel - Consolidation des acquis de la séance en présentiel

1- Répondre aux questions suivantes :

  • Qui est, à votre avis, « l’homme » dont parle tant le début du poème ?
  • Où commence son périple et où s’achève-t-il ?
  • Quelle est sa mission ?
  • De quelle déesse subit-il la colère ?

2- Compléter le texte à trous suivant par le mot approprié :

Latium, héros, fuir, Rome, colère, armes, Italie.
Virgile ne nomme pas son ----------------------- dans les premiers vers ; il insiste sur le fait que c’est un homme fort et courageux, au sens étymologique : « virum » a donné « viril », et qu’il va s’illustrer par les -------------------- : « arma ». Il est le jouet du destin : les dieux d’En haut l’ont condamné à -------------- Troie pour trouver une terre d’accueil, y abriter les survivants et fonder une nouvelle ville. Son odyssée est le fruit de la ----------------------de Junon ; elle le mènera de Troie en ---------------------, plus précisément dans le ----------, région qui verra la naissance de ----------------------- au terme de nombreuses aventures périlleuses. Ce sont donc les aventures d’un homme dévoué, loyal à sa patrie, respectueux de la volonté des dieux ; autant de qualités que le latin résume par le mot « pietas : piété, dévouement », symbolisée par les trois « P » : pater, Penates, patria (parents, dieux domestiques, patrie). Deux vers de l’Iliade, déjà, lui prédisaient un destin exceptionnel. Au moment où Achille allait le tuer, Poséidon le sauve en déclarant : « La destinée veut qu’il échappe ; elle défend que la race de Dardanos s’éteigne et disparaisse. » [1].

3- Traduire les formes suivantes après les avoir analysées :

capiunt : audit :
amamur : monent :
legitur : auditis :
monitis : audiuntur :


Séance 3 - Voyageurs mythologiques

En distanciel - Jason et Énée

Comparer le voyage d’Énée et de Jason :
https://eduscol.education.fr/odysseum/episode-2-le-periple-des-argonautes

Répondre aux questions suivantes :

  • Où Jason envoya-t-il un messager ?
  • Pour quel motif ?
  • Combien seront-ils au total ?
  • Dans quelle ville se trouve le point de départ du périple ?
  • Citez le nom de plusieurs compagnons célèbres par leurs exploits ?
  • Pourquoi employons-nous encore de nos jour l’expression « avoir un œil de lynx » ?
  • Pourquoi Atalante se démarque-t-elle des autres compagnons ?
  • Que pensez-vous de cet équipage ?
  • Lire la suite de l’histoire.
En présentiel - Jason et Énée (Suite)

1- Étude comparée des cartes des périples de Jason et d’Énée. C’est l’occasion de réinvestir les connaissances acquises lors de la séance 1.

2- Focus sur Énée.
Voici un jeu vidéo consacré à Énée.
https://www.youtube.com/watch?v=EQPVM4JGKh4

  • Visionner le jeu en classe.
  • Présenter sous forme de carte mentale les informations données par cette présentation.
En distanciel - Et Ulysse ?

Lire l’histoire d’Ulysse et réaliser un diaporama « à la manière de » en s’inspirant de la présentation du jeu (cf. ci-dessus).

Consignes : au brouillon, en s’aidant de celle d’Énée, faire une carte mentale qui servira à présenter le jeu vidéo sur le voyage de retour à Ithaque d’Ulysse.

Séance 4 - Bienvenue à toi, ô étranger !

En présentiel - Rituel de l’accueil

Définir le rituel de l’accueil à partir de deux textes distribués aux élèves.

TEXTE 1 : Homère Odyssée, (XIV, v.45-49), VIIIème s. av.J.C.

Ulysse de retour de la guerre de Troie, au terme de multiples aventures, arrive à Ithaque déguisé par Athéna en vieux mendiant. Il est accueilli par le porcher Eumée.

« Mais suis-moi, viens dans ma cabane, ô vénérable vieillard, viens te rassasier de pain et de vin ; puis tu me diras qui tu es et quels sont les maux que tu as soufferts. » En achevant ces paroles, le pasteur conduit Ulysse dans sa demeure ; lorsqu’ils y sont entrés il répand des branches épaisses qu’il couvre de la peau velue d’une chèvre sauvage, et prépare une couche vaste et commode. Ulysse, joyeux de cet accueil, adresse ces paroles au pasteur : « O mon hôte, que Jupiter et tous les autres dieux te donnent ce que tu désires, puisque tu m’accueilles avec tant de bienveillance ! » Toi, pasteur Eumée, tu lui répondis en ces termes : « Non, il ne m’est point permis de mépriser un voyageur, quand il serait encore plus misérable que toi ; car les étrangers et les pauvres nous sont envoyés par Jupiter. »




TEXTE 2 : Apulée L’Âne d’or, (IX,33, 1-3), IIème siècle

Au cours d’un voyage en Thessalie, région du nord de la Grèce, le narrateur, transformé en âne et acheté par un jardinier pauvre, raconte son existence auprès de ce nouveau maître.

Il nous arriva un soir, par un ciel sans lune, un propriétaire d’un village des environs, qui avait perdu son chemin dans l’obscurité, et qu’une forte averse avait trempé jusqu’aux os. Il fut cordialement accueilli, et trouva chez nous, sinon bon gîte, au moins un repos dont il avait grand besoin. Aussi promit-il à son bon hôte, en témoignage de sa gratitude, du blé et de l’huile de sa récolte, et, de plus, deux barils de son vin. Nec moratus meus sacculo et utribus vacuis secum adportatis nudae spinae meae residens ad sexagesimum stadium profectionem comparat. Eo jam confecto viae spatio pervenimus ad praedictos agros ibique statim meum dominum comis hospes opipari prandio participat.

  • D’après ces deux textes, montrer en quoi consiste le rituel de l’accueil.
  • Relever dans le texte de l’Odyssée ce qui en souligne le caractère sacré puis proposer une définition de l’hôte.
  • Analyser les points communs entre la situation des personnages accueillis dans les deux textes.
  • Comparer l’état d’esprit du maître de l’âne et celui d’Ulysse.
  • Traduire comis hospes et énoncer les mots dérivés en français.
  • Compléter la traduction en s’appuyant sur le vocabulaire donné :
Nec moratus meus sacculo et utribus vacuis secum adportatis nudae spinae meae residens ad sexagesimum stadium profectionem comparat. Eo jam confecto viae spatio pervenimus ad praedictos agros ibique statim meum dominum comis hospes opipari prandio participat.

Mon maître n’eut rien de plus pressé que de se munir d’un…………………. et d’………………………………….. Il monte à cru sur mon dos, et nous voilà tous deux en route. Nous franchissons la distance, qui était de soixante …………………………, et nous arrivons chez l’homme en question, qui reçoit au mieux mon maître, et l’invite à prendre sa part d’un excellent dîner.

Vocabulaire :
Sacculus-i (m) = petit sac / utris-is (m) = outre / vacuus-a-um = vide / stadium, ii (n) = stade (unité de mesure valant 185m)

En distanciel - Initiation au portfolio

On propose aux élèves un travail de réflexion et d’écriture qu’il doivent déposer dans leur portfolio sur l’ENT.

Support

Ovide, Métamorphoses, VIII, v. 628-679, traduction de Villenave (1806)

Jupiter et Mercure, sous l’apparence de simples mortels, visitent la Phrygie (Asie Mineure).

Jupiter, sous les traits d’un mortel, et le dieu du caducée qui avait quitté ses ailes, voulurent un jour visiter ces lieux. Ils frappent à mille portes, demandant partout l’hospitalité ; et partout l’hospitalité leur est refusée. Une seule maison leur offre un asile. C’était une cabane, humble assemblage de chaume et de roseaux. Là, Philémon et la pieuse Baucis, unis par un chaste hymen, ont vu s’écouler leurs beaux jours ; là, ils ont vieilli ensemble, supportant la pauvreté, et par leurs tendres soins la rendant plus douce et plus légère. Il ne faut chercher dans cette cabane, ni serviteurs, ni maîtres : les deux époux commandent, obéissent, et seuls composent leur ménage champêtre. « Les dieux, en courbant la tête sous la porte, sont à peine entrés dans la cabane, le vieillard les invite à s’asseoir sur un banc rustique que Baucis s’empresse de couvrir d’une étoffe grossière. Sa main écarte ensuite les cendres tièdes du foyer ; elle ranime les charbons qu’elle a couverts la veille ; elle nourrit le feu d’écorces, de feuillages ; d’un souffle pénible excite la flamme, rassemble des éclats de chêne, détache du toit d’arides rameaux, les rompt, les arrange sous un vase d’airain, et prépare les légumes que son époux a cueillis dans son petit jardin. En même temps Philémon saisit une fourche à deux dents, enlève le vieux lard qui pend au plancher enfumé, en coupe une parcelle, et la plonge dans le vase bouillant. »Cependant ils amusent leurs hôtes par différents discours, cherchant à tromper l’ennui du temps qui s’écoule pendant ces longs apprêts. Un bassin de hêtre était suspendu par son anse à un vieux poteau. Philémon le remplit d’une eau tiède, et lave les pieds des deux voyageurs. Au milieu de la cabane est un lit aux pieds de saule, couvert d’une natte de jonc. Les deux époux étendent sur ce meuble antique un tapis qui ne sert qu’aux jours de fête ; il est tout usé, grossièrement tissu, digne ornement de ce lit champêtre. « Les dieux daignent s’y placer. Baucis, la robe retroussée, dresse d’une main tremblante la table qui chancelle sur trois pieds inégaux ; des débris d’un vase elle étaie sa pente ; elle l’essuie, la frotte de menthe, et sert ensuite, dans des vases d’argile, des olives, des cormes confites dans du vin mousseux, des laitues, des racines, du lait caillé, des œufs cuits sous la cendre. Elle apporte un grand vase de terre et des tasses de hêtre, qu’une cire jaune a polies. »Bientôt après arrive le potage bouillant, et avec lui le vin du dernier automne. À ce premier service succède le second. Il est composé de noix, de figues sèches, de dattes ridées. On voit dans des corbeilles la prune, et la pomme vermeille, et le raisin nouvellement cueilli ; enfin un rayon d’un miel savoureux couronne le banquet. Les dieux sont surtout satisfaits de l’accueil simple et vrai qu’ils reçoivent. Les deux époux sont pauvres, mais leur cœur ne l’est pas. Cependant, ils s’aperçoivent que plus le vin remplit la coupe, moins le vase qui le contient paraît se vider. Étonnés de ce prodige, saisis d’effroi, le timide Philémon et Baucis, joignant leurs mains suppliantes, les tendent à leurs hôtes, et les prient d’excuser leur repas champêtre et ses modiques apprêts.

Questions

  • Comment Ovide définit-il l’hospitalité dans ce texte ?
  • Comment fait-il de l’hospitalité une vertu ?
  • Comparez ce texte avec la fable de La Fontaine « Philémon et Baucis » » :
    > recenser les points communs par rapport au texte ;
    > résumer la suite de l’histoire en vous aidant de la fable.
En présentiel - Synthèse collective

Présentation de l’exercice du portfolio et de ses attendus et mise en commun du travail mené en distanciel par les élèves.

En distanciel - Évaluation

Cette évaluation prendra la forme d’un petit travail d’écriture à partir de ce tableau.

Atelier Rubens, Jupiter et Mercure chez Philémon et Baucis, vers 1625
Vienne, Kunsthistorisches Museum
Source

Questions

  • Identifiez les personnages du tableau ? À quoi les reconnaissez-vous ?
  • Quels éléments de la légende le peintre a-t-il choisi d’illustrer ?
  • Imaginez, en vous appuyant sur les textes d’Ovide et de La Fontaine, la conversation entre les personnages.
    (Votre texte sera un dialogue en français d’une vingtaine de lignes.)

Séance 5 - L’expérience de l’exil

En présentiel - Qu’est-ce que l’exil ?

Les raisons de partir et la définition de l’exil à partir de deux extraits de Cicéron.

TEXTE 1 - Cicéron, Lettres à Atticus (III,1), Ier siècle a.C.

En mars 58av. J.C., Clodius, l’ennemi politique de Cicéron, fait promulguer une loi le condamnant à l’exil. Cicéron demande alors à son ami Atticus de lui prêter secours.

Auparavant déjà je pensais qu’il était dans mon intérêt de t’avoir avec moi, mais aujourd’hui, quand j’ai lu la proposition de loi, j’ai compris, à propos du voyage que j’ai décidé, qu’il ne peut m’arriver rien de plus souhaitable que tu me suives le plus rapidement possible ; que, après avoir quitté l’Italie, si le voyage doit se faire par l’Epire, j’aurai besoin de ta protection et de celle de tes amis.

Questions
1- À votre avis, dans quelle région se trouve l’Épire ?
2- Quelle est la nature de l’exil de Cicéron ? Entourez dans le texte les mots justifiant votre réponse.
3- Comment voyez-vous que Cicéron compte sur les lois de l’hospitalité ?

TEXTE 2 - Cicéron, Pour Cécina (100), Ier siècle a.C.

Exilium enim non supplicium est , sed perfugium portusque supplici. Nam quia volunt poenam aliquam subterfugere aut calamitatem, eo solum vertunt, hoc est sedem ac locum mutant.

Questions

  • Faire l’analyse syntaxique du texte pour entraîner les élèves à la traduction.
Complétez la traduction :
Car …………………………………… n’est pas un …………………………….mais le …………………….. et le ………………… du suppliant. En effet, parce qu’ils ……………………… fuir un …………………………… ou un fléau, là seulement ils changent c’est -à-dire qu’ils changent de résidence et de ……………….

Vocabulaire :
perfugium-ii (n) = le refuge / poena-ae (f) = le châtiment

  • La définition proposée par Cicéron est-elle conforme à la situation décrite dans sa lettre ? Justifiez.
  • Selon vous, la définition a-t-elle écrite avant ou après la lettre ? Pourquoi ?
  • L’exil vécu par Du Bellay est-il de même nature que celui de Cicéron ? Expliquez.

Joachim du Bellay, Poemata, « Desiderium patriae » (VII, v 11 à18 ), 1556

Quid namque exilium est aliud quam sidera nota,
Quam patriam et proprios deseruisse lares ?
Annua ter rapidi circum acta est orbita Solis,
Ex quo tam longas cogor inire vias,
Ignotisque procul peregrinus degere tectis,
Et Lyrii tantum vix meminisse mei.

Traduction : Qu’est-ce d’autre l’exil que la perte des étoiles familières, de sa patrie et des Lares ? Trois années se sont écoulées autour de l’orbite du rapide Soleil, pendant lesquelles je m’efforce de parcourir de si lointains chemins, de passer ma vie sous des toits inconnus, étranger loin des miens, et me souviens à peine de mon Liré.

En distanciel - Essai

Consigne
En vous inspirant de tout ce qui a été fait au cours de cette séquence (voyages d’Ulysse, Jason, hospitalité et exil), dans un récit libre, proposez votre vision de la Méditerranée de l’Antiquité à nos jours.
Votre réflexion comportera une vingtaine de lignes.

Supports
Vous vous appuierez sur :

  • les différents textes et documents de la séquence ;
  • la bande annonce du film Fuocoammare, par-delà Lampedusa, Gianfranco Rosi France, Italie, 2015.
    https: //www.youtube.com/watch ?v=nOUZLOG1DbY
  • Cet extrait de Mur Méditerranée

Dans ce roman, Dima, issue de la bourgeoisie syrienne, est arrivée avec son mari Hakim et ses deux filles à Sabratha, sur la côte libyenne, pour s’exiler en Europe.

Pour l’heure, tout ce dont elle était sûre, c’est que le bateau les amènerait à Lampedusa. Ce grain de sable abandonné, trois cents kilomètres plus loin, au milieu de la Méditerranée, c’est déjà l’Italie, paraît-il. Dima avait regardé sur Google Maps, l’île se situait à hauteur de la Tunisie, plus au sud que bien des villes d’Afrique du Nord. À en croire leur contact, la traversée ne dépasserait pas la nuit et une partie de la matinée suivante. Peut-être moins si les prévisions maritimes tenaient leurs promesses. En un mois, elle avait appris à se méfier de ce zèbre. Espérons que la Méditerranée soit plus fiable. Elle n’avait jamais pris de bateau de sa vie, elle qui était née loin de la mer. Hakim lui avait promis une semaine de villégiature au bord des plages de sable doré de Lattaquié, avec croisière-dîner tous les soirs, pour leurs dix ans de mariage. Mais la guerre s’était invitée à Alep trois mois plus tôt, et ils eurent d’autres priorités, dont l’apprentissage difficile de la survie au quotidien. Jusqu’à la décision de partir se réfugier chez son frère, à Damas, et à celle, inimaginable il y a peu encore, de rejoindre l’Europe par des voies clandestines... Elle avait gambergé des nuits entières. À tout hasard, elle avait glissé des cachets contre le mal de mer dans son sac à main. Elle ne savait pas comment son estomac ni celui des filles réagiraient. Puis le jour était arrivé, qui s’étira à n’en plus pouvoir. Chaque heure paraissait une semaine. Avant le coup de fil tant attendu qui leur demanda de descendre, sans oublier de solder les comptes à l’accueil : des bus les attendaient devant l’hôtel. […]
Dima était sans doute la plus chanceuse des trois. La situation en Syrie et la présence de ses deux enfants lui assuraient presque d’obtenir le statut de réfugiée de guerre. […] Mais Dima rêvait d’Angleterre pour ses filles. Au pire, d’un pays du nord de l’Europe, malgré le froid qu’on disait rude là-bas. Elles y auraient un meilleur avenir. Ces sociétés étaient, paraît-il, plus tolérantes envers les musulmans. En tout cas, c’était déjà bien qu’Allah – béni soit son nom – leur ait permis d’arriver à destination ; qu’ils puissent bénéficier du statut de réfugiés, comme le lui avait fait miroiter leur référent. L’homme lui avait également certifié, durant l’entretien, que la Caritas facilitait l’installation des familles comme la sienne dans des hôtels réaménagés en centres d’accueil. Elle aviserait à ce moment -là, à tête reposée, quand ils auraient récupéré un peu d’intimité.
Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée, Sabine Wespiesser Éditeur, 2019.

Notes

[1Iliade, Livre XX, vers 307-308

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